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Opinion

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Comment les droits de douane peuvent stimuler l’économie américaine et corriger le déséquilibre commercial avec la Chine

Les droits de douane imposés aux partenaires étrangers ont joué un rôle majeur dans la transformation économique de la Chine et pourraient devenir un levier essentiel de la reprise américaine.

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Un cargo entre dans le port de Qingdao, dans la province du Shandong, dans l’est de la Chine, le 13 octobre 2025

Photo: AFP via Getty Images.

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Durée de lecture: 11 Min.

L’idée communément admise veut que les droits de douane nuisent au commerce. Cela peut être vrai, mais pas systématiquement, et ils ont incontestablement contribué au développement de la Chine à plusieurs égards.

Avant d’entrer dans le cœur du sujet, un bref rappel de ce que sont les droits de douane s’impose.

Oui, les droits de douane peuvent faire monter les prix

En termes simples, les droits de douane sont un impôt que les entreprises étrangères doivent acquitter pour vendre leurs marchandises sur un marché cible, comme la Chine ou les États‑Unis. Dans la plupart des cas, les produits importés deviennent plus coûteux, car cet « impôt d’accès au marché » se répercute sur le prix final des biens vendus.

L’impact des droits de douane sur les prix se diffuse ensuite dans toute l’économie. Lorsque le prix de certains biens augmente, celui d’autres biens et services a tendance à suivre, les surcoûts liés aux droits étant successivement transmis des producteurs aux importateurs, puis aux distributeurs, grossistes, détaillants et revendeurs, avant de se retrouver, en bout de chaîne, sur la facture des consommateurs.

Pas toujours destinés à protéger les producteurs nationaux

Les droits de douane visent souvent à protéger les producteurs nationaux face à des concurrents étrangers bénéficiant de coûts salariaux plus faibles, de subventions publiques, d’économies d’échelle ou d’autres avantages. Les producteurs locaux ont alors tendance à augmenter leurs prix pour capter une marge plus importante, puisque leurs concurrents étrangers ont, eux aussi, relevé les leurs. Pour la plupart des biens, des prix plus élevés se traduisent généralement par une baisse de la consommation globale.

Dans le cas de la Chine, à la fin des années 1980 et durant toute la décennie 1990, il existait très peu de producteurs locaux capables de fabriquer ce que recherchaient les pays développés. La Chine ne produisait ni automobiles, ni meubles, ni ordinateurs, ni appareils électroménagers, de sorte qu’il n’y avait pas lieu de protéger des industries nationales qui, pour l’essentiel, n’existaient pas. Dans le même temps, les coûts salariaux dans les économies développées étaient élevés par rapport aux standards mondiaux, tandis que la Chine disposait d’une main‑d’œuvre abondante et peu chère, offrant des perspectives de profits considérables aux producteurs étrangers.

Et pourtant, Pékin a tout de même instauré des droits de douane. Les raisons en étaient multiples et solides.

Enlisée dans une profonde pauvreté héritée de son économie planifiée, la Chine a mis à disposition du monde développé son vaste réservoir de main‑d’œuvre en échange de technologies, de savoir‑faire et d’investissements directs. Elle a facturé des droits de douane dès l’entrée des biens sur son territoire, ce qui lui a permis d’engranger des recettes immédiates, bien avant que sa main‑d’œuvre bon marché et ses capacités industrielles ne montent réellement en puissance. Elle a ainsi accumulé des devises fortes dont elle avait un besoin vital.

La Chine, une opportunité d’affaires

Dans les faits, les entreprises étrangères ont payé à l’avance pour avoir le privilège de contribuer au développement de la Chine, espérant produire des biens bien moins chers que dans leur pays d’origine et, à terme, les vendre au vaste marché chinois une fois le niveau de vie local suffisamment relevé. Entre‑temps, les droits de douane appliqués aux biens d’équipement et aux produits importés ont offert à Pékin des recettes immédiates, considérables, sans que le pays ait, au départ, à fournir le moindre effort.

La logique s’apparentait à celle du plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale. Les industriels américains ne pouvaient pas vendre leurs produits à une Europe dévastée, qu’il fallait d’abord reconstruire pour qu’elle retrouve sa place dans l’économie mondiale. Les entreprises étrangères ont vu dans la Chine une opportunité d’affaires impossible à laisser passer.

La Chine a bouleversé l’économie mondiale

Ainsi, le passage de la Chine de l’isolement relatif au statut de centre de gravité manufacturier de la planète a profondément remodelé l’économie mondiale.

Pendant plusieurs décennies, des flux massifs de capitaux étrangers ont afflué vers la Chine sous forme de droits de douane et d’investissements directs, alimentant la croissance du pays tout en contribuant à l’érosion progressive des économies occidentales. Ces facteurs ont relevé le niveau de vie de centaines de millions de Chinois et doté le pays de la base industrielle, scientifique et logistique dont il dispose aujourd’hui, les droits de douane restant en place tout au long de ce processus.

Mais Pékin a également imposé des droits de douane « non conventionnels » à travers des politiques commerciales exigeant des entreprises étrangères qu’elles partagent leur propriété intellectuelle, leurs plans et même la propriété de leurs coentreprises avec des sociétés chinoises, dont beaucoup étaient des entreprises d’État ou le deviendraient par la suite.

Le vol de propriété intellectuelle, les transferts de technologies forcés et d’autres pratiques ouvertement hostiles imposées par le régime chinois à ses partenaires commerciaux ont constitué l’une des formes de « taxation » les plus lourdes jamais vues, poussant des entreprises à quitter la Chine ou à faire faillite après avoir été dépouillées de leurs technologies, de leurs procédés, de leurs brevets et de leurs capitaux.

En d’autres termes, la Chine communiste a traité le reste du monde comme elle traite sa propre population, mais avec un gain potentiel infiniment plus vaste.

Les partenaires de la Chine ont‑ils gagné de l’argent dans cette relation ? Sans aucun doute, pendant des années. Mais les partenaires commerciaux de Pékin, en particulier les États‑Unis et l’Europe, ont perdu une grande partie de leur base industrielle, de leurs emplois et de leurs chaînes d’approvisionnement domestiques en délocalisant leur production vers la Chine pour profiter de sa main‑d’œuvre à bas coût.

À l’inverse, en s’adossant aux économies les plus riches et les plus innovantes du monde et en captant, partout où cela lui était possible, leur richesse, leurs talents, leurs connaissances et leurs technologies, la Chine a bâti la puissance économique qu’elle est aujourd’hui.

Les droits de douane américains

Aujourd’hui, les États‑Unis, à leur tour, bousculent le commerce mondial à coups de droits de douane élevés imposés à leurs partenaires, qu’il s’agisse de la Chine, de l’Europe ou d’un grand nombre d’autres pays. Mais cette politique ne s’exerce pas dans le vide. Si l’on se penche sur quelques facteurs clés, le tableau qui se dessine est très différent de l’image négative que certains économistes associent traditionnellement aux droits de douane.

Ainsi, les entreprises du monde entier fuient la Chine pour toutes les raisons déjà évoquées, auxquelles s’ajoute le fait que des coûts salariaux plus bas sont désormais accessibles en Inde, en Thaïlande, au Mexique et dans d’autres pays.

De plus, si maladroits qu’aient pu paraître ces relèvements de droits, ils ont bel et bien ébranlé les certitudes qui structuraient jusque‑là la vision de la politique commerciale américaine dans l’économie mondiale. L’argument selon lequel les droits de douane nuiraient nécessairement au libre‑échange ne tient pas compte des différences entre économies nationales, des niveaux de subventions publiques, des tactiques commerciales agressives et de l’ensemble des autres asymétries.

Les partenaires des États‑Unis ont le choix

L’administration Trump propose désormais aux pays et aux entreprises un choix parfaitement clair. Ils peuvent soit accepter de payer des droits de douane élevés pour vendre leurs produits aux consommateurs américains, soit implanter des usines et investir directement sur le sol américain afin d’échapper à ces droits. Avec entre 7.000 milliards et 21.000 milliards de dollars de nouveaux accords commerciaux et d’investissements conclus avec l’Europe, le Japon, le Moyen‑Orient et d’autres partenaires, cette stratégie douanière semble porter ses fruits.

Cette approche s’appuie en outre sur le fait que les États‑Unis représentent plus de 30 % de la demande mondiale, disposent des marchés financiers les plus liquides, du système juridique le plus transparent et efficace, ainsi que d’un environnement réglementaire particulièrement favorable aux entreprises parmi les grandes économies développées.

Il apparaît de plus en plus clairement que les droits de douane constituent le « bâton » destiné à contraindre les partenaires commerciaux de Washington, tandis que les accords de libre‑échange et l’investissement direct aux États‑Unis jouent le rôle de « carotte » profitable à la fois à l’économie américaine et à celles de ses partenaires. En résumé, la stratégie douanière de l’administration Trump vise à mettre à profit la position des États‑Unis, à la fois première économie mondiale et marché le plus attractif, pour réorienter le commerce et les flux d’investissements vers le territoire américain, créant ainsi davantage d’emplois, une demande accrue de main‑d’œuvre nationale et plus de richesse et d’innovation.

Pour les partenaires commerciaux des États‑Unis, ce scénario s’avère bien plus gagnant‑gagnant que les relations déséquilibrées qu’ils ont subies pendant des décennies dans leurs échanges avec la Chine.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.