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Les États-Unis et la Chine s’affrontent autour des terres rares indispensables pour la défense

septembre 25, 2021 2:51, Last Updated: septembre 25, 2021 2:51
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Depuis des années, la Chine domine le marché mondial de la production et du raffinage des terres rares, essentielles pour la défense, au détriment des autres pays.

À l’heure actuelle, la Chine contrôle 85 % de l’offre mondiale. Régulièrement, lors des négociations, le Parti communiste chinois (PCC) menace de couper l’approvisionnement des terres rares. Ainsi a-t-il voulu intimider les États-Unis, en 2021, lorsqu’ils vendaient des armes à Taïwan, ou le Japon, en 2013, lorsqu’il avait osé intercepté un bateau de pêche chinois dans ses eaux. À cette occasion, le PCC avait exigé que le capitaine du bateau soit relâché avant d’être interrogé. Auparavant, dans le cadre du conflit territorial autour des îles Senkaku, le PCC avait déjà eu l’occasion de mettre sa menace à exécution et avait interrompu l’approvisionnement du Japon en 2010.

Les États-Unis essayent de mettre en place leurs propres chaînes nationales d’approvisionnement en terres rares. Mais, pour l’heure, ils sont associés à un groupe chinois appelé Shenghe Resources, dont le principal actionnaire est un organisme gouvernemental. Le plus inquiétant étant que le ministère américain de la Défense finance ce partenariat. La Chine conserve de facto le monopole des chaînes d’approvisionnement.

Deux métaux faisant partie des terres rares, le dysprosium et le terbium, sont indispensables pour les technologies de défense. Ils sont également utilisés dans la fabrication des véhicules électriques. Deux autres, le néodyme et le praséodyme sont des plus difficiles à trouver. Ils sont utilisés dans les moteurs, les turbines et la technologie médicale. Le lanthane est utilisé dans les lentilles d’appareils photo haut de gamme, dans du matériel de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. L’europium phosphorescent est utilisé dans les lampes LED et les écrans plasma, ainsi que dans les barres de contrôle des réacteurs nucléaires.

Tout au long des années 1980, les États-Unis ont dominé le marché mondial des terres rares. Mais le secteur s’est déplacé vers la Chine, du fait de la pression exercée par les environnementalistes américains, et des coûts de main-d’œuvre plus faibles.

Le ministère américain de la Défense estime que la Chine a intentionnellement inondé le marché mondial de terres rares à moindre coût pour faire baisser les prix et forcer les Américains à abandonner la production.

Sur une photo prise le 5 septembre 2010, un homme conduisant un chargeur déplace de la terre contenant des minéraux de terres rares afin de la charger vers un port de Lianyungang, dans la province de Jiangsu, dans l’est de la Chine, et de l’exporter au Japon. Selon les experts, les restrictions imposées par la Chine aux exportations de terres rares visent à maximiser les profits, à renforcer ses entreprises de haute technologie et à obliger les autres pays à contribuer au maintien de l’offre mondiale. L’année dernière, la Chine a produit 97 % de l’offre mondiale de terres rares – un groupe de 17 éléments utilisés dans des produits de haute technologie allant des téléviseurs à écran plat aux iPods en passant par les voitures hybrides – mais elle ne possède qu’un tiers des réserves.  (crédit photo STR/AFP via Getty Images)

Le terbium, utilisé dans les aimants, est également un des plus difficiles à obtenir, c’est pourtant un des plus importants. Actuellement, l’extraction et la fabrication d’aimants sont centrées en Chine. C’est précisément le terbium qui se trouve au centre du bras de fer entre les États-Unis et la Chine, c’est son approvisionnement continu qui est en jeu. C’est particulièrement inquiétant, car en 2011, lorsque la Chine a restreint les exportations de terres rares, les tarifs ont grimpé en flèche. Tout dépend de la Chine, c’est elle qui fixe les prix et contrôle l’offre mondiale.

Il y a des gisements de terres rares dans le Wyoming, au Texas, en Californie. Une entreprise américaine, MP Materials, a acheté une mine en Californie en 2017, dans l’espoir de ramener la chaîne d’approvisionnement aux États-Unis. L’entreprise a reçu des fonds du ministère de la Défense et du ministère de l’Énergie. Mais l’un de ses plus gros clients, qui détient par ailleurs des parts dans la société, est le groupe chinois Shenghe Resources. Il livre les produits miniers en Asie, pour qu’ils soient traités.

La société australienne Lynas Corporation est un des grands acteurs en dehors de la Chine. Elle extrait en Australie et raffine en Malaisie. Un porte-parole de Lynas a souligné l’importance de créer des chaînes d’approvisionnement pour contourner la Chine. Cependant, une autre société australienne, RareX, n’a pas hésité à signer récemment un protocole d’accord avec Shenghe Resources.

Des gisements de terres rares existent dans de nombreux endroits, y compris en Europe, mais la plupart des pays manquent d’expertise et ne savent ni les extraire ni les raffiner. En outre, les réglementations environnementales empêchent parfois les pays occidentaux de pouvoir s’y essayer. Ces minéraux se trouvent souvent à proximité de dépôts radioactifs qui peuvent s’infiltrer dans les nappes phréatiques. La Chine n’est pas soumise aux mêmes contraintes écologiques, ce qui lui confère un avantage considérable.

Shenghe Resources est un outil du PCC pour contrôler l’approvisionnement mondial en terres rares. Le principal actionnaire de l’entreprise est un institut au sein de l’entreprise publique China Geological Survey. En 2019, Shenghe a annoncé un partenariat avec l’entreprise publique China National Nuclear Corporation (CNNC), un important producteur nucléaire en lien avec l’armée chinoise.

La société couvre toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement, de l’extraction au raffinage, jusqu’à ce que les métaux soient utilisables dans des produits de haute technologie. Shenghe noue des alliances dans le monde entier, notamment en Australie, au Vietnam, au Groenland et aux États-Unis.

L’Afghanistan abrite des terres rares d’une valeur de plus de 1 000 milliards de dollars, et il semble que le PCC courtise les talibans pour y avoir accès.

Dans un effort pour contourner la Chine, les États-Unis ont établi une chaîne d’approvisionnement en terres rares reliant l’État américain de l’Utah à la ville de Sillamae en Estonie. Le traitement effectué aux deux extrémités de la chaîne d’approvisionnement sera réalisé par deux entreprises, Neo Materials et Chemours. Mais celles-ci sont toutes deux très exposées à la Chine. Neo Materials est une entreprise non chinoise, mais elle réalise une grande partie de sa transformation et de sa production en Chine. Chemours possède trois sites de production en Chine, dont deux sont des coentreprises avec des partenaires chinois. Selon le China Daily, Chemours était en pourparlers avec des entreprises énergétiques publiques chinoises au sujet d’éventuelles collaborations.

La production de terres rares est extrêmement complexe et nécessite tellement d’étapes et d’acteurs qu’il pourrait être impossible pour un pays de se rendre complètement autosuffisant. Mais d’un autre côté, le PCC a déjà montré qu’il n’hésitera pas à couper l’approvisionnement des autres pays à sa guise. Enfin, une nouvelle législation chinoise sur le contrôle des exportations va bientôt s’appliquer aux terres rares. Elle permettra au PCC de resserrer son pouvoir de choisir qui peut en disposer et en quelle quantité. Par ailleurs, il est évident qu’en cas de guerre, la Chine ne vendra pas de terres rares à l’ennemi. Autant de problématiques qui soulèvent de sérieuses questions de sécurité.

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