ARTS & CULTURE

Londres, terre d’exil pour des impressionnistes français

juin 26, 2018 18:17, Last Updated: juin 26, 2018 18:26
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Monet, Pissarro, Carpeaux, Rodin… Nombre d’artistes français se sont réfugiés à Londres après la guerre de 1870 et la Commune, constituant une petite communauté où les préoccupations de carrière le disputaient aux tribulations politiques. Une exposition inédite au Petit Palais. Lorsque survient la défaite contre la Prusse en 1870 et que Paris est bientôt à feu et à sang, la très grande majorité des artistes ont déjà quitté la capitale. Certains pour leur maison de campagne ou leur région natale, comme Millet. La déclaration de l’état de siège accélère le mouvement, vers Londres (Monet, Pissarro) mais aussi vers Bruxelles. Avec l’armistice, puis la Commune, ce sera le tour de Degas de partir pour la Normandie, de Manet pour les Pyrénées ou de Corot pour le nord de la France.

« De peintres et d’artistes, c’est à croire qu’à Paris, il n’y en jamais eu », écrit le 30 mai 1871 l’ami de Manet, Théodore Duret. Pourquoi la capitale britannique a-t-elle les faveurs des artistes exilés ? Elle est proche, mais pas facile d’accès. En phase avec les idées libérales, cette immense cité n’impose aucune restriction au séjour des étrangers et garantit la liberté d’opinion. En outre, elle abrite déjà une importante communauté française venue après le coup d’état de Napoléon III. Last but not least, son marché de l’art est particulièrement actif et le marchand parisien Paul Durand-Ruel est déjà installé dans cette métropole devenue le premier centre industriel mondial.

Le Londres où s’installent les artistes français, c’est celui de Charles Dickens, des gravures de Gustave Doré, enfumé, noyé dans le brouillard, « bien moins glamour que Paris », souligne Christophe Leribault, directeur du Petit Palais. « Londres, c’est un peu le Shenzhen de l’époque, ajoute-t-il, c’est évident à travers les œuvres de Charles-François Daubigny », qui avait déjà vécu outre-Manche. « Diable, ce n’est pas gai. On m’avait prévenu mais pas assez », s’inquiète le peintre François Bonvin à son arrivée à Londres.

Dès l’arrivé des futurs impressionnistes, le fleuve est leur sujet de prédilection. L’une des premières œuvres londoniennes de Monet, « La Tamise à Westminster », de 1871, recrée magistralement la luminosité de la brume voilant la silhouette du nouveau palais. Lors d’un deuxième séjour outre-Manche, l’homme de Giverny va réaliser la célèbre série du « Parlement de Londres », qui influencera André Derain. Pissarro va préférer peindre la campagne anglaise, traversée parfois par une locomotive crachant sa fumée.

Londres fut aussi aussi une terre d’exil économique pour des artistes privés de clients en France. Fidèle courtisan de Napoléon III, son mécène, le sculpteur Carpeaux reçut quelques commandes de riches Britanniques, comme Henry James Turner, mais ne parvint pas à s’imposer outre-manche avant sa mort en 1874.  Son élève Jules Dalou fut plus heureux : ses terres cuites liées à la famille ou à l’enfance connurent un franc succès pendant ses huit années d’exil.

Mais le plus en vogue des artistes français fut James Tissot – il avait anglicisé son prénom, Jacques-Joseph. Peintre à succès en France, il fut aussi très apprécié en Grande-Bretagne pour ses scènes de genre et sa vision de la bourgeoisie victorienne triomphante. « Les Impressionnistes à Londres » (jusqu’au 14 octobre) est organisée avec la Tate » de Londres. Elle réunit 140 oeuvres, dont beaucoup issues de collections britanniques. Le commissariat est assuré par Isabelle Collet, Carolyn Corbeau-Parsons (conservatrice à la Tate) et Christophe Leribault.

DC avec AFP

 

 

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