ÉCONOMIE

Toulouse: des meubles design issus de déchets du BTP pour une économie circulaire

avril 4, 2023 11:08, Last Updated: avril 4, 2023 14:21
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Au milieu de tiges de fer, structures en métal et panneaux d’aluminium sauvés de la déchèterie, Thomas Combes soude une étagère au style épuré qui se démarque par sa conception : il est entièrement fabriqué à partir de déchets issus du secteur du BTP.

« C’est un milieu qui génère énormément de déchets avant, pendant et après la construction de bâtiments », explique à l’AFP l’architecte-designer de 33 ans, qui façonne ce meuble, signé Maison Tournesol, dans son atelier de Colomiers (sud-ouest). « Cinquante millions de tonnes par an », précise son associé du même âge, François Bois, avant d’ajouter que de là est née l’idée de Tournesol. « On s’est dit, on va faire du réemploi et de l’économie circulaire, et ça va être notre cheval de bataille. »

« Nouveau cycle » de vie

En 2019, avec deux autres jeunes architectes sensibilisés à l’enjeu environnemental, Thomas Combes et François Bois fondent l’entreprise, qui conçoit et fabrique du mobilier d’intérieur à partir de matériaux du BTP qui autrement finiraient à la déchèterie. « Chaque année, ce sont deux tonnes de déchets et six tonnes de CO2 qui sont évitées », souligne François Bois, précisant que « le meuble qu’est en train de construire Thomas nécessite environ 25 kilos » de matériaux recyclés. Les matières premières sont récupérées auprès d’industriels « juste avant qu’elles ne deviennent des déchets (…) pour les faire repartir sur un nouveau cycle » de vie, explique-t-il. « C’est ça l’économie circulaire ».

(LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images)

Ce modèle économique « est entré dans l’évolution des mœurs », affirme Léa Querrien, cheffe de projets-innovation chez Valdelia, une société qui organise la collecte et le recyclage des déchets d’ameublement. L’experte souligne qu’« il y a énormément d’initiatives (intégrant l’économie circulaire) qui émergent en France », notamment « entre le monde du mobilier et le monde du bâtiment ». Elle précise que « la réglementation a joué pour beaucoup » dans cet essor.

Depuis mars 2021, la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) en France « oblige à ce qu’entre 20% et 40% des fournitures achetées par les services publics soient issues du réemploi, de la réutilisation ou comportent des matières recyclées », explique-t-elle. Ce marché est l’un des principaux clients de Maison Tournesol, qui en compte aujourd’hui une centaine, dont également des industriels qui « veulent du mobilier écologique et durable pour répondre à leur politique RSE », déclare François Bois. Cette politique de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) exige depuis 2011 que les entreprises « mettent en œuvre des pratiques concrètes de développement durable afin d’améliorer leur impact sur la société ou sur l’environnement », rappelle-t-il.

« Innovateur sur le design et les matériaux »

STM, qui conçoit, fabrique et pose des enseignes, est ainsi l’un des partenaires de Maison Tournesol pour s’« inscrire dans une démarche globale de RSE », précise Vincent Prieur, technico-commercial de cette entreprise de la banlieue de Toulouse. Les quatre designers-architectes s’y approvisionnent en plateaux d’aluminium composite qui « présentent des défauts et ne peuvent être utilisés » par l’entreprise, ajoute-t-il. Il se réjouit que ces panneaux, non-recyclables et donc généralement enfouis dans des décharges, « puissent être récupérés, pour faire du mobilier ».

(LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images)

En réutilisant l’aluminium composite, Maison Tournesol se démarque des autres initiatives de recyclage, selon Léa Querrien qui salue ces architectes-designers pour leur côté « innovateur sur le design et les matériaux » utilisés. Épurée et facile à monter, mêlant métal et bois, jaune, blanc et noir, la première gamme de meubles « Zéro » – pour zéro carbone, zéro déchets et zéro effort – a été lancée en 2022.

Forte du succès obtenu, Maison Tournesol lance sa deuxième collection, baptisée « Mono » car unicolore, à l’occasion du salon Workspace à Paris en avril.

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