Un ancien titulaire d’une chaire de chimie à Harvard admet avoir perçu des dizaines de milliers de dollars de la part de la Chine

Par Eva Fu
20 décembre 2021 15:44 Mis à jour: 20 décembre 2021 15:44

L’ancien président du département de chimie de l’Université de Harvard, accusé d’avoir dissimulé ses liens avec la Chine, a admis avoir reçu plusieurs dizaines de milliers de dollars de la part de la République populaire, comme le montre une vidéo présentée au tribunal fédéral le 17 décembre.

La vidéo, tournée lors d’un interrogatoire du nanoscientifique Charles Lieber par les enquêteurs fédéraux, a été diffusée aux jurés au quatrième jour du procès concernant ses déclarations présumées fausses sur des financements chinois.

Le professeur de Harvard, âgé de 62 ans, avait maintenu qu’il n’avait jamais reçu aucun paiement d’aucune université chinoise, à l’exception d’une compensation pour ses frais de voyage. Mais il a rapidement modifié ses déclarations une fois que les agents du FBI Robert Plumb et Kara Spice lui ont présenté des copies de preuves. Parmi celles-ci se trouvait un contrat bilingue qu’il avait signé avec l’Université de technologie de Wuhan (WUT) en 2011.

Selon les médias locaux, le jour de son arrestation, il y a près de 2 ans, lors d’un interrogatoire de 3 heures, le Pr Lieber aurait déclaré : « C’est assez accablant. »

En ajoutant ensuite : « Maintenant que vous l’évoquez, oui, je m’en souviens. »

Le contrat, d’une durée de 5 ans, désignait le Pr Lieber comme un « scientifique stratégique » de l’école chinoise. Grâce à ce statut, il a perçu 50 000 $ par mois et environ 158 000 $ de frais de subsistance. On y mentionnait également sa participation future au « programme 1 000 talents », une initiative du Parti communiste chinois (PCC) visant à attirer en Chine les meilleurs scientifiques et spécialistes de par le monde.

Plus tard au cours de l’entretien, les agents du FBI ont montré au Pr Lieber un courriel rédigé par lui pour demander à l’université de Wuhan de lui verser la moitié de son salaire en espèces et l’autre moitié sur un compte bancaire chinois.

« Je n’arrive même pas à croire que j’ai fait ça », a répondu le Pr Lieber, selon les médias locaux. « C’est mon erreur, et manifestement j’ai fait une erreur. »

Charles Lieber (à gauche) et son avocat, Marc Mukasey, sortent du tribunal américain John Joseph Moakley à Boston, le 17 décembre 2021. (Learner Liu/Epoch Times)

Le Pr Lieber a déclaré qu’en tout, autour de 2012, il n’avait probablement pas effectué plus de six voyages en Chine. Il avait été payé entre 10 000 $ et 20 000 $ à chaque fois. Il avait dépensé l’argent – un total qu’il a estimé entre 50 000 $ et 100 000 $ – en provisions et frais de subsistance (tels que des travaux ménagers).

Les paiements étaient effectués en billets de 100 $ que le Pr Lieber ramenait dans ses bagages, selon ses aveux. En aucun cas, il ne les déclarait à la douane, ni ne payait d’impôts sur cet argent.

« Si je l’ai ramené, je ne l’ai pas déclaré, et c’est illégal », a-t-il dit aux agents du FBI.

Dans l’enregistrement, le Pr Lieber a répété à plusieurs reprises qu’il ne se souvenait pas du montant exact de l’argent qu’il avait reçu de la part de l’université de Wuhan, mettant ces trous de mémoire sur le compte de sa « mémoire sélective », selon les médias locaux.

En 2014, le compte bancaire chinois, en son nom, présentait un solde équivalent à 200 000 $. Le scientifique a déclaré n’avoir jamais utilisé ce compte, en partie à cause de la détérioration de sa santé et d’un récent diagnostic de cancer.

« Très malhonnête »

Depuis 2008, le Lieber Research Group de l’université de Harvard, dirigé par le Pr Lieber, a reçu plus de 15 millions de dollars de financement de la part des National Institutes of Health (NIH) et du ministère de la Défense.

Le Pr Lieber était un participant contractuel du programme 1 000 talents entre 2012 et 2017 au moins, selon un document judiciaire. Si l’affiliation à ce programme de recrutement chinois n’est pas illégale en soi, elle peut constituer un conflit d’intérêts à l’étranger si les chercheurs omettent de la divulguer avant de recevoir des subventions fédérales.

Le Pr Lieber a déclaré qu’il semblait avoir été « très malhonnête » lorsque le ministère de la Défense l’avait interrogé sur ce point en 2018.

« Je n’étais pas complètement transparent, loin s’en faut. »

Le Pr Lieber a déclaré que ce qui l’avait motivé à entrer dans le programme 1 000 talents n’était pas l’argent, mais le désir d’être reconnu. À l’époque, il était « plus jeune et stupide », a-t-il admis.

« Je ne suis pas vraiment dans la compétition, mais si j’amène d’autres personnes à poursuivre un aspect basé sur les recherches que j’ai effectuées, il y a des retombées positives », a-t-il déclaré, selon les médias locaux. « Tous les scientifiques veulent un prix Nobel. »

Le professeur de Harvard a ensuite cherché à prendre des distances dans sa collaboration avec Wuhan, notamment en annulant un voyage à l’université en juin 2015.

Dans un courriel de 2018 adressé à un confrère, deux jours après avoir été interrogé par le ministère de la Défense, le Pr Lieber s’est dit préoccupé par une page Web chinoise qui le mentionnait comme dirigeant le laboratoire de recherche de Wuhan.

« J’ai perdu beaucoup de sommeil à m’inquiéter de toutes ces choses la nuit dernière et je veux commencer à prendre des mesures pour rectifier la situation le plus tôt possible », écrivait -il écrit dans le courriel, présenté au tribunal le 17 décembre. « Je ferai attention à ce dont je discute avec l’Université de Harvard, et rien de tout cela ne sera partagé avec les enquêteurs du gouvernement pour le moment. »

Cependant, lors de l’interrogatoire, le Pr Lieber a insisté sur le fait qu’il n’avait rien fait de mal, sauf qu’il « n’aurait pas dû avoir un accord et accepter de l’argent ».

« Vous avez raison, c’était mal », a-t-il toutefois admis lorsque les agents du FBI lui ont demandé pourquoi il avait décidé de dissimuler l’information à Harvard et aux autorités américaines. « J’avais peur d’être arrêté, comme c’est le cas maintenant. »

Le Pr Lieber fait face à six chefs d’accusation fédéraux, dont le fait d’avoir menti aux autorités fédérales, d’avoir rempli de fausses déclarations de revenus et d’avoir omis de déclarer ses comptes bancaires et financements étrangers. Il plaide non coupable pour les six chefs d’accusation.


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