Des parallèles avec l’Holocauste reflètent la gravité de la persécution du Falun Gong en Chine, selon un groupe d’experts

Les méthodes de persécution sont étendues aux Ouïghours et à d'autres groupes

Par Justina Wheale
12 décembre 2020 19:16 Mis à jour: 12 décembre 2020 19:16

Selon un groupe d’experts qui se sont exprimés le 9 décembre dernier, les caractéristiques scandaleuses de l’Holocauste qui a conduit à l’extermination massive de millions de Juifs présentent de nombreux parallèles avec la persécution des pratiquants de Falun Gong et d’autres groupes en Chine aujourd’hui, ce qui sert d’avertissement sur la nécessité urgente de faire face à la menace de Pékin.

L’avocat international des droits de l’homme David Matas a établi la comparaison lors d’un débat de législateurs, d’avocats et de défenseurs des droits de l’homme réunis pour examiner les violations systématiques des droits de la part du Parti communiste chinois (PCC) à l’échelle nationale contre la pratique spirituelle du Falun Gong et ses conséquences pour la politique sino-canadienne.

M. Matas, le co-auteur de Bloody Harvest, une enquête indépendante sur le prélèvement forcé d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine, a déclaré au comité que les méthodes systématiques d’éradication des Juifs pratiquées lors de l’Holocauste ont créé un précédent pour la maltraitance la plus choquante effectuée en Chine aujourd’hui – le prélèvement d’organes vivants sur des prisonniers de conscience du Falun Gong.

« [L’expert de l’Holocauste] Yehuda Bauer […] a écrit que l’Holocauste peut constituer un précédent ou devenir un avertissement. À mon avis, cela peut être les deux, et dans le cas du prélèvement d’organes du Falun Gong, cela a été les deux », a déclaré Me Matas, qui est Juif et avocat principal pour B’nai Brith Canada, lors du débat par webinaire.

« Nous avons tous été, et devrions être avertis », a-t-il déclaré, en se référant au tribunal de Londres qui a conclu l’année dernière que les pratiquants de Falun Gong continuent d’être assassinés en masse pour leurs organes et que « toute personne qui interagit de manière substantielle avec la République populaire de Chine devrait reconnaître qu’elle interagit avec un État criminel. »

Le PCC a commis des crimes de prélèvement d’organes du fait des méthodes auxquelles il recourt, similaires à celles utilisées contre les Juifs par l’Allemagne nazie, a expliqué Me Matas. Parmi celles-ci, on peut citer : l’incitation à la haine contre les pratiquants par le biais de campagnes de propagande incessantes, l’intimidation de dénonciateurs et de défenseurs, la dissimulation des preuves d’atrocités, l’octroi d’incitations financières à la persécution (par le biais du commerce lucratif d’organes), l’utilisation du système juridique pour justifier et faire avancer la persécution, la garantie de l’impunité pour les fonctionnaires chinois impliqués, et l’utilisation de la technologie et de l’expérimentation humaine afin d’affiner les méthodes de persécution.

David Matas, avocat canadien spécialisé dans les droits de l’homme, sur une photo de dossier. (Matthew Little/Epoch Times)

M. Matas a noté que l’alignement du Falun Gong sur les traditions et les croyances spirituelles chinoises en faisait une « menace existentielle » aux yeux du PCC, et contrastait fortement avec les principes communistes athées promus par le Parti. Lorsque l’ancien dirigeant du PCC, Jiang Zemin, a réalisé que les pratiquants du Falun Gong en Chine – dont le nombre est estimé à 100 millions – étaient largement supérieurs aux membres du Parti communiste, il a ordonné que la pratique soit « éradiquée » et a lancé une campagne de persécution incessante en 1999.

Parmi les intervenants qui ont participé au webinaire figuraient l’ancien ministre de la Justice Irwin Cotler ; Garnett Genuis, député conservateur et ministre suppléant au Développement international et aux Droits de l’homme ; Alex Neve, ancien secrétaire général d’Amnesty International Canada ; David Kilgour, ancien député et secrétaire d’État (Asie-Pacifique) et co-auteur de Bloody Harvest ; et Levi Browde, directeur exécutif du centre d’information Falun Dafa.

La persécution, une « feuille de route » pour la tyrannie moderne de Pékin

M. Browde a déclaré au panel qu’entre février 2019 et février 2020, les arrestations de pratiquants de Falun Gong ont augmenté de 200 % en Chine, et les cas de harcèlement ont augmenté de 76 %, en dépit des mesures de confinement généralisées introduites à peu près au même moment en raison de l’épidémie de Covid-19. Poursuivant la tendance, les cas de harcèlement ont augmenté de 500 % en octobre de cette année par rapport à octobre 2019, avec une augmentation de 63 % des arrestations.

M. Browde a déclaré que l’escalade de la persécution peut s’expliquer par la soi-disant « campagne zéro » du PCC, un effort concerté pour écraser la pratique spirituelle. Selon le centre d’information du Falun Dafa, l’objectif de la campagne est de « réduire à zéro le nombre de pratiquants de Falun Gong », en ciblant chaque pratiquant qui a été mis sur la liste noire du régime, par le biais de cartes d’identité délivrées par le gouvernement, dans le but de les forcer à renoncer à leur foi.

Selon M. Browde, la campagne a été inspirée par les tentatives du PCC de contrôler les informations relatives à la pandémie. Au cours des décennies de persécution, les pratiquants de Falun Gong sont devenus « peut-être le plus grand dénonciateur du PCC dans le monde » et sont capables de dénoncer les crimes du régime, y compris sa dissimulation et sa mauvaise gestion de l’épidémie de virus, ce qui fait des pratiquants une nouvelle fois une cible à réduire au silence, a-t-il dit.

La police monte la garde dans une gare à Wuhan, en Chine, le 7 avril 2020. (Photo Getty Images)

Les méthodes utilisées par le PCC pour museler les médecins lanceurs d’alerte du virus, pour tenter de détourner le récit de l’épidémie, pour nier la responsabilité de la pandémie et pour tenter d’influencer les organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la santé, sont similaires aux tactiques utilisées par le PCC dans la campagne de persécution du Falun Gong, a-t-il dit.

Le monde doit comprendre et prendre au sérieux la persécution du Falun Gong en Chine, car il s’agit d’un « modèle pour la manière dont le PCC attaque ses ennemis en général et dans le monde entier », a noté M. Browde. Cela inclut la stratégie bien documentée de « guerre sans restriction » du régime qui utilise tous les secteurs de la société pour tenter de saper l’Occident, en particulier les États-Unis, dans son objectif stratégique à long terme de domination.

« Cette mentalité de guerre sans restriction, cette mentalité à plusieurs volets, est un modèle. Et ils l’ont utilisée pour s’en prendre au Falun Gong, et c’est ainsi qu’ils l’ont utilisée pour s’en prendre et compromettre beaucoup d’institutions en Occident », a-t-il déclaré.

Les méthodes de torture et de persécution ont également été un « terrain d’essai » pour la « tyrannie du XXIe siècle » – affinée sur le Falun Gong avant d’être utilisée sur d’autres groupes persécutés, comme les musulmans Ouïgours en Chine.

« La torture est répandue sur cette planète depuis toujours. Mais avec le Falun Gong, la façon dont le PCC a perfectionné les pratiques de torture pour faire un lavage de cerveau, pour briser l’esprit de quelqu’un, pour l’amener à prêter allégeance au PCC, c’était en fait, faute d’un meilleur mot, une discipline », a-t-il déclaré au panel.

Ils ont en fait envoyé des gens dans certains des camps de travail les plus « réussis », comme Masanjia, se rendre dans d’autres régions de Chine et y former d’autres personnes […] afin de perfectionner cette technique de lavage de cerveau qui est maintenant utilisée sur les Ouïghours et d’autres groupes, ainsi que les techniques de torture.

Matas a déclaré que les Ouïghours « complètent maintenant le Falun Gong » en tant que « grande source captive » de prélèvement illégal d’organes en Chine. Le journaliste d’investigation et analyste chinois Ethan Gutmann estime qu’un minimum de 25 000 Ouïghours par an sont aujourd’hui victimes du prélèvement forcé d’organes.

Turnisa Matsedik-Qira, de l’Association des Ouïghours de Vancouver, manifeste contre le traitement des Ouïghours par la Chine en tenant une photo des Canadiens détenus Michael Spavor et Michael Kovrig devant la Cour suprême de Colombie-Britannique, le 8 mai 2019, à l’occasion de la comparution de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou. (Crédit photo Jason Redmond/AFP via Getty Images)

Faire face à la menace de Pékin

Les intervenants ont aussi abordé les recommandations sur ce que le Canada peut faire pour contrer la menace du régime de Pékin tout en soutenant les victimes de persécution du Falun Gong. Me Kilgour a déclaré qu’une position ferme est cruciale, car si le Canada et d’autres pays ne défient pas le PCC, « Pékin n’hésitera pas à continuer de saper notre démocratie et nos valeurs occidentales pour faire avancer ses objectifs fascistes ».

Il a déclaré que le Canada devrait « saisir toutes les occasions » pour condamner publiquement Pékin quant à sa campagne de persécution contre le Falun Gong et appliquer les sanctions de Magnitsky contre tout responsable impliqué. Le Canada devrait également suivre l’exemple de l’Australie en introduisant une « loi sur l’ingérence étrangère » pour contrer l’ingérence et l’intimidation chinoises bien présentes sur le sol canadien, ainsi qu’en enregistrant toutes les organisations du Front uni du PCC en tant qu’agents étrangers.

Me Kilgour a déclaré qu’Ottawa doit également être plus actif en exigeant la libération des citoyens canadiens emprisonnés en Chine, y compris Sun Qian, une femme d’affaires canadienne emprisonnée en Chine depuis trois ans parce qu’elle pratique le Falun Gong.

M. Genuis, qui est également le co-président canadien de l’Alliance interparlementaire sur la Chine, a déclaré que le Canada doit donner la priorité à l’adoption du projet de loi S-204, qui rendrait illégal le prélèvement d’organes à l’étranger sans le consentement du donneur et rendrait inadmissibles au Canada les personnes impliquées dans le prélèvement forcé d’organes n’importe où dans le monde. Le projet de loi a reçu un soutien unanime au Sénat puis a été adopté au Parlement après quelques amendements, mais il a ensuite été bloqué avant d’être réintroduit au Sénat lors du déclenchement des élections de 2019.

Anastasia Lin, Miss Monde Canada, David Kilgour, ancien député, et Garnett Genuis, député conservateur, à l’Amphithéâtre national de la presse à Ottawa le 4 avril 2017. (Jonathan Ren/Epoch Times)

M. Genius a déclaré que les pratiquants de Falun Gong ont été en première ligne au Canada pour soulever la question des droits de l’homme en Chine, en particulier en ce qui concerne le prélèvement d’organes, et a loué « l’engagement incroyable et le plaidoyer de la communauté Falun Gong au Canada, continuant à faire avancer et à être persistant sur les questions des droits de l’homme ».

M. Genius a également présenté le mois dernier une motion visant à lutter contre les activités d’ingérence et d’intimidation soutenues par des États étrangers au Canada, afin de réagir plus fermement aux « activités d’ingérence étrangère importantes et soutenues au Canada » et de « créer de nouveaux mécanismes de protection et de soutien pour les Canadiens qui sont des cibles ».

Le 10 décembre dernier, le chef du Parti conservateur Erin O’Toole a envoyé un message vidéo à l’Association Falun Dafa du Canada pour commémorer la Journée des droits de l’homme, et a déclaré qu’il espérait que cette motion protégerait les pratiquants du harcèlement des agents chinois au Canada.

« Des agents chinois se sont fait passer pour des étudiants, des touristes et des travailleurs afin d’entrer dans notre pays et de menacer ceux qui pratiquent le Falun Gong. C’est absolument inacceptable pour moi, et cela doit cesser immédiatement », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il espérait également rouvrir le bureau de la liberté religieuse du Canada.

« Le Canada doit défendre la liberté religieuse dans le monde entier, notamment en défendant le Falun Gong. Cette année, cela fait 21 ans que la Chine a commencé à persécuter illégalement et violemment ceux qui pratiquent le Falun Gong. […] Des centaines de milliers de personnes ont subi des travaux forcés, des tortures et des exécutions depuis 1999, sans aucune cause ni justification. »

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