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Charpentes Notre-Dame : don de 1 300 chênes centenaires par l’assureur Groupama

avril 17, 2019 15:36, Last Updated: avril 17, 2019 15:36
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Sa charpente était surnommée la « forêt » et les forêts françaises de grands chênes séculaires s’appellent des « forêts cathédrales » : entre Notre-Dame et les charpentiers, un lien millénaire est parti en fumée mais la filière bois faisait assaut de propositions mardi pour la reconstruction.

Les cendres du toit où vivait le sonneur de cloches Quasimodo, personnage de Victor Hugo, n’étaient pas encore refroidies qu’une idée a surgi : que chaque propriétaire forestier en France donne un chêne pour la reconstruction, à l’initiative de la fondation Fransylva, qui regroupe les 3,5 millions de propriétaires privés de forêts en France.

L’assureur Groupama, investisseur institutionnel et propriétaire terrien, a également « offert » les 1 300 chênes centenaires nécessaires à une reconstruction à l’identique, prélevés dans ses forêts normandes.

Le syndicat filière bois (SFB) qui regroupe les exploitants forestiers, a renchéri en s’engageant à réserver ses « plus beaux chênes » pour le chantier.

« Nous ne savons encore si la reconstruction se fera à l’identique, mais bien évidemment les forêts françaises, publiques et privées, sont mobilisées » pour ce joyau de l’architecture médiévale, a résumé Michel Druilhe, président de l’interprofession France Bois Forêt.

La filière avait déjà offert des chênes pour la reconstruction du Parlement de Bretagne, refait à l’identique après l’incendie de 1994.

Composée d’un enchevêtrement de poutres massives de dimensions impressionnantes, plusieurs fois rénovée depuis le 12e siècle, la charpente de Notre-Dame était constituée de « chênes d’Ile-de-France » âgés déjà de 100 à 150 ans au moment de la construction de l’édifice, explique M. Druilhe.

« À l’exception d’un incendie, cette structure exceptionnelle était indestructible par la résistance et la légèreté du matériau », le bois, dit-il.

Hasard du calendrier, l’interprofession, qui regroupe tous les acteurs de la filière bois, propriétaires privés, Office national des forêt (ONF), entreprises de scierie, de construction etc., tient son assemblée générale annuelle mercredi.

Jacky Favret, qui préside l’union régionale des communes forestières de Bourgogne-Franche-Comté, compte bien plaider pour la mise en place d’une « coordination nationale » pour récolter et stocker les meilleurs chênes.

Malgré l’afflux de propositions, le premier producteur français de bois de chêne, le groupe Charlois, s’inquiète d’un manque de disponibilité. « Il n’y a pas en France des stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier », a dit son patron Sylvain Charlois à l’agence France Presse (AFP).

M. Druilhe s’est quant à lui voulu rassurant, soulignant que la reconstruction n’aura pas lieu avant « des mois, voire des années ». Quelque « 1,5 million de mètres cubes de chênes sont sciés chaque année en France », a-t-il ajouté. De quoi recouvrir plusieurs cathédrales.

« Si la France peut proposer des chênes français, c’est grâce à la disponibilité dans les forêts d’Orléans, de l’Allier, de Bourgogne, du Grand-Est, de Normandie ou d’Ile-de-France comme Montmorency et Compiègne », a-t-il salué. Soit au total plusieurs millions d’hectares de chênes, sur les 17 millions d’hectares de forêts que compte la France.

Les spécialistes du bois saluent aussi particulièrement la gestion durable de la forêt française, c’est-à-dire son exploitation, sa surveillance et des plantations régulières pour la régénérer.

Pour être utilisé sur le chantier de reconstruction, les chênes devront avoir été plantés au plus tard au 19e siècle.

« La matière première est la même qu’il y a mille ans. La qualité des chênes utilisés sous Saint-Louis est la même qu’aujourd’hui. Notre sylviculture est la même : on n’utilise pas d’engrais ni de produits phytosanitaires », dit Jean-Etienne Rime, président de Fransylva.

Les « forêts-cathédrales », constituées d’arbres de taille homogènes et similaires, « sont appelées ainsi car ce sont des sites grandioses avec des arbres majestueux, mais aussi parce que sans la main de l’homme, elles n’existeraient pas », explique M. Druilhe. « Elles sont le fruit de la nature et d’un lent et patient travail » de régénération et d’entretien.

Un filon bien exploité par la Chine qui achète chaque année 500 000 mètres cubes de chêne à la France, sur les deux millions de mètres cubes produits.

« Si l’incendie de Notre-Dame pouvait au moins faire prendre conscience aux acteurs du commerce du bois que le chêne est un bien précieux et qu’il faut le conserver en France où il est utilisé dans la décoration intérieure et le bâtiment », s’écrie M. Druilhe.

D’autant qu’une partie du chêne revient en France sous forme de… parquet.

D. S avec AFP

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