Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a accusé jeudi l’Azerbaïdjan d’ingérence en Nouvelle-Calédonie, alors que l’archipel est en proie à des émeutes inédites depuis 1988. La Russie mais aussi particulièrement la Chine mènent des actions de déstabilisation et d’ingérence.
Comme on lui demandait si ce pays, prorusse, ainsi que la Russie et la Chine faisaient de l’ingérence en Nouvelle-Calédonie, le ministre a répondu sur France 2 : « Sur l’Azerbaïdjan, ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité », en regrettant « qu’une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l’Azerbaïdjan ».
La polémique monte sur l’influence de l’Azerbaïdjan depuis la signature en avril d’un mémorandum de coopération entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait soulevé le 29 avril « l’ingérence extrêmement néfaste » de l’Azerbaïdjan : « Il ne m’avait pas paru évident que l’Azerbaïdjan avait un intérêt économique, politique, culturel ou sportif dans le Pacifique Sud », avait déclaré le ministre à la Commission des lois de l’Assemblée nationale, y voyant plutôt un partenariat « opportuniste ».
Soutien de la France à l’Arménie
L’Azerbaïdjan reproche à Paris son soutien à l’Arménie. L’Arménie avait renforcé sa coopération militaire avec la France du fait du désengagement de la Russie. Ce rapprochement s’est traduit par la signature de plusieurs contrats d’armement, ainsi que sur l’envoi de militaires français pour la formation de troupes à Erevan.
L’Azerbaïdjan avait déjà convié à Bakou en juillet 2023 les indépendantistes de Martinique, Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française. De cette conférence était né le « Groupe d’initiative de Bakou » qui vise à soutenir « les mouvements de libération et anticolonialistes français ».
L’eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui a présidé une commission du Parlement européen sur les ingérences étrangères, a également dénoncé sur Public Sénat « une tentative d’ingérence » de l’Azerbaïdjan « depuis des mois déjà ».
« Ce ne sont pas les acteurs étrangers qui créent la tension. Là, en l’occurrence, c’est une réforme constitutionnelle, c’est un problème interne. Mais ils se saisissent des problèmes internes pour mettre du sel sur les plaies et pour tendre la situation », a dénoncé la tête de liste des socialistes aux élections européennes du 9 juin. « Des régimes autoritaires comme la Russie, l’Azerbaïdjan, mais la Chine aussi saisissent la moindre faille dans nos sociétés pour polariser le débat public et pour créer le chaos », a-t-il souligné.
L’ingérence massive chinoise
Mais selon les conclusions du rapport de l’Irsem intitulé Les opérations d’influence chinoises, un moment machiavélien, il s’agit plus que de « mettre du sel sur les plaies » comme l’a noté l’eurodéputé Raphaël Glucksmann. Il y a la base une réelle volonté de déstabilisation via les mouvements indépendantistes. Selon l’Inserm, il est dans l’intérêt du régime chinois d’encourager des mouvements indépendantistes dans les îles du Pacifique Sud, afin de récupérer des parts de marché et fragiliser ses adversaires, écrit Ludovic Genin d’Epoch Times. Si la Nouvelle-Calédonie devient indépendante, elle sera de facto sous influence chinoise et assurerait notamment à la Chine son approvisionnement en nickel.
Un possible accord portant sur un projet minier porté par les indépendantistes associés à la Chine est source d’inquiétude, d’autant plus que l’association de l’amitié sino-calédonienne a été managée par deux directeurs de cabinet du président indépendantiste du Congrès, Roch Wamytan. « Nous n’avons pas peur de la Chine. C’est la France, pas elle, qui nous a colonisés », a déclaré M. Wamytan.
Comparativement aux ingérences de la Russie et de l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonnie, l’offensive la plus massive et la plus efficace reste celle du régime communiste chinois, qui a déjà réussi à déstabiliser les îles Vanuatu et Salomon et qui attend de récupérer la Nouvelle-Calédonie dans les prochaines décennies, malgré ses positions officielles rejetant toutes accusations d’ingérence.
Mercredi, le gouvernement a interdit en Nouvelle-Calédonie le réseau social chinois TikTok, largement utilisé par les émeutiers, sur fond de désinformation sur les réseaux sociaux venant de pays étrangers.
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