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Bretagne: la ville de Callac abandonne son projet contesté d’accueil de réfugiés

janvier 11, 2023 14:55, Last Updated: janvier 11, 2023 16:50
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Grenades lacrymogènes et menaces de mort: sous la pression, la municipalité de Callac a finalement renoncé à un ambitieux mais contesté projet d’accueil de réfugiés censé donner un nouveau souffle à cette commune rurale du centre-Bretagne.

Dans l’équipe municipale, « c’était tendu à un niveau inimaginable, c’était au bord de la rupture », a expliqué mercredi à l’AFP le maire (DVG) Jean-Yves Rolland. « Personnellement, j’étais pour le projet mais ce n’était plus tenable, le conseil municipal allait tomber. J’assume la décision d’arrêter. À un moment, il faut trancher », a-t-il estimé.

« C’est dommage qu’on en arrive là. C’était un projet humain d’une très grande valeur, sans doute très important pour Callac dans l’avenir », a poursuivi l’édile.

Le maire avait l’intention d’en informer ses administrés dans le prochain bulletin municipal mais l’information « a fuité », a-t-il déploré.

Abandon du projet « Horizon »

« L’équipe municipale, écrivait l’élu dans le bulletin à paraître, décide de mettre fin à sa collaboration avec le Fonds de dotation Merci! », un fonds privé avec lequel une convention avait été signée en avril dernier en vue de mener ce projet d’accueil dénommé « Horizon ».

Le maire y qualifiait l’année écoulée de « difficile » pour plusieurs raisons, notamment « à cause du projet Horizon qui a tant défrayé l’actualité à Callac depuis plusieurs mois ».

« Malgré cela, Callac est, et restera, une terre d’accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou pas », promet M. Rolland.

Depuis l’annonce du projet Horizon au printemps dernier, des élus ont été soumis à de multiples pressions, y compris des menaces de mort ou des atteintes à leur vie privée.

La municipalité sous pression

Deux manifestations, s’appuyant sur un petit groupe d’opposants locaux mais portées par l’extrême droite et notamment le parti Reconquête d’Éric Zemmour, s’étaient déroulées dans la commune de 2200 habitants. Elles avaient suscité à chaque fois des contre-manifestations de soutien au projet et de dénonciation de l’extrême droite.

Les forces de l’ordre étaient intervenues pour tenir les deux camps à distance.

« La population est plutôt âgée. Même s’ils n’étaient pas forcément contre le projet, des habitants ont pris peur » face à ces événements, analyse le maire. « C’est un échec, quelle que soit la décision qu’on allait prendre ».    

Dans la commune, l’ambiance était également tendue, selon plusieurs témoignages: des visages fermés, des gens qui ne se parlaient plus, des commerces que l’on ne fréquentait plus en fonction des prises de position du propriétaire…

Le projet visait à redynamiser ce bourg rural

Située à mi-chemin entre Guingamp et Carhaix (Finistère), Callac, en partenariat avec le Fonds de dotation, devait accueillir sur plusieurs années quelques dizaines de personnes reconnues comme réfugiées par l’État et bénéficiant d’une autorisation de séjour de longue durée sur le territoire français.

Grâce à divers équipements prévus, « Horizon » devait bénéficier autant aux habitants qu’aux étrangers accueillis.

Quant aux personnes accueillies, plusieurs dizaines d’emplois à pourvoir avaient été recensés.

Dans un communiqué, le Fonds de dotation (FDM) « regrette » la décision des élus et « dénonce la campagne de désinformation de groupes et de médias d’extrême droite visant à diviser la population et à déstabiliser le Conseil municipal ».

Évoquant une « campagne nauséabonde aux relents racistes et antisémites », le Fonds « exprime son soutien à tous les élus de Callac ».

« Les menaces et les intimidations de l’extrême droite n’arrêteront pas le FDM dans sa détermination à favoriser une société française accueillante et solidaire », affirme le mécène, qui exprime aussi sa volonté de « poursuivre son action en faveur de l’inclusion durable de personnes réfugiées en France, dans une logique de relance économique et sociale de territoires ruraux ».

Dans un tweet, Éric Zemmour s’est félicité de l’abandon du projet: « Je veux dire bravo à mes militants qui ont bataillé depuis le premier jour aux côtés de tous les patriotes pour empêcher ce funeste projet de répartition des migrants à Callac ».

Le projet visait à redynamiser ce bourg rural, qui a une longue tradition d’accueil de réfugiés depuis la guerre d’Espagne et a perdu plus de 1000 habitants depuis les années 60.

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