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En Israël, Netanyahu en route vers un « gouvernement d’urgence »

mars 27, 2020 14:54, Last Updated: mars 27, 2020 15:14
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La crise du coronavirus a-t-elle sauvé Benjamin Netanyahu? Chose certaine, l’urgence née de la pandémie a favorisé un rapprochement avec son rival Benny Gantz pour lui permettre de rester Premier ministre d’Israël, à la tête d’un futur « gouvernement corona », malgré des soucis juridiques.

Après plus d’un an de crise politique inédite et trois élections législatives, M. Gantz a décidé à la surprise générale de se rallier à M. Netanyahu afin de mettre sur pied un « gouvernement d’urgence » pour diriger Israël en temps de pandémie.

Arrêt sur images. Novembre 2019. La justice israélienne annonce l’inculpation pour corruption, sans jugement, de Benjamin Netanyahu, le plus pérenne des Premiers ministres de l’histoire d’Israël avec 14 ans au compteur du pouvoir.

Benny Gantz n’arrive pas à rallier une majorité

Le Premier ministre sortant, qui avait vu Benny Gantz le devancer lors des élections de septembre 2019 sans arriver à rallier une majorité, s’obstine et refuse un pacte avec son adversaire qui le chasserait du pouvoir le temps de régler ses démêlés avec la justice.

Plutôt que de se rallier, Benjamin Netanyahu préfère un nouveau duel électoral, qu’il remporte sans toutefois atteindre la majorité lors d’un scrutin tenu le 2 mars en pleine crise du nouveau coronavirus.

Mais les choses se précipitent. L’épidémie devient pandémie. Les cas se multiplient en Israël forçant la justice à repousser sine die le procès de Benjamin Netanyahu qui serait devenu le seul Premier ministre de l’histoire d’Israël en fonction en procès pour corruption, (ce n’est  pas prouvé.)

N’obtient pas un cabinet stable pour guider le pays

Benny Gantz, ancien chef d’état-major et chef de la coalition centriste « Bleu-Blanc », obtient le 16 mars le mandat de former le prochain gouvernement mais peine à rallier un nombre suffisant de députés pour accoucher d’un cabinet stable et guider le pays au temps du corona.

Jeudi, il a renoncé de facto au poste de Premier ministre en se faisant élire président du Parlement. Cela a ouvert la voie à la formation d’un gouvernement « d’unité et d’urgence » dirigé par M. Netanyahu et entraîné l’implosion de sa coalition formée il y a un peu plus d’un an.

« Bleu-Blanc est la plus jeune victime du coronavirus », résume le commentateur Ben Caspit dans les pages du quotidien Maariv, insistant sur la décision « difficile, brave et déchirante » de l’ancien général qui aurait sacrifié son ambition personnelle pour défendre le pays en temps de crise.

Netanyahu a dominé la vie politique d’Israël

Si la question du « pour ou contre » Netanyahu a dominé la vie politique en Israël au cours de la dernière année, la priorité de la population est aujourd’hui la lutte contre la maladie avec plus de 2.600 cas, dont huit décès, déjà recensés officiellement dans le pays ainsi que des pertes d’emplois.

La décision de Benny Gantz doit être comprise dans le contexte de la « fragilité » de la coalition centriste « Bleu-Blanc », qui n’est pas parvenue à accoucher d’un gouvernement après trois élections, et « du sentiment d’urgence lié au virus du PCC chinois », explique Udi Sommer, maître de conférence à l’université de Tel-Aviv.

Concrètement, « Bleu-Blanc » reste sur le champ de bataille politique, mais amputé. Cette coalition qui comptait 33 sièges, n’en a plus que 18, Benny Gantz ayant quitté la formation en apportant 15 députés au camp de Netanyahu avec lequel il peaufine les modalités de leur alliance.

« Nous devons nous unir pour le combat sacré du coronavirus »

Selon les observateurs, M. Gantz devrait remettre dans les prochains jours son mandat de former le gouvernement au président Reuven Rivlin qui le confiera aussitôt à M. Netanyahu. Fort de l’appui de M. Gantz, le Premier ministre sortant pourra alors jouir d’une majorité au Parlement et diriger un gouvernement stable.

« La population d’Israël exige de nous que nous nous unissions pour le combat sacré contre le coronavirus et ses effets » et demande aussi que nous « sauvegardions la démocratie », a déclaré M. Gantz jeudi soir, disant vouloir « renforcer » les institutions démocratiques d’Israël.

Mais pour Anshel Pfeffer, commentateur politique du journal Haaretz, un constat s’impose: après plus d’un an de combat et à l’heure du coronavirus, Benny Gantz est « fatigué », tandis que Benjamin Netanyahu « ne l’est pas ».

« Cela a pris 14 mois à Netanyahu pour épuiser Gantz, mais il y est finalement parvenu. »

 

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