La Chine admet que sa nouvelle route de la soie a des objectifs commerciaux et militaires

Par Chriss Street
12 juillet 2019 20:04 Mis à jour: 30 juillet 2019 19:58

Wei Fenghe, le ministre chinois de la Défense, a publiquement reconnu pour la première fois que l’initiative chinoise « Belt and Road », souvent qualifiée de « nouvelle route de la soie », poursuit également des objectifs militaires. Selon l’agence officielle Xinhua, il l’a admis, le 10 juillet, lors de sa rencontre avec un groupe de chefs militaires des pays du Pacifique Sud et des Caraïbes.

En 2017, le dirigeant chinois Xi Jinping a qualifié « Belt and Road Initiative – BRI » (initiative ceinture et route) de « projet du siècle ». C’est un titanesque programme d’investissement chinois qui prévoit la création d’une immense « ceinture » terrestre par rail et route en Asie et en Europe, doublée d’une « route » maritime, permettant à la Chine de se relier aux marchés d’Asie, d’Afrique et d’Europe, voire au-delà. Il inclut la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer, parcs industriels et réseaux d’énergie et de télécommunications, couvre plus de 150 pays et organisations internationales qui s’y sont associés et deux tiers de la population mondiale.

L’immensité de cette initiative est aujourd’hui évidente – en particulier après la récente annonce par la société russe Gazprom de l’achèvement de construction jusqu’à la frontière russo-chinoise de 3 000 km de gazoduc « Force de Sibérie » d’une valeur de 55 milliards de dollars. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a annoncé le 9 juillet que la Russie investira maintenant 9,5 milliards de dollars supplémentaires dans la construction d’une section de 2 000 km de l’autoroute de la BRI prévue pour les poids lourds – elle s’étendra au total sur 6 500 km de l’ouest de la Chine aux ports néerlandais donnant accès à l’océan Atlantique.

Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a accueilli Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU et Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que 37 chefs d’État et représentants de 150 pays au deuxième Forum de la BRI tenu à Pékin le 25 avril denier. Il a annoncé que la BRI « devient une voie saine de coopération, de prospérité, d’ouverture, du développement vert et une affaire gagnant-gagnant qui profitera à tous les pays ».

Epoch Times a publié un article de l’écrivain indépendant James Gorrie qui met en garde que le Parti communiste chinois fait tellement promouvoir la BRI parce que sa seule « raison légitime d’être » est directement liée à la bonne performance de l’économie chinoise. Le groupe d’experts de Council on Foreign Relations a récemment averti que la BRI pourrait être un « cheval de Troie pour le développement régional dirigé par la Chine, son expansion militaire et ses institutions contrôlées par Pékin ».

Le New York Times a rapporté que les soi-disant plans de « développement vert » de la BRI incluent la construction de centrales électriques au charbon qui jouent un rôle important dans les émissions de gaz à effet de serre : la construction de plus de 700 centrales au charbon est effectuée ou prévue en Chine et dans le pays comme la Turquie, le Vietnam, l’Indonésie, le Bangladesh, l’Égypte et les Philippines. Epoch Times a déjà mentionné que, selon Global Environment Institute, entre 2001 et 2016, y compris dans le cadre de la BRI, Pékin a participé à 240 projets d’énergie à base de charbon – le Pakistan en étant en tête de liste avec ses centrales au charbon qui font partie du projet du corridor économique Chine-Pakistan à 54 milliards de dollars.

Center for Global Development (CGD) a rapporté que les prêts de la BRI ont été généreusement offerts par la Chine aux pays émergents comme Djibouti, le Sri Lanka, le Kirghizistan, le Laos, les Maldives, la Mongolie, le Monténégro, le Pakistan et le Tadjikistan – les pays qui sont « particulièrement exposés au risque de surendettement ». Lorsque, en 2017, le Sri Lanka n’a pas pu rembourser un prêt de 8 milliards de dollars pour la construction d’un port en eau profonde, ce pays a été contraint de céder le port à la Chine pour rembourser la dette.

CDG cite également une analyse de la Banque asiatique de développement sur les prêts d’un montant de 26 000 milliards de dollars destinés à financer les projets d’infrastructure prévus en 2016-2030 – apparemment, ces projets échoueront financièrement si les pays emprunteurs ne sont pas en mesure de soutenir des taux de croissance annuels d’au moins 3 à 7 %.

Le 8 juillet, le vice-président chinois Wang Qishan a déclaré au Forum mondial de la paix, tenu à la prestigieuse université Tsinghua de Pékin, que la Chine devait rester fidèle à son engagement en faveur de la mondialisation économique, malgré les « défis et turbulences » auxquels font face quelques projets de la BRI dans les pays en développement et auxquels est confrontée la Chine dans sa guerre commerciale avec les États-Unis.

« Le développement de la Chine ne peut être séparé du monde, et le développement du monde ne peut être séparé de la Chine », a-t-il martelé, ajoutant : « Les grandes nations doivent assumer plus de responsabilités et contribuer davantage à la stabilité et à la paix dans le monde. »

Cependant, Wei Fenghe, le conseiller d’État et ministre chinois de la Défense, n’a pas trouvé nécessaire d’avoir recours à ce genre de paroles. Selon l’agence officielle Xinhua, il a déclaré, le 10 juillet, lors de sa rencontre en Chine avec un groupe de chefs militaires des pays du Pacifique Sud et des Caraïbes, que Pékin va approfondir sa coopération militaire avec ces pays dans le cadre de la BRI. « La coopération sera renforcée dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, le maintien de la paix et les secours en cas de catastrophe afin de renforcer les échanges et la coopération dans le cadre de la BRI », a-t-il précisé.

Geopolitical Futures a considéré une telle confidence comme une surprise, en tenant compte que Pékin « a longtemps et fortement » nié que la BRI est destinée à renforcer et à élargir sa présence militaire à l’étranger :

« Pour que la Chine se sente en sécurité, il faut qu’elle puisse empêcher les puissances extérieures de bloquer des points critiques le long de sa périphérie. Cela signifie qu’elle a besoin de troupes loin des frontières chinoises et qu’elle a besoin de ports, d’aérodromes et de réseaux logistiques dans les pays amis qui pourront les maintenir. Pourtant, la Chine faisait semblant de seulement minimiser l’opposition politique dans les pays partenaires de la BRI et de diminuer le sentiment d’urgence pour contrer les projets de la BRI chez ses adversaires potentiels comme les États-Unis et leurs alliés. »

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