Jean Moulin est devenu avec le temps « le symbole même de la Résistance »

Par Epoch Times avec AFP
18 juin 2023 16:11 Mis à jour: 18 juin 2023 16:11

Il y a 80 ans, le 21 juin 1943, Jean Moulin était arrêté à Caluire (Rhône). Torturé par le chef local de la Gestapo Klaus Barbie, il est mort peu après.

Celui qui a unifié les mouvements de résistance est devenu avec le temps « le symbole même de la Résistance », explique à l’AFP Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne et autrice de la biographie Jean Moulin l’affranchi (Flammarion).

« Avant Jean Moulin, il y avait des résistants ; après Jean Moulin, il y avait la Résistance », selon l’historien Henri Michel. Quel rôle a-t-il joué précisément ?

Dès leur première rencontre en octobre 1941 à Londres, Jean Moulin accepte de remplir les missions que lui confie Charles de Gaulle : faire reconnaître le général comme seul chef de la Résistance et obtenir une coordination de l’action des mouvements résistants. Il doit leur faire accepter de se défaire de leurs effectifs paramilitaires pour les fondre dans ce qui devient l’Armée secrète.

Quelle que soit la sympathie qu’ils pouvaient avoir pour le général, les résistants n’étaient pas, a priori, décidés à se placer sous ses ordres. La force de Jean Moulin, c’est d’avoir apporté, en même temps qu’un projet, des moyens financiers et logistiques.

Alors qu’il y a, en France et à l’extérieur, des rivaux potentiels, parfois soutenus par les Alliés, il donne corps, avec la création du Conseil national de la Résistance, à cette fédération de toutes les tendances de la Résistance qui ne reconnaît que le général comme chef.

« C’est un très grand bonhomme, grand de toutes façons », dit-il après sa première rencontre avec le général. Entre les deux, les choses n’étaient pourtant pas écrites à l’avance ?

Exactement. Ce sont deux hommes qui ont des origines familiales, des opinions et des parcours différents, voire divergents. Il n’y a pas, a priori, d’entente envisageable. Mais Jean Moulin part du principe que la France libre, le général de Gaulle sont alors ce qui représente le plus la France. Quant au général, il n’a pas tellement de hauts fonctionnaires à sa disposition. En termes d’efficacité, il a besoin de cadres expérimentés qui donnent du sérieux à son entreprise.

Dès leur première entrevue, ils sont impressionnés l’un par l’autre et d’accord sur les buts communs : la libération de la France et le rétablissement de la République.

Ça ne présage pas de ce qui se serait passé après la guerre mais Jean Moulin, homme très loyal, va se comporter comme le préfet qu’il a toujours été : il est le représentant de l’État et obéit aux ordres.

C’est une relation sans nuages contrairement aux tensions et dissensions qui pourront exister entre Moulin et certaines figures de la Résistance. Avec le général, il y aura toujours un accord fondamental et un soutien mutuel.

80 ans après sa mort, Jean Moulin est auréolé de son statut de héros incontesté. Comment est-il devenu un emblème de la République ?

Il y a eu des étapes. Juste après guerre, sa mémoire est portée fortement mais localement, dans sa région d’origine, le Midi, et dans les villes où il a été en poste. Il est une figure connue mais une figure parmi d’autres de la Résistance.

Le point de bascule, c’est évidemment son entrée au Panthéon, en décembre 1964, qui coïncide avec le 20e anniversaire de la libération de la France. À cause de la cérémonie et bien sûr du discours d’André Malraux, poignant et très vrai.

Jean Moulin prend alors un statut à part. Il est désigné au fond comme le premier des résistants.

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