Droits de l’Homme : un avocat chinois en prison pour « subversion »

28 janvier 2019 23:10 Mis à jour: 30 avril 2021 15:31

L’un des plus célèbres avocats spécialisés dans les droits de l’Homme en Chine, Wang Quanzhang, a été condamné lundi à quatre ans et demi d’emprisonnement pour « subversion », une énième mesure de répression prise contre la profession.

Cet homme de 42 ans avait défendu des militants politiques, des membres du mouvement bouddhiste Falun Gong – réprimé depuis 1999 – ou encore des paysans dépossédés de leurs terres.

Il fait partie d’un groupe d’environ 200 défenseurs des droits de l’Homme – avocats, juristes ou militants – interpellés à partir de juillet 2015 au cours d’une vague d’arrestations. La grande majorité d’entre eux a été relâchée. M. Wang était le dernier à n’avoir pas été libéré ou condamné.

Il a été « reconnu coupable de subversion de l’État, condamné à quatre ans et six mois de prison et déchu de ses droits politiques pendant cinq ans », a annoncé dans un communiqué le Deuxième tribunal populaire intermédiaire de Tianjin (nord de la Chine).

« Il n’a commis aucun crime, donc il ne devrait pas y avoir de condamnation », a réagi son épouse Li Wenzu à son domicile pékinois. « Je pense que les coupables, ce sont les autorités judiciaires, pas lui », a-t-elle dit à l’AFP.

Portant un sweat à capuche noir sur lequel est imprimé le nom et le visage de son mari, elle s’est dite « très inquiète » pour la santé de Wang Quanzhang, affirmant qu’il fera « bien sûr appel ».

Le cas de l’avocat avait suscité l’attention de plusieurs pays, notamment l’Allemagne dont la chancelière, Angela Merkel, avait rencontré sa femme au printemps dernier à l’occasion d’une visite à Pékin.

L’Union européenne a demandé lundi « la libération immédiate de Wang Quanzhang » et de ses collègues, ajoutant que son droit à un procès équitable n’avait pas été respecté. Dans un communiqué, une porte-parole de l’UE, Maja Kocijancic, a déclaré que les informations « inquiétantes » sur de mauvais traitements infligés à Wang Quanzhang « seraient équivalents à de la torture » s’ils étaient avérés, appelant Pékin à enquêter.

Après avoir été détenu au secret, Wang Quanzhang avait été officiellement inculpé de subversion en janvier 2016, un crime passible de la prison à vie.

Il avait finalement été jugé à Tianjin le 26 décembre dernier, mais à huis clos car « l’affaire comportait des secrets d’État », avait expliqué le tribunal. Son épouse avait été empêchée de quitter son domicile de Pékin pour se rendre au procès.

Celle-ci a effectué une intense campagne médiatique auprès des médias étrangers afin de soutenir son mari.

En décembre, elle s’était symboliquement rasé la tête. En avril, elle avait tenté une marche de 100 km, de la capitale vers le centre de détention où il se trouvait, afin d’attirer l’attention.

Elle a déclaré lundi qu’elle tenterait à nouveau de lui rendre visite la semaine prochaine à l’occasion du réveillon du Nouvel an chinois.

Des organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont vivement condamné le verdict annoncé lundi.

Pour Amnesty International, la peine de prison infligée à Wang Quanzhang est une « grave injustice ».

« Sa condamnation fait partie de la répression actuellement menée par le gouvernement chinois contre les avocats des droits de l’Homme », a déclaré à l’AFP Maya Wang, de l’ONG Human Rights Watch.

Wang Quanzhang ayant déjà passé plus de trois ans en détention, il devrait pouvoir sortir de prison « dans un peu plus d’un an », a écrit sur Twitter Doriane Lau, une chercheuse à Amnesty International.

D’autres avocats, juristes ou militants des droits de l’Homme interpellés à partir de juillet 2015 par les autorités chinoises ont été poursuivis pour subversion.

En décembre 2017, un tribunal avait condamné le dissident Wu Gan à huit ans de prison, l’un des verdicts les plus sévères prononcé à l’encontre des personnes arrêtées dans ce coup de filet.

Wang Quanzhang faisait partie du défunt cabinet d’avocats pékinois Fengrui, spécialisé dans les affaires sensibles : droits des paysans, camps de travail ou encore dissidents.

Les médias officiels l’avaient décrit en 2015 comme « un gang criminel » et accusé son fondateur et ses associés de « perturber l’ordre social ».

IM avec AFP

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