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Les Serbes offrent un accueil triomphal à Poutine

janvier 17, 2019 16:39, Last Updated: janvier 17, 2019 16:49
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Vladimir Poutine a reçu un accueil de « superstar » jeudi à Belgrade lors d’une visite officielle en Serbie, principal allié de la Russie dans les Balkans. 

Cloches d’églises, coups de canon de cérémonie, marche de bienvenue de dizaines de milliers de Serbes drapeaux au vent sous un ciel d’hiver radieux, Mig-29 pour escorter l’avion présidentiel russe, rues et même fontaines pavoisées aux couleurs russes: les autorités serbes n’ont pas lésiné sur les moyens pour accueillir le « cher président Poutine », leur « cher ami », comme écrit sur les panneaux géants installés entre l’aéroport et le centre de Belgrade.

« Je suis ravi de pouvoir visiter la Serbie amicale, fraternelle, de parler de ce qu’on a déjà fait et de dessiner les perspectives de notre coopération ultérieure », a commenté Vladimir Poutine qui, à l’occasion de cette quatrième visite en Serbie, doit décorer son homologue Aleksandar Vucic de la médaille de l’ordre de Saint-Alexandre Nevski, haute décoration d’Etat russe.

Le défilé des Serbes venus de tout le pays doit les conduire jusqu’à l’église Saint-Sava, l’un des plus grands lieux de culte orthodoxe du monde, dont la rénovation a été en partie financée par le géant gazier Gazprom. Ils y acclameront en fin d’après-midi le président russe. Au-delà du lien historique, religieux et culturel avec leur « grand frère slave orthodoxe », les Serbes sont reconnaissants du soutien apporté par Moscou sur la question du Kosovo.

Belgrade refuse l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province méridionale, qui ne peut prétendre intégrer l’ONU en raison du véto russe. Vladimir Poutine est « le salut de la Serbie. L’Union européenne se décompose, quand nous y serons elle n’existera plus », commente Mitar Pekic, 66 ans, un général à la retraite, installé devant l’église Saint-Sava plus de six heures avant l’arrivée prévue de Vladimir Poutine.

Jelena Bogicevic, une retraitée « un peu plus âgée que Poutine », porte une pancarte souhaitant la « bienvenue à la légende Poutine »: « Je suis venu le prier pour qu’il nous aide à sauver le Kosovo. C’est une terre serbe et elle doit rester serbe ». Bien qu’aspirant à rejoindre l’Union européenne, Belgrade refuse de s’associer aux sanctions internationales imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée.

La chaleur de l’accueil belgradois n’occulte pas les revers récents de la Russie dans le reste des Balkans.  Moscou n’a pu empêcher le Monténégro de rejoindre l’Otan en 2017, un chemin qu’emprunte actuellement la Macédoine.  En cas de succès de Skopje, tous les pays frontaliers de la Serbie seront dans la sphère de l’Otan, à l’exception de la Bosnie.

La raison: le veto de la composante serbe de ce pays multi-communautaire, dont le chef politique, Milorad Dodik, coprésident de ce pays balkanique multi-communautaire divisé, doit avoir un aparté avec Vladimir Poutine. Dans la presse serbe, ce dernier a dénoncé mardi la volonté de domination des Occidentaux dans les Balkans, « un important facteur de déstabilisation ».

Pour Maxime Samoroukov, analyste en Russie du centre de réflexion de politique internationale Carnegie, la visite revêt toutefois plus d’importance pour la Serbie: « les Balkans en tant que tels, ont peu d’importance » aux yeux de Moscou et « la Russie ne se battra pas pour (y) maintenir » un rôle majeur.

La relation russo-serbe « est plus émotionnelle que rationnelle », relève à Belgrade l’analyste économique serbe Biljana Stepanovic. Selon une étude de décembre 2017 du gouvernement serbe, un quart des habitants (24%) désignent la Russie comme principal donateur à leur pays, une proportion identique affirmant que c’est l’UE.

Or, 75% des dons viennent de l’Union ou de pays membres, quand la Russie ne figure même pas dans les neuf premiers du classement.  En terme d’investissements directs et d’échanges commerciaux, la proportion est également en faveur de l’Europe.  Moscou a toutefois un atout: la Serbie importe de Russie les deux tiers de son gaz naturel et de son pétrole brut. Et le russe Gazprom détient la compagnie serbe de pétrole NIS.

D.C avec AFP

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