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Le Premier ministre libanais juge l’éventuelle normalisation avec Israël encore lointaine malgré un nouveau canal de dialogue
L’activité militaire et les tensions entre Israël et le Liban se poursuivent malgré l’accord de cessez le feu conclu en 2024.

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam marche parmi des soldats de l’armée libanaise lors d’une visite dans le village méridional de Khiam, près de la frontière avec Israël, après le retrait des forces israéliennes de la zone en vertu d’un accord de cessez le feu avec le Hezbollah, le 28 février 2025.
Photo: Rabih Daher/AFP via Getty Images
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a estimé que la normalisation des relations diplomatiques ou économiques avec Israël restait un horizon lointain, alors même que des responsables des deux pays se sont retrouvés dans le cadre d’un mécanisme soutenu par les États‑Unis et destiné à appuyer l’accord de cessez‑le‑feu de 2024.
S’adressant à la presse dans son bureau le 3 décembre, M. Salam a rappelé qu’il demeurait fidèle au plan de paix arabe de 2002, qui conditionne la normalisation avec Israël à la création d’un État palestinien, exigence que le gouvernement du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou rejette fermement.
« Les discussions économiques feront partie de la normalisation. La normalisation suivra la paix. Elle ne peut pas précéder la paix », a déclaré M. Salam, interrogé sur les déclarations israéliennes exprimant l’espoir de tisser des liens et de développer une coopération économique avec le Liban.
« Nous en sommes encore très loin. »
L’activité militaire et les tensions entre Israël et le Liban n’ont pas cessé malgré l’accord de cessez‑le‑feu de 2024, négocié par les États‑Unis et la France.
Israël conserve des positions dans le sud du Liban et mène des frappes aériennes contre ce qu’il présente comme des tentatives du Hezbollah de se réarmer et de préparer de nouvelles opérations contre l’État hébreu.
Réunion de Naqoura
Les déclarations de M. Salam interviennent alors que des représentants libanais, israéliens et américains se sont réunis le 3 décembre dans la ville côtière méridionale de Naqoura, au Liban.
Cette réunion s’inscrit dans le mécanisme de suivi mis en place par l’accord de cessez‑le‑feu de 2024, qui prévoit le retrait d’Israël du territoire libanais et confie à l’armée libanaise le démantèlement des fortifications du Hezbollah le long de la frontière.
La délégation israélienne était conduite par Uri Resnick, directeur adjoint de la division de la politique étrangère au Conseil de sécurité nationale. M. Netanyahou a présenté cette participation comme une première étape en vue de jeter les bases de relations et d’une coopération économique avec le Liban. M. Resnick était accompagné de Morgan Ortagus, conseillère du président américain Donald Trump pour le Liban, et de Simon Karam, ancien ambassadeur du Liban à Washington.
Leur présence, a indiqué l’ambassade des États‑Unis à Beyrouth dans un communiqué publié le 3 décembre, illustre l’engagement du mécanisme à « faciliter des discussions politiques et militaires en vue de parvenir à la sécurité, à la stabilité et à une paix durable pour l’ensemble des communautés touchées par le conflit ».
Aux termes de l’accord de 2024, il revient au Liban d’étendre le contrôle de son armée sur le Sud et de restreindre les activités du Hezbollah à proximité de la frontière. Washington a inscrit le Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes en 2014.
En août, le gouvernement libanais a autorisé l’armée à élaborer un plan visant à limiter la détention d’armes à six forces de sécurité reconnues d’ici la fin de l’année.
Cette décision a suivi la visite de l’émissaire américain Tom Barrack, qui a exhorté Beyrouth à reprendre la main sur l’ensemble des groupes armés présents sur son territoire.
À l’issue des discussions de Naqoura, l’ambassadeur américain Michel Issa a salué l’ouverture d’« un canal de dialogue ». Dans une déclaration datée du 3 décembre, il a estimé que la réunion traduisait « une volonté sincère de rechercher des solutions pacifiques et responsables, fondées sur la bonne foi ».
M. Issa a réaffirmé que les États‑Unis « se tenaient prêts à s’engager » dans de nouveaux efforts pour alléger les épreuves subies par les populations affectées.
Les services de M. Netanyahou ont indiqué que la séance s’était déroulée « dans une bonne atmosphère ». Dans son communiqué du 3 décembre, Israël a précisé avoir réaffirmé que « le désarmement du Hezbollah est une obligation, indépendamment de l’avancée de la coopération économique ».
Les participants sont convenus de tenir une nouvelle réunion de suivi.
Des tensions persistantes autour du cessez‑le‑feu
En dépit de la trêve, les frappes aériennes israéliennes se poursuivent.
Le 6 novembre, l’armée israélienne a indiqué avoir visé des positions du Hezbollah dans le sud du Liban, frappant ce qu’elle a décrit comme des infrastructures terroristes et des dépôts d’armes liés à la force Radwan du mouvement chiite.
Les Forces de défense d’Israël ont affirmé que les unités Radwan « continuent de reconstituer des infrastructures terroristes dans le sud du Liban dans l’intention de nuire à Israël », promettant de « continuer à éliminer toute menace contre l’État d’Israël ».
Le président libanais Joseph Aoun a condamné les frappes du 6 novembre, les qualifiant de « crime à part entière » et accusant Israël de violer le droit international humanitaire ainsi que la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

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