Les « trois amigos » favorisent la coopération en ce qui concerne l’antimondialisation

5 juillet 2016 00:45 Mis à jour: 5 juillet 2016 00:51

OTTAWA – Devant la montée du courant antimondialiste, les dirigeants du Canada, du Mexique et des États-Unis ont déclaré avec conviction que la meilleure façon d’avancer est d’avancer ensemble.

Dans le Grand Hall lumineux et spacieux du Musée des beaux-arts du Canada, le premier ministre Justin Trudeau et les présidents Enrique Peña Nieto et Barack Obama ont également exprimé leur amitié mutuelle, vraiment digne des « trois amigos ».

Le président Obama, l’homme d’État le plus expérimenté des trois, appelait ses homologues par leurs prénoms. Cette camaraderie qui dépassait la cordialité était évidente durant toute la journée. Obama n’était également pas avare de mots durant ses interventions, probablement un reflet de l’expiration prochaine de son mandat.

« Nous sommes unis par les valeurs communes de démocratie, de pluralisme et de dignité humaine », a déclaré Barack Obama.

Quelques jours après le vote historique en faveur de la « Brexit », et pendant que Donald Trump menace de déchirer les accords de libre-échange, le Sommet des leaders nord-américains était optimiste pour une plus grande intégration.

C’était la première fois depuis 2007 que le Canada était l’hôte du sommet des « trois amigos ».

Avantages discutables

Un sondage du 27 juin de la firme Angus Reid démontre que seulement 25 % des Canadiens estiment que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) profite au Canada. Dans une proportion semblable, les autres individus sondés ne sont pas certains de ses effets sur le Canada ou croient qu’il est nuisible ou qu’il n’a pas d’effet.

Toutefois, dans un sondage électoral en 2015, 57 % des Canadiens ont indiqué qu’ils jugeaient qu’établir des liens commerciaux avec d’autres pays devrait être la priorité en matière d’affaires étrangères.

Étant donné la popularité de Donald Trump, il n’est peut-être pas surprenant qu’un sondage de Bloomberg en mars dernier démontre que 44 % des Américains estiment que l’ALÉNA est néfaste pour leur économie, alors que dans une proportion semblable les autres estiment qu’il est positif ou ils n’ont pas d’opinion.

Les « trois amigos » sont des grands partisans du Partenariat transpacifique, que M. Trump a qualifié de « viol de notre pays » lors d’une récente escale en Pennsylvanie. Il appelle à la renégociation de l’ALÉNA ou au retrait des États-Unis en faveur d’accords commerciaux bilatéraux.

Barack Obama n’est pas d’accord.

« Je crois profondément qu’en s’assurant que la manière avec laquelle nous faisons affaire et échangeons des biens est en accord avec les valeurs que nos trois pays chérissent sera bon pour nous », a-t-il affirmé.

« Lever le pont à bascule sera néfaste pour nous », a-t-il ajouté, mentionnant qu’il est important de ne pas faire de comparaison entre la Brexit et comment l’Amérique du Nord cherche à accéder aux marchés asiatiques à travers le Partenariat transpacifique.

M. Peña Nieto a indiqué que son pays est en train d’approuver le Partenariat et il a insisté sur le fait que l’isolationnisme n’est pas la solution. M. Obama a vanté comment il croit que le Partenariat va augmenter les standards pour les travailleurs et l’environnement. De son côté, M. Trudeau a affirmé que les industries qui exportent offrent des salaires 50 % plus élevés que celles qui n’exportent pas.

Les retombées n’ont pas atteint toute la société. C’est bien vrai. 

Enrique Peña Nieto

Partage inéquitable

MM. Obama et Peña Nieto ont critiqué le protectionnisme et l’antimondialisation. Ils ont toutefois reconnu que les avantages d’un marché plus libre n’ont pas été bien partagés. La fortune des plus riches a augmenté tandis que les salaires stagnent, a mentionné M. Obama.

« C’est tout un problème. Si ça continue, la cohésion sociale et le consensus politique nécessaires aux économies de marché libérales vont commencer à s’effondrer », a fait remarquer le président américain. C’est précisément ce qui semble se dérouler aux États-Unis avec M. Trump qui réussit à rejoindre un segment frustré de la population.

La prescription de se retirer d’accords commerciaux et de se concentrer seulement sur le marché local – c’est la mauvaise médecine.

– Barack Obama

« Les retombées n’ont pas atteint toute la société. C’est bien vrai », a mentionné le président mexicain.

« Mais utiliser le populisme et la démagogie – ils ont choisi la voie facile pour résoudre les problèmes du monde d’aujourd’hui. Ce n’est pas aussi facile que ça », a-t-il ajouté.

« La prescription de se retirer d’accords commerciaux et de se concentrer seulement sur le marché local – c’est la mauvaise médecine », estime Barack Obama. Il suggère que les usines d’automobiles fermeraient sans accès aux pièces venant d’ailleurs, ce qui provoquerait des pertes d’emplois et une perturbation économique.

Barack Obama souhaite que l’Amérique du Nord continue à travailler sur les accords commerciaux et à les améliorer. Autrement, d’autres pays vont combler le vide.

« Nous devons être actifs pour aider à modeler ces règles afin qu’elles fonctionnent pour nos travailleurs et nos entreprises. Si nous ne le faisons pas, la Chine va écrire les règles et elle n’a peut-être pas le même respect que nous pour les valeurs », a affirmé M. Obama.

« D’autres pays vont écrire les règles de manière à désavantager nos travailleurs et nos entreprises », a-t-il ajouté.

Le Partenariat transpacifique est perçu par le gouvernement canadien comme un outil important pour créer des emplois et pour augmenter la production industrielle et agricole nord-américaine.

« Nous continuerons à travailler avec diligence en vue de compléter nos processus nationaux respectifs à cet égard », indique un communiqué du Cabinet du premier ministre.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto, le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président des États-Unis Barack Obama, le 29 juin 2016 (Blair Gable)
Le président mexicain Enrique Peña Nieto, le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président des États-Unis Barack Obama, le 29 juin 2016 (Blair Gable)

Livrables

Un des objectifs du Sommet des leaders nord-américains est de faciliter les échanges entre les trois pays et leur permettre de produire des biens et services conjointement plus efficacement.

Une quatrième série d’amendements de l’ALÉNA visera à réduire les coûts des échanges en Amérique du Nord. Elle servira également à actualiser les modèles de sources d’approvisionnement et les pratiques de production afin que les produits soient conformes aux règles d’origine et qu’ils reçoivent un traitement préférentiel à l’exportation sous l’ALÉNA.

Les trois dirigeants ont également lancé le Plan de travail sur la compétitivité nord-américaine 2016. Quatorze nouvelles initiatives vont également suivre afin de réduire les coûts d’affaires, de favoriser l’innovation et de rejoindre les parties prenantes à travers la consultation.

La région nord-américaine représente plus de 25 % du produit intérieur brut (PIB) mondial avec une population totale de 530 millions.

« Je suis entièrement convaincu qu’en travaillant ensemble nous pouvons être la région la plus compétitive au monde », a déclaré M. Peña Nieto.

En 2015, les échanges trilatéraux en marchandises se sont élevés à mille milliards de dollars américains et le PIB combiné a plus que doublé au cours des deux dernières décennies, passant de 8 mille milliards en 1993 à 20,6 mille milliards aujourd’hui.

« En somme, nous allons faire davantage pour parler d’une seule voix nord-américaine sur la scène internationale. Nous ne pourrions avoir de meilleures partenaires que Justin et Enrique », a mentionné Barack Obama.

« Travailler ensemble sera toujours mieux que travailler en solitaire », a affirmé Justin Trudeau.

Version originale : Three Amigos Push Togetherness in Face of Anti-Globalizaton

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