Les armes nucléaires de la Corée du Nord font partie d’un réseau international

29 septembre 2017 23:00 Mis à jour: 29 septembre 2017 23:00

Les programmes d’armes nucléaires de la Corée du Nord ne peuvent pas être considérés comme des projets d’un seul État voyou. Ses programmes portent des traits de financement étranger, la technologie provient d’autres pays, tandis que les programmes eux-mêmes font partie d’un réseau international de certains États qui développent collectivement leur potentiel en armes nucléaires.

Le régime communiste de la Corée du Nord travaille en étroite collaboration avec l’Iran, la Syrie et le Pakistan sur leurs programmes d’armes nucléaires et chimiques. La Russie et d’autres pays ont fourni la technologie pour aider à développer les armes nucléaires, tandis que la Chine, dirigée par son Parti communiste, a globalement facilité et soutenu ces programmes.

« Ce que la Chine a fait, c’est de créer un réseau de coopération pour une prolifération malsaine », explique Richard Fisher, expert principal au International Assessment and Strategy Center. « Les Chinois ont aidé le Pakistan, l’Iran et la Corée du Nord à différents degrés. »

Le Parti communiste chinois (PCC) fournit des différentes technologies à ces pays afin de les aider dans l’accomplissement de leurs programmes d’armes nucléaires ; par la suite, la Corée du Nord, le Pakistan et l’Iran partagent cette technologie en y ajoutant leurs propres innovations.

« Les Chinois n’ont qu’à faire discrètement des contributions matérielles et, en fin de compte, tous les trois pays en profitent », poursuit Fisher.

L’ex-chef du PCC Jiang Zemin a favorisé les relations avec la Corée du Nord. Après être parti à la retraite, il les a entretenus par le biais de sa faction politique au sein du gouvernement chinois. Les relations entre l’actuel dirigeant chinois Xi Jinping et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un sont actuellement relativement tendues – Xi Jinping a fait savoir à l’administration de Trump qu’il soutiendra les sanctions imposées par l’ONU à la Corée du Nord.

Un câblogramme divulgué du département d’État daté du 24 février 2010 a révélé qu’en 2005, la Corée du Nord a expédié 19 missiles balistiques en Iran, ce qui a pour la première fois donné à l’Iran la possibilité d’atteindre les capitales de l’Europe occidentale.

Le missile Hwasong-10, également connu sous le nom de BM-25 ou Musudan, a été pour la première fois présenté lors d’un défilé militaire nord-coréen en octobre 2010. Le régime nord-coréen l’a testé en juin 2016. Selon Center for Strategic & International Studies, ce missile balistique a une portée estimée à plus de 3 000 km et sa conception se base sur celle des missiles soviétiques SS-N-6 lancés par des sous-marins.

Richard Fisher souligne que lorsque l’Iran a récemment testé un missile balistique, de nombreux experts ont trouvé qu’il s’agissait du lancement d’un BM-25, bien que l’imagerie disponible n’est pas assez bonne pour en avoir une preuve définitive.

Le 23 septembre, après que l’Iran a testé ce missile, Donald Trump a écrit sur Twitter : « L’Iran vient de tester un missile balistique capable d’atteindre Israël. Ils travaillent également avec la Corée du Nord. L’accord que nous avons avec eux ne vaut pas grand-chose ! »

Selon Richard Fisher, « la Corée du Nord coopère avec le Pakistan. La Corée du Nord et l’Iran coopèrent sur les missiles. La Chine reste la principale source potentielle du financement. »

« C’est très très bizarre qu’un pays aussi pauvre que la Corée du Nord ait un programme d’armes stratégiques aussi large et sophistiqué », a-t-il ajouté.

Alliance nucléaire cachée

Les États voyous coopèrent étroitement sur leurs programmes du développement d’armes nucléaires, et la Corée du Nord n’est qu’un des acteurs de ce système, a déclaré Bruce Klingner, chercheur principal à Heritage Foundation, lors de l’audience tenue en mars 2014 dans le sous-comité sur l’Asie et le Pacifique de la Chambre des représentants du Congrès américain.

Klingner a souligné que les analystes « ont souvent sous-estimé les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord », pensant que cet État arriéré serait incapable de les effectuer. Cependant, leurs analyses ne prenaient pas en compte les programmes de recherche que la Corée du Nord partageait avec d’autres pays.

À titre d’exemple, il s’est référé à un accord, révélé en mars 2004, selon lequel « A.Q. Khan, le père du programme d’armes nucléaires du Pakistan, a offert à Pyongyang un ‘paquet’ nucléaire comprenant la conception d’ogives nucléaire, les centrifugeuses et le combustible nucléaire. » En échange, la Corée du Nord a aidé le Pakistan à intégrer une ogive nucléaire dans son missile Ghauri.

Selon Klingner, la conception d’ogive aurait pu être la même que celle que Khan a fournie à la Libye dans le cadre d’un accord révélé en février 2004. Cette conception contenait des « instructions détaillées étape par étape pour produire une ogive nucléaire de conception chinoise qui pouvait être livrée par le missile No Dong nord-coréen ».

Bruce Klingner a également noté que la Corée du Nord n’a pas hésité à fournir à la Syrie des « technologies d’armes nucléaires et chimiques ». Elle a également coopéré avec l’Iran dans le développement de ses programmes nucléaires et de missiles, tout en aidant l’Iran à fournir les armes aux groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah.

Le dictateur nord-coréen Kim Jong-un (d) et le membre du Comité permanent du Politburo du Parti communiste chinois Liu Yunshan (g) saluent les participants d’un immense défilé militaire tenu à la place Kim Il-sung à Pyongyang, le 10 octobre 2015. (ED JONES/AFP/Getty Images)

Selon William Triplett, expert renommé en armements, il est important de se rappeler que lorsque la Corée du Nord obtient des armes ou des technologies étrangères, quelqu’un doit payer la facture et en assurer la livraison.

Il a expliqué que lorsque l’équipement militaire est transporté entre la Corée du Nord et l’Iran, « on ne peut pas voler en avion de Pyongyang à Téhéran sans s’arrêter dans un aéroport militaire en Chine ».

Dans les années 1970, a-t-il précisé, les États-Unis ont vendu un avion-cargo 747-F à l’Iran et des avions C-130 à l’Iran et au Pakistan. Ces avions ont été plus tard repérés sur les aérodromes de la Corée du Nord.

Il a également mentionné des rapports indiquant que l’Ukraine ou la Russie avaient vendu des moteurs-fusées à la Corée du Nord. « Quoi qu’il en soit, quelqu’un a dû les payer, et ils ont été livrés du point A au point B », a-t-il ajouté.

Une autre question clé évoquée par Triplett est le fait que le régime de la Corée du Nord est extrêmement pauvre et qu’un grand nombre d’habitants de ce pays meurent de faim. Cependant, chaque lancement de missile dans l’océan coûte environ 30 millions de dollars. « Tout cela coûte cher. Quelqu’un en paie la facture », a-t-il expliqué, ajoutant que « toutes les voies » mènent au PCC.

La Chine a récemment accepté de sanctionner la Corée du Nord mais, dans le passé, elle a été le fournisseur principal d’armes et de technologies utilisées par l’Iran, le Pakistan et la Corée du Nord.

L’existence du régime nord-coréen permet au PCC de s’engager par procuration dans une guerre froide pseudo nucléaire avec les États-Unis, affirme Richard Fisher. Selon lui, le PCC a également utilisé d’autres États voyous à des fins similaires.

« La Chine a transformé le Pakistan en un État ayant des missiles nucléaires afin d’aider la Chine à neutraliser l’Inde. La Chine transforme l’Iran en un État ayant de missiles nucléaires afin de bénéficier également de cette instabilité », a-t-il martelé. « La Chine a réussi à devenir un important fournisseur d’armes au Moyen-Orient parce que d’autres pays veulent pouvoir se défendre de l’Iran, qui a été rendu puissant par la Chine. »

Version anglaise : North Korea’s Nuclear Weapons Tied to Network of Rogue States

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