Au Sahel, la criminalité organisée porte atteinte aux populations

Par ONU Info
5 avril 2023 15:13 Mis à jour: 5 avril 2023 15:13

De nombreux trafics se sont développés ces dernières années au Sahel, une zone d’Afrique de l’Ouest qualifiée de « Triangle des Bermudes » par Abdoulaye Mar Dièye, Coordonnateur spécial pour le développement au Bureau de la stratégie intégrée des Nations Unies pour Sahel (UNISS).

Ces trafics ont fait l’objet d’une nouvelle analyse à Dakar, au Sénégal, par l’Office régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et ses partenaires étatiques.

Les rapports des analyses des menaces en matière de criminalité au Sahel (Transnational Organized Crime Threat Assessment, TOCTA) font état de trafics de médicaments, d’armes à feu, de migrants et de carburant. Leurs points communs sont la contrebande et la corruption qui dynamisent la chaine contrôlée par des réseaux de criminalité transnationale organisée ainsi que des groupes armés non étatiques, d’auto-défense et d’extrémistes violents.

Des médicaments avant leur destruction par la police et le ministère de la Santé, le 03 novembre. Ces médicaments patentés, falsifiés ou sous dosés ainsi que des amphétamines sont vendus par des femmes dans les rues des quartiers populaires d’Abidjan (Côte d’Ivoire), sans emprunter le circuit légal. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP via Getty Images)

Selon le Représentant pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’ONUDC, les Etats luttent effectivement contre les trafics. « Les saisies se chiffrent à au moins 605 tonnes de produits médicaux lors d’opérations internationales en Afrique de l’Ouest entre 2017 et 2021. Elles sont en augmentation de 105% en ce qui concerne les fusils d’assaut entre 2017 et 2021 au Burkina Faso », selon Amado Philip De Andrès. Pour lui, « s’il y a saisies c’est que les États luttent ».

Cependant, pour mener à bien leurs activités, les groupes criminels continuent d’exploiter les vulnérabilités des pays ainsi que les besoins des populations auxquels les États ont du mal à répondre.

Le trafic de carburant, une réalité complexe

Le carburant représente une marchandise facile, discrète et stratégique pour les trafiquants et est très difficile à réguler pour les États. Aujourd’hui, tout le monde a besoin de carburant bon marché. Ainsi, il est difficile de lutter contre son trafic et de « dire à quelqu’un qui transporte 250 litres de produit sur sa moto pour faire son petit profit entre le Nigéria et le Niger : ‘Maintenant tu ne peux plus traverser la frontière’. Cela va affecter sa vie et celle de ses proches », a dit le co-auteur du rapport TOCTA, Chercheur et Chef de l’Unité Recherche et sensibilisation à l’ONUDC. « Cette activité illicite transfrontalière implique aussi d’autres acteurs tels que des gros criminels qui vont passer et corrompre les agents de l’administration », ajoute François André Émile Patuel.

Un vendeur illégal d’essence remplit un conteneur dans la ville de Porto Novo, à 30 km à l’est de la capitale Cotonou, Bénin. Illustration (EMILE KOUTON/AFP via Getty Images)

Le danger est que d’autres produits échappent aux contrôles, « y compris la drogue puisque des personnes peuvent utiliser des camions pour la faire passer et des stations d’essence licites pour le blanchiment d’argent », tout comme les médicaments illicites revendus dans des pharmacies autorisées. Autre réalité, le carburant passe par des zones contrôlées par des groupes extrémistes violents qui l’utilisent pour alimenter leurs véhicules tout terrain et motos utilisés dans le cadre de leurs opérations.

Les populations toujours victimes

Chaque année plus de 400.000 personnes meurent dans le Sahel pour avoir consommé des médicaments anti paludéens et antibiotiques falsifiés et de qualité inférieure. La criminalité organisée a un impact direct sur les populations de la région avec la prolifération des armes qui a causé la mort de 9300 personnes en 2022.

Les États membres de Nations Unies au Sahel ont été impliqués tout au long des recherches qui ont abouti aux rapports de l’ONUDC. Les données recueillies permettent à la fois d’évaluer la menace que représente la criminalité transnationale au Sahel, de valider la législation mise en place par les États et de savoir s’ils sont en mesure de lutter efficacement contre les trafics.

Au nombre des recommandations, Amado Philip De Andrès met l’accent sur leur rôle afin de définir une vision générale, claire et conjointe pour qu’ils deviennent des « champions » dans la lutte contre les trafics dans le cadre de la coopération judiciaire inter-régionale.

Cet article a été produit par le Centre d’information des Nations Unies à Dakar.

L’article publié avec l’aimable autorisation de l’ONU.

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