POLITIQUE

« L’UE cherche à ouvrir les frontières pour accepter le maximum de migrants », affirme Virginie Joron

décembre 21, 2023 11:27, Last Updated: avril 15, 2024 12:53
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Députée parlementaire et membre de la Commission spéciale Covid, Virginie Joron a également pu être témoin de différentes affaires au parfum de scandales émaillant le Parlement ou la Commission européenne ces derniers mois et années. Elle revient aujourd’hui pour Epoch Times sur ces différents dossiers.

Le média Politico a publié début décembre des leaks présentant une affaire de tentative de corruption du Parlement européen par le Qatar, le Maroc et la Mauritanie. L’article évoque notamment 3 millions d’euros dépensés par le Qatar dans l’objectif d’influer sur près de 300 décisions du Parlement européen. Un an après le scandale visant la député Eva Kaïli et son assistant, qu’évoquent pour vous ces nouvelles révélations ?

Vous l’avez dit, cela fait un an que cette affaire est sortie. En ce qui concerne Mme Kaïli, à cette époque où elle était interrogée par la police, elle se tenait plutôt en retrait. Aujourd’hui, elle a regagné le Parlement et a repris ses activités. 

Faisant partie de la Commission des Affaires juridiques, je peux vous dire qu’y a eu des demandes de levée d’immunité que l’on a effectivement acceptées, et qu’en parallèle des enquêtes, le procureur a dû être changé. Il y a donc eu des problèmes de procédure. Sur le fond, ce qui a vraiment changé pour nous, c’est que l’on a mis en place toute une batterie de règlements pour nous contraindre à encore plus de transparence, alors que nous étions déjà très surveillés et soumis à remplir des obligations. Les parlementaires doivent désormais se plier à des procédures encore plus contraignantes.

Je rappelle tout de même que ce sont les socialistes qui ont été pris la main dans le sac. Il n’y a eu aucune remise en question sur leur activité. C’est encore le cas de certains députés comme Maria Arena (dont le domicile a été perquisitionné et qui fait toujours l’objet d’une enquête par la justice belge, ndlr), qui est suspectée d’être l’alter ego de M. Panzeri. Elle est pour le coup encore députée européenne et continue d’exercer sans aucun problème, comme si de rien était.

Donc effectivement, on a ce scandale révélé par Politico. On voit bien qu’il y a des affaires de corruption qui ont eu un impact direct sur des affaires européennes, que c’est un système qui a été mis en place depuis longtemps.

Les socialistes étaient derrière, même si on l’ignorait, il n’y avait pas de preuves, de liens directs. Ils ont mis en place des associations, des ONG, par lesquelles certaines personnalités ont transité. Personne n’a posé de questions. On voit bien qu’il y a une espèce d’omerta. C’est-à-dire que si Politico n’avait pas évoqué le sujet, personne n’en aurait parlé et cela serait aujourd’hui derrière nous. La seule chose qui a changé pour nous, ce sont ces nouvelles obligations qui nous ont été imposées mais qui finalement étaient déjà existantes. 

L’ancien député M. Panzeri, visé par le scandale, avait supposément vanté à tord ses capacités d’actions au sein du Parlement. Le Qatargate révèle également un fonctionnement opaque des institutions, avec des prises de décisions démocratiques difficiles à comprendre pour les citoyens que sont censés représenter les députés…

Le Qatargate est un sujet grave car c’est tout un système mis en place sur un fond d’argent sale et d’influence géopolitique. Cela avait été mis en place depuis des années, avec en plus un système d’associations, d’ONG qui faisaient office de recycler certains anciens députés, certaines anciennes personnalités pour faire la promotion du Qatar. Il y a aussi d’autres États impliqués, comme le Maroc, la Mauritanie. 

La question de fond, c’est que l’on produit au Parlement des résolutions qui vont sanctionner des pays qui sont hors Union européenne. Le problème c’est que ce sont des résolutions qui n’ont pas de force juridique, mais elles ont un impact politique. Pourquoi le Parlement européen va-t-il, à un certain moment, faire une résolution pour condamner le Bahreïn parce qu’il considère que le pays ne respecte pas les droits de l’Homme ? 

Je l’ai vu à Lampedusa, j’y suis allé pour voir ce qui se passait sur place, pour enquêter. Ce n’est pas une passoire, on ne parle pas de quelques migrants qui arrivent à passer, non, c’est un couloir, c’est une autoroute.

Pourquoi le Parlement européen s’octroie-t-il le droit de condamner l’Égypte parce qu’il considère que le pays ne respecte pas les droits de l’Homme ? Est-ce le rôle du Parlement européen ? Parce que l’on se retrouve avec maintenant une myriade de lobbies qui veulent défendre certains intérêts. 

Du jour au lendemain, on peut lire dans la presse que Bruxelles a décidé de faire une résolution pour sanctionner le Bahreïn. Le pays n’a rien demandé et se retrouve avec une résolution qui le sanctionne. Il faut donc se poser la question pourquoi le Parlement européen s’octroie ce pouvoir. C’est la première problématique. C’est également la raison pour laquelle je considère que chaque État est souverain, que chacun est libre de faire sa propre politique. Si l’on commence à faire une liste, tous les matins on peut passer notre temps à sanctionner tel ou tel pays.

Voilà comment on en arrive à une situation de négociations. Le Qatargate, c’est cela : “Enlevez telle ou telle résolution pour nous”.  Pour éviter effectivement que tous les droits-de-l’hommistes attaquent et sanctionnent le Qatar, on en arrive à cette situation. Finalement, nous avons créé cette problématique, en nous donnant ce pouvoir. 

Le QatarGate ne démontre-t-il pas également l’inefficacité ou l’incapacité du parquet anti-corruption européen qui a été mis en place, quand on voit qu’effectivement, c’est un procureur belge qui a dû se saisir de l’affaire ? Certains députés européens dénoncent aujourd’hui un grand potentiel de pénétration du Parlement européen par des lobbies étrangers, par des États ou d’autres acteurs, partagez-vous ce constat ? 

Bruxelles, c’est le nid du lobbying et cela le restera. Un exemple, la Commission spéciale Covid dont je fais partie a demandé la levée des badges pour le laboratoire de Pfizer parce que l’on considérait que leur non-venue à une audition n’était pas correct. Nous avons demandé à ce que les membres de ces lobbies n’aient plus leurs accès, et cela a été refusé par la Commission. 

Pour résumer, il y a d’un côté les obligations individuelles des députés, nécessaires et utiles, et en parallèle, il y a une Commission qui n’applique pas les traités. Aujourd’hui, on pourrait effectivement aller devant la cour de justice européenne. C’est envisageable. Mais je pense qu’il faut d’abord négocier, dialoguer et c’est ce que fait la médiatrice européenne.

Et effectivement, ce parquet européen est assez inexistant. Je l’avais remarqué sur un sujet qui, pour moi, est encore plus significatif que le QatarGate. Même si l’on sait que c’est un sujet dangereux pour la démocratie, mais encore une fois, c’est la corruption de certaines personnes qui sont maintenant identifiées, et il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. 

Ce qui est ce qui est plus grave, d’après moi, c’est cette corruption autour du PfizerGate. Une corruption mise en place et acceptée par certains. J’utilise ici le mot “corruption” qui est grave, et qui est celui qui a été choisi par la médiatrice européenne la semaine dernière, suite à son enquête concernant la mauvaise administration de la commission.

Elle parle de lutte contre la corruption en faisant le lien avec ce scandale en filigrane du contrat Pfizer entre Mme Van der leyen, des SMS échangés avec M. Bourla, PDG de Pfizer, qui n’ont toujours pas été produits. 

Le travail de la médiatrice prouve que ce sujet ne doit surtout pas être enterré. Elle a présenté ce rapport en commission des libertés et lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Elle a également dénoncé le silence des médias mainstream sur la question. Alors encore une fois, je félicite les médias comme le vôtre, Epoch Times. Je félicite Politico pour son travail.

Le QatarGate est un énorme dossier. Mais d’après moi, c’est l’arbre qui cache la forêt, car le PfizerGate, ce sont des milliards d’euros qui nous engagent jusqu’en 2027, c’est de l’argent public. 

Vous vous êtes rendue à Lampedusa en septembre pour comprendre la situation lors de la vague migratoire en septembre. Il y a eu une tentative de négociation et un accord entre l’UE et la Tunisie qui a échoué, juste avant cette vague massive de migrants. Les sondages montrent qu’une majorité d’Européens (66% en France) sont opposés à une immigration non régulée, souhaitant voir une réduction de celle-ci. L’Union européenne est-elle réellement efficace sur l’immigration ?

En fait, l’Union européenne cherche simplement à ouvrir les frontières pour accepter le maximum de migrants. D’ailleurs on le voit dans le pacte des migrations. Le meilleur exemple c’est que si un État refuse un migrant, celui-ci devra payer 20.000 euros d’amende, donc il n’y a pas du tout une volonté de stopper les vagues migratoires. Je l’ai vu à Lampedusa, j’y suis allée pour voir ce qui se passait sur place, pour enquêter. Ce n’est pas une passoire, on ne parle pas de quelques migrants qui arrivent à passer, non, c’est un couloir, c’est une autoroute. On va les chercher aux rivages de la Libye, on ne détruit pas les canaux, on ne détruit pas les moteurs, on les ramène sur place et on leur donne tout ce qu’il faut pour qu’ils puissent après s’installer où ils souhaitent. 

Et c’est régulier, tous les jours c’est comme cela, rien n’est fait. Quand vous êtes à l’aéroport, vous savez quand vous passez une frontière qu’à un moment donné, vous avez à montrer vos papiers, tout est scanné. Là, on voit qu’il y a un passage de frontières mais il n’y a rien. Il n’y a pas du tout cette énergie de vouloir mettre en place un moyen pour après les renvoyer chez eux. 

Voici ce que j’ai vu à Lampedusa : il y avait le personnel, donc les douanes italiennes, la Croix-Rouge, normalement il aurait dû y avoir un agent de Frontex mais il n’était pas là. Et au passage, un ancien directeur français avait tenté, alors qu’il était en fonction, de repousser les bateaux. Il a été limogé. Il n’y a aucune volonté d’agir contre ces vagues, et finalement le droit européen donne des armes, des outils aux associations qui sont médiatrices, et également complices de ce qui se produit. Donc ce sont beaucoup de subventions en destination de toutes ces ONG qui interviennent avec des navires. D’ailleurs, il y a eu une résolution au Parlement qui a été présentée à l’époque par Raphaël Glucksmann qui voulait protéger les ONG. Heureusement elle a été refusée… mais il y a vraiment une volonté de favoriser ces vagues. 

Viktor Orban, qui souhaite mettre en place un mur, se retrouve aujourd’hui sanctionné. Toute sa politique est sanctionnée parce qu’il s’est un des seuls avec la Pologne qui refuse la mise en place du pacte d’immigration. Il faut le dire, c’est aussi grâce à la Pologne et la Hongrie que ce pacte d’immigration n’est pas encore mis en place, parce que depuis 2019 il est dans les tiroirs. Pour moi, ce pacte est une clé pour voir encore plus de migrations arriver sur notre continent.

Leurs positions nous protègent, d’une certaine façon. Ils bloquent la situation, mais c’est vrai qu’au Parlement européen les députés, la majorité des députés, hormis nous le groupe Identité et Démocratie, sont favorables aux migrations. 

J’ai constaté à Lampedusa que ce sont des migrants économiques, des migrants politiques. Maintenant, on parle même de migrants climatiques, pour essayer de faire encore mieux passer la pilule.

Un autre dossier important va être voté en février, le Digital Identity Wallet, un outil numérique disponible aux Européens stockant des données individuelles telles que l’identité, le permis de conduire, éventuellement une facilité de paiement et des données de santé. Faut-il s’interroger sur le fait que notre identité soit stockée sur des serveurs de Bruxelles avec des données aussi personnelles ?

Pour refaire un topo, le passeport d’identité européen numérique, ce ID Wallet est un outil qui va permettre au citoyen de regrouper sa carte d’identité, son permis de conduire, ses vaccins, ses dossiers médicaux. 

La Commission dit que c’est facultatif, non contraignant et que par exemple, cela permettra à un Français d’utiliser une ordonnance médicale en Italie. L’idée est belle sur le papier mais l’interrogation, c’est : qui va gérer ces données ? 

On sait que la gestion des données de santé, c’est de l’or. Le problème c’est que la plupart des data center sont plutôt américains et qu’une fois que c’est sous drapeau américain, ils peuvent disposer de nos données de santé comme ils l’entendent. Nous n’avons pas réussi à défendre la souveraineté des données, et donc leur protection. 

C’est ce que j’avais défendu en commission : il n’y a pas de problème si c’est de l’administratif, si cela reste optionnel et gratuit. En revanche, ayant travaillé dans les assurances pendant 20 ans, je sais ce que c’est de monter des contrats en assurance santé. Quand un assureur a un dossier médical sous les yeux, il peut savoir, connaître les maladies d’une personne, et donc en tant qu’assureur, il peut exclure untel ou untel, ou augmenter le prix de certaines garanties. 

Pour moi, les données de santé, c’est sacré. Pour rappel, nous avons bien vu avec le passeport sanitaire que l’on avait essayé de banaliser le dossier médical des personnes avec l’attribution et la vérification du statut vaccinal. On a banalisé pendant un an et demi l’état de santé des individus, tout cela pour aujourd’hui l’inclure dans ce Wallet, en nous vendant que c’est pour notre bien-être, pour nous faciliter la vie. Il ne faut pas oublier que l’on est encore dans un contexte de crise. Même si l’on n’en parle pas tous les jours, ce contexte de crise existe toujours, malgré le fait que la pandémie ne soit plus là, il y a encore aujourd’hui une stratégie vaccinale.

Nous avons eu un régime que je qualifierais d’autoritaire pendant la crise Covid. Le fait que l’on dispose d’outils contenant toutes ces données est problématique, d’abord parce que la gestion de ces données est ouverte au public et au privé, même si celui-ci est “certifié”. Si Microsoft gère nos données, cela reste quand même privé, même si c’est “certifié France”. On parle tout de même de données qui transitent par les États-Unis et qui sont après revendus à des assureurs, à des banquiers, à des recherches scientifiques, impossible de savoir… Tout est possible dans ce monde. Ces données de santé sont pour moi la ligne rouge. Pourquoi pas les diplômes, pourquoi pas les contrats de location, pourquoi pas la carte d’identité, mais pas les données de santé.

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