OPINION

La Thaïlande : un paradis d’Asie du Sud-Est désormais dominé par la Chine

janvier 4, 2023 3:20, Last Updated: janvier 4, 2023 8:10
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Quelles images vous viennent à l’esprit quand vous pensez à la Thaïlande ?

Des îles sablonneuses, des palais royaux somptueux, des marchés de nuit animés et un temps magnifique.

Cependant, malgré toute cette beauté indéniable, la Thaïlande entretient un lien étroit et sinistre avec la Chine. Moi qui visite fréquemment le « pays du sourire », j’ai été choqué par l’influence de la Chine sur la Thaïlande. Et malheureusement, l’influence chinoise ne cesse de croître.

S’il y a une chose que les citoyens chinois aisés aiment faire, c’est acheter des quantités démesurées de biens fonciers et immobiliers. Jusqu’à récemment, Singapour était la destination privilégiée des acheteurs chinois de biens immobiliers en Asie du Sud-Est. Mais aujourd’hui, les Chinois s’intéressent surtout à la Thaïlande. L’année dernière, comme le rapportait The Nation Thailand, les ressortissants chinois étaient de loin les plus gros acheteurs de biens immobiliers en Thaïlande. Entre avril et juin 2022, par exemple, plus de 2000 unités ont été vendues. Cela représente une augmentation de 27,6 % par rapport à 2021.

Pour acheter une propriété à l’étranger, les potentiels acheteurs chinois doivent d’abord obtenir la permission des dirigeants à Pékin. Certains diront qu’il n’y a pas à s’inquiéter. Ils vous diront que le fait que des ressortissants chinois achètent des biens immobiliers dans un pays étranger ne pose aucun problème (même si les ressortissants de certains pays seront probablement plus avisés). Après tout, nous vivons dans un monde libre, et les ressortissants chinois sont libres de faire ce qu’ils veulent.

Cependant, les Chinois ne cherchent pas seulement à acheter des biens, ils cherchent aussi à acheter de l’influence. Si vous avez des doutes, permettez-moi de vous conseiller le China Index 2022, un rapport complet publié (en anglais) par le Doublethink Lab, basé à Taiwan. Sur les 81 pays évalués, la Thaïlande se classe quatrième en termes de vulnérabilité à l’influence chinoise. Le Parti communiste chinois (PCC) et les entreprises soutenues par le PCC exercent désormais un contrôle important sur les médias, le monde universitaire, la technologie, l’application de la loi, ainsi que sur la politique militaire et étrangère de la Thaïlande.

En d’autres termes, la Chine exerce un contrôle important sur tous les aspects de la société thaïlandaise. On ne saurait trop insister sur l’influence du PCC sur la Thaïlande, un allié clé des États-Unis. Bangkok, qui est un fervent partisan de la politique de la « Chine unique », organise régulièrement des exercices militaires conjoints avec Pékin.

Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Don Pramudwinai (R), place une fleur sur la veste du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, à la suite de déclarations à la presse lors d’une cérémonie de signature de protocoles d’accord au ministère thaïlandais des Affaires étrangères à Bangkok, en Thaïlande, le 10 juillet 2022. (Stefani Reynolds/Reuters)

Greg Raymond, spécialiste de la politique de l’Asie du Sud-Est, a récemment rappelé à quel point les liens entre la Thaïlande et la Chine sont incroyablement étroits. Les officiers militaires, les politiciens et les hommes d’affaires influents thaïlandais semblent travailler très étroitement avec Pékin. Il en va de même pour les forces de police thaïlandaises, qui ferment régulièrement les yeux sur l’aggravation de la crise de la drogue dans le pays.

Au moment où nous écrivons ces lignes, les autorités thaïlandaises luttent pour contenir une épidémie de méthamphétamine. En fait, la situation est si grave que même les moines bouddhistes sont devenus dépendants de cette drogue qui vous détruit l’âme. En novembre, tous les membres d’un petit temple bouddhiste de la province septentrionale de Petchaburi ont été testés positifs à la méthamphétamine. Les trafiquants de drogue chinois jouent un rôle important dans le trafic de méthamphétamine en Thaïlande. Pour ce faire, ils exploitent les frontières poreuses entre la Thaïlande et la Birmanie (communément appelée Myanmar), le Cambodge et le Laos.

Comme le fait remarquer M. Raymond, les profits du commerce illicite du traffic de drogue augmentant sans cesse, les chefs mafieux chinois disposent de capitaux qui leur permettent d’acheter des passeports et des propriétés en Thaïlande. Aidés par des agents d’immigration complaisants, les membres des triades chinoises – dont beaucoup sont spécialisés dans l’extorsion, la traite des êtres humains, la prostitution et la distribution de drogues dangereuses – sont autorisés à séjourner illégalement en Thaïlande. En outre, contrairement à ce prétend l’État, ces criminels ont des liens étroits avec Pékin.

Plusieurs commentateurs politiques de premier plan en Thaïlande affirment que les criminels chinois bénéficient du soutien inconditionnel d’hommes politiques et de législateurs de premier plan. C’est le cas depuis des décennies. Dans les années 1990, le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a publié un long rapport qui mettait en garde contre l’influence chinoise en Thaïlande. Les auteurs craignaient que ce ne soit qu’une question de temps avant que des personnalités influentes de Pékin ne cherchent à « exploiter » un certain nombre « d’élites thaïlandaises et de hauts fonctionnaires de la capitale ».

Les choses sont rendues encore plus complexes par les liens historiques étroits que la Chine et la Thaïlande entretiennent depuis longtemps. L’immigration chinoise en Thaïlande remonte au 13e siècle. Aujourd’hui, de tous les pays d’Asie du Sud-Est, c’est en Thaïlande que la population chinoise est la plus importante. Les Chinois de souche représentent entre 10 et 14 % de la population thaïlandaise. En outre, comme le dit M. Raymond, il y a une réticence des autorités à réprimer l’influence de Pékin, quelle qu’elle soit, « étant donné l’amour très médiatisé de la princesse royale Sirindhorn pour la Chine et les nombreux voyages qu’elle y a effectués ».

Il est clair que l’influence du PCC en Thaïlande est à la fois omniprésente et problématique. Qu’il s’agisse d’inonder le pays de stupéfiants (une situation bien connus des Américains avec le Fentanyl) ou d’arroser les élites politiques de pots-de-vin considérables, les Chinois ont une emprise considérable sur ce pays certes attrayant, mais dont la face cachée n’est pas reluisante.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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