Des analystes expliquent ce qui se cache derrière l’affrontement à la frontière entre l’Inde et la Chine

Par Nicole Hao
18 juin 2020 22:39 Mis à jour: 18 juin 2020 22:39

Les tensions frontalières entre la Chine et l’Inde se sont récemment intensifiées, entraînant des affrontements qui ont fait des victimes des deux côtés.

La région du Ladakh, dans l’Himalaya, est contestée par les deux pays depuis 1962.

Au 17 juin, les autorités indiennes ont confirmé qu’au moins 20 soldats indiens étaient morts lors d’affrontements dans la vallée de Galwan. La partie chinoise a admis qu’il y avait des victimes, mais a refusé de communiquer le nombre de victimes.

Des affrontements violents ont commencé en mai, et les deux pays se sont mis d’accord début juin pour résoudre pacifiquement le conflit.

Mais des combats ont éclaté dans la nuit du 15 juin, et le 16 juin, l’Armée populaire de libération de la Chine (APL) a lancé un exercice militaire de tir à balles réelles dans la région, selon une annonce de l’APL.

Premiers décès en 45 ans

Parmi les victimes indiennes, on compte un colonel. La partie indienne a affirmé que l’affrontement avait été déclenché par les troupes chinoises qui ont construit un poste temporaire du côté indien. Pendant ce temps, le régime chinois a affirmé que les forces indiennes avaient franchi la ligne de contrôle réelle (LAC) – une ligne mal délimitée qui sépare les deux camps – pour provoquer et attaquer l’armée chinoise.

Les deux camps se sont affrontés avec des pierres et des massues. Les officiels indiens ont déclaré que les soldats chinois utilisaient des massues cloutées, ce qui augmentait la létalité.

Des convois de l’armée indienne se dirigent vers Leh, à la frontière chinoise, à Gagangir, en Inde, le 17 juin 2020. (TAUSEEF MUSTAFA/AFP via Getty Images)

La Chine et l’Inde partagent une frontière de plus de 3 400 km de long et ont un certain nombre de revendications territoriales qui se chevauchent.

L’Inde et la Chine sont entrées en guerre en 1962 à cause d’un conflit frontalier, qui s’est terminé par un accord de cessez-le-feu. La Chine a conservé le contrôle d’une grande partie de la plaine d’Aksai Chin. Les armées des deux pays se sont affrontées à la frontière, mais insistent sur le fait qu’aucune balle n’a été tirée au cours des quatre dernières décennies.

C’est le premier affrontement mortel entre les deux nations les plus peuplées du monde depuis environ 45 ans ; le dernier a eu lieu le 20 octobre 1975, lorsque quatre soldats indiens ont été pris en embuscade et tués par des soldats chinois alors qu’ils patrouillaient à Tulung La, dans l’État d’Arunachal Pradesh.

Au début de cette année, l’Inde a construit une route pour relier une base aérienne avancée de haute altitude, ce qui a provoqué la colère de Pékin. Au début du mois de mai, les médias indiens ont rapporté que les forces chinoises avaient monté des tentes, creusé des tranchées et déplacé des équipements lourds sur le territoire revendiqué par l’Inde.

Peu après, les deux voisins dotés d’armes nucléaires ont eu des affrontements dans au moins trois endroits de la région du Ladakh : la vallée de Galwan, des sources thermales et le lac Pangong.

Des véhicules de l’armée indienne circulent sur une route près du col de haute montagne de Chang La, dans la région du Ladakh au nord de l’Inde, dans l’État de Jammu et Cachemire, près de la frontière avec la Chine, le 17 juin 2020. (STR/AFP via Getty Images)

Analyse

Jeff Smith, chercheur au sein du groupe de réflexion américain The Heritage Foundation, a déclaré que le conflit alimentera probablement le sentiment anti-chinois en Inde. « Pour les Indiens, il est peu probable que cela soit écarté ou facilement oublié. Les sentiments anti-chinois étaient déjà très forts à Delhi avant l’explosion de violence », a-t-il déclaré dans un courriel adressé à Epoch Times le 17 juin.

M. Smith a déclaré que le régime chinois a déployé des « tactiques coercitives » dans ses conflits territoriaux en mer de Chine orientale, en mer de Chine méridionale et à la frontière avec l’Inde. « La frontière entre la Chine et l’Inde était autrefois considérée comme l’un des fronts les plus stables. Il est peut-être temps de revoir cette façon de penser. »

Par ailleurs, James Carafano, vice-président de l’Institut Kathryn et Shelby Cullom Davis pour la sécurité nationale et la politique étrangère, a spéculé que le régime chinois pourrait avoir intensifié le conflit parce qu’il « craint de paraître faible ».

« Ou peut-être que Pékin est confronté à plus de pression interne que nous le pensions. Après tout, l’économie chinoise a subi une chute massive de 6 % de sa production, la première statistique économique négative depuis plus de 15 ans », a-t-il écrit dans un article d’opinion publié sur Fox News le 17 juin.

Des soldats de la Force de sécurité des frontières indiennes (BSF) gardent une autoroute menant à Leh, à la frontière chinoise, à Gagangir, en Inde, le 17 juin 2020. (TAUSEEF MUSTAFA/AFP via Getty Images)

Nombre de morts chinois ?

Le régime chinois n’a rien dit sur les récents affrontements.

Lors d’une conférence de presse tenue le 17 juin, Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré : « Je n’ai pas besoin de vous communiquer d’informations puisque les deux armées traitent les problèmes en détail sur place. »

Zhao Lijian a ensuite lu une déclaration du Commandement du théâtre occidental de l’APL, dont la juridiction couvre les régions proches de la frontière indienne. « La souveraineté de la vallée de Galwan a toujours appartenu à la Chine », a affirmé l’APL.

Le 16 juin, Hu Xijin, rédacteur en chef du Global Times, un journal d’État chinois, a déclaré sur Twitter : « D’après ce que je sais, la partie chinoise a également subi des pertes dans l’affrontement physique de la vallée de Galwan. »

Hu Xijin a affirmé que le régime chinois n’a pas publié le nombre de victimes parce que « la partie chinoise ne veut pas que les gens des deux pays comparent le nombre de victimes afin d’éviter d’attiser l’humeur du public [sic] ».

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