ARTS & CULTURE

Anciennes histoires chinoises : ce qui compte est à l’intérieur

juillet 5, 2020 23:38, Last Updated: mars 19, 2021 6:45
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Chaque pensée révèle ses véritables couleurs

Pendant la dynastie Ming, Yu Liangchen et ses pairs ont établi une communauté dont les membres faisaient de bonnes actions et où il était interdit de tuer, de se rendre chez des prostituées, jurer et parler dans le dos des autres.

Yu dirigea cette communauté pendant de nombreuses années, mais il rencontra une succession de malheurs.

Il passa sept fois les examens impériaux mais n’a jamais réussi.

Sa femme et lui eurent neuf enfants —cinq garçons et quatre filles—mais quatre de leurs garçons et trois de leurs filles décédèrent tôt. Le garçon survivant, très intelligent, présentait deux tâches de naissance sur la plante du pied gauche. Le couple l’aimait beaucoup. Malheureusement, à l’âge de 6 ans, il disparut alors qu’il jouait dehors.

La femme de Yu pleura la perte de ses enfants et finit par devenir aveugle.

En plus, la famille vivait à ce moment-là dans la pauvreté.

Yu se demanda pourquoi il subissait un sort aussi horrible alors qu’il n’avait jamais commis de méfait.

Un visiteur inattendu

Un soir, alors que Yu se trouvait dans sa 47ème année, il entendit frapper à la porte. Un vieil homme était à l’extérieur. Après que Yu l’ait invité à entrer, le vieillard expliqua qu’il était venu lui rendre visite parce qu’il savait que la famille de Yu se sentait mal.

Yu remarqua que la façon de parler de cet homme n’était pas celle d’un mortel ordinaire et il le traita avec un profond respect. Il déclara à son invité qu’il avait étudié dur et fait de bonnes actions toute sa vie mais qu’il avait quand même une vie horrible.

“Je connais ta famille depuis longtemps,” a dit l’invité. “Tu as trop de mauvaises pensées, tu te plains, tu recherches la gloire et tu as déshonoré l’empereur de Jade. J’ai bien peur que d’autres châtiments t’attendent.”

Yu demanda, abasourdi : “Je sais que les bonnes et mauvaises actions d’une personne sont toutes enregistrées en détail. J’ai juré de faire du bien aux autres et de contrôler mon comportement. Comment ai-je poursuivi la gloire ?”

“Tu dis que tu ne tues pas mais tu fais cuire constamment des crabes et des homards dans ta cuisine. Tu dis que tu surveilles tes paroles mais tu es toujours sarcastique, ce qui met de nombreux dieux en colère. Tu dis que tu ne vas pas chez les prostituées, mais ton cœur est ébranlé quand tu vois de belles femmes,” répondit le vieil homme.

Portrait d’un fonctionnaire chinois de la dynastie Ming. (Domaine public)

C’est encore pire quand tu clames que tu te consacres à faire de bonnes choses. L’Empereur de Jade a envoyé un messager pour contrôler ton dossier et tu n’as pas fait une seule bonne action depuis de nombreuses années.”

“Au contraire, tes pensées sont remplies d’avidité, de luxure et de jalousie. Tu t’élèves en rabaissant les autres. Tu veux te venger chaque fois que tu penses au passé. Avec un esprit aussi malveillant, tu ne peux pas échapper au désastre. Comment oses-tu prier pour recevoir des bénédictions ?” a continué l’invité.

“Maître, vous connaissez tout de moi. Vous devez être un immortel ! Sauvez-moi s’il vous plaît!” s’écria Yu, pris de panique.

Le vieil homme conseilla : “J’espère que tu pourras abandonner la cupidité, la luxure, la jalousie et différents désirs. Ne recherche pas la gloire ni ton intérêt personnel. Alors tu seras récompensé avec bienveillance.” Et il disparut.

Récompensé par la bonté

Le jour suivant, Yu implora le ciel et jura de changer. Déterminé à éliminer toutes ses mauvaises pensées, il se donna un nom taoïste : “Pensée Vide.”

Dès lors, il fit attention à chaque pensée et chaque action. Il veillait à ce que toutes ses actions, grandes ou petites, profitent effectivement aux autres. Chaque fois qu’il en avait l’occasion, il parlait aux gens des principes de la rétribution karmique.

A l’âge de 50 ans, Yu fut engagé pour donner des cours particuliers au fils de Zhang Juzheng, premier ministre de l’empereur Wanli. Yu et sa famille partirent alors dans la capitale et Yu passa l’examen impérial l’année suivante.

Un jour, Yu alla rendre visite à l’eunuque Yang Gong et il rencontra les cinq fils adoptés de Yang. L’un deux —âgé de 16 ans— parut familier à Yu. Yu apprit alors qu’il était né dans sa propre ville natale, Jiangling, mais qu’il avait été séparé de sa famille alors qu’il était accidentellement monté à bord d’un bateau à grain quand il était enfant.

Yu demanda au garçon d’enlever sa chaussure gauche. Quand il vit deux tâches de naissance sur la plante du pied, Yu s’exclama : “Tu es mon fils !”

L’eunuque, bouleversé, était heureux pour eux et envoya immédiatement le garçon à la résidence de Yu. Yu se précipita pour apporter la bonne nouvelle à sa femme. Elle pleurait si amèrement que ses yeux saignaient. Son fils prit son visage entre ses mains et lui embrassa les yeux. Soudain, sa vision revint.

Yu était submergé de chagrin et de joie. Il ne voulait plus être un fonctionnaire de haut rang et demanda à rentrer dans sa ville natale. Admirant le caractère moral de Yu, Zhang approuva sa demande et lui envoya un généreux cadeau.

De retour chez lui, Yu travailla encore plus dur pour le bien des autres. Son fils se maria et eu sept enfants, qui perpétuèrent la tradition de leur grand-père. Sous leur influence, les gens crurent vraiment en la réalité de la rétribution.

Traduite par Dora Li en anglais, cette histoire est réimprimée avec l’autorisation du livre « Treasured Tales of China », Vol. 1, disponible sur Amazon.

 

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