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Emmanuel Macron exhorte Xi Jinping à résorber un déséquilibre commercial jugé « insoutenable »

Le président français a également tenté de convaincre le Parti communiste chinois de soutenir un cessez le feu en Ukraine.

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Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de la 7ᵉ réunion formelle du Conseil d’affaires franco chinois à Pékin, le 4 décembre 2025.

Photo: Ludovic MARIN/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le président français Emmanuel Macron a appelé Pékin à rééquilibrer la relation commerciale à l’issue de ses entretiens avec le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, à Pékin.
« L’Europe et la Chine ont un rôle à jouer, aux côtés d’autres partenaires, pour jeter les bases d’une gouvernance économique mondiale équitable et solide, fondée sur des règles et non sur la loi du plus fort », a déclaré M. Macron lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Xi le 4 décembre.
M. Macron a estimé que l’Union européenne devait engager des réformes pour renforcer sa compétitivité. La Chine, a‑t‑il ajouté, devrait stimuler sa consommation intérieure tout en accroissant ses investissements directs dans l’UE, en particulier en France.
« Les déséquilibres qui s’accumulent aujourd’hui sont insoutenables, a poursuivi M. Macron. Ils font peser un risque de crises financières et hypothèquent notre capacité à croître ensemble. »
Le chef de l’État effectue une visite de trois jours en Chine, dont l’un des axes majeurs est le traitement du déficit commercial français vis‑à‑vis de Pékin, qui a presque doublé en une décennie.
Le creusement du déficit commercial avec la Chine est depuis longtemps un sujet de préoccupation pour l’UE. Sur les dix premiers mois de l’année, la Chine a exporté pour 461 milliards de dollars de marchandises vers l’Union, contre 219 milliards de dollars d’importations en provenance du bloc, selon les données des douanes chinoises ; l’excédent de 242 milliards de dollars représente près de 19 % de plus que sur la même période de 2024.
Au cours de leur rencontre, Xi Jinping s’est engagé à importer davantage de « produits de haute qualité » fabriqués en France et a encouragé M. Macron à approfondir la coopération avec la Chine dans l’aéronautique, l’intelligence artificielle et les biopharmaceutiques, selon le compte rendu chinois du sommet.
Des responsables des deux pays ont signé douze accords de coopération couvrant le nucléaire civil, les produits agricoles, l’éducation et d’autres domaines.
À l’issue du sommet, M. Xi et M. Macron ont également assisté à la cérémonie de clôture de la réunion du Conseil d’affaires franco‑chinois.
S’adressant aux représentants des milieux d’affaires des deux pays, M. Xi a affirmé que la Chine considérait la France comme « un partenaire économique et commercial important et indispensable », d’après le ministère chinois des affaires étrangères.
Tout en invitant Paris à favoriser la coopération entre la Chine et l’UE, M. Xi a assuré que « l’interdépendance » et « la convergence des intérêts » ne constituaient ni un risque ni une menace, selon la même source.
La visite de M. Macron intervient sur fond de tensions commerciales croissantes entre l’UE et la Chine, liées notamment aux subventions massives et au soutien politique accordés par Pékin à son secteur des véhicules électriques. Bruxelles a jugé que les pratiques commerciales du régime chinois portaient préjudice aux constructeurs européens et a, en octobre 2024, imposé des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques fabriquées en Chine.
En représailles, Pékin a fixé un prix plancher pour la plupart des cognacs français et infligé des droits provisoires sur le porc en provenance de l’UE. Le ministère chinois du commerce mène en parallèle une enquête antidumping visant les produits laitiers originaires de l’Union.
Plus tôt cette année, le PCC a introduit des contrôles drastiques à l’exportation sur les terres rares et d’autres métaux critiques, perturbant des chaînes d’approvisionnement mondiales essentielles à l’industrie européenne des semi‑conducteurs et de l’automobile et nourrissant, à Bruxelles, les appels à réduire la dépendance vis‑à‑vis de la Chine.

Le président français Emmanuel Macron s’adresse au dirigeant chinois Xi Jinping (hors champ) lors d’une rencontre à Pékin, le 3 décembre 2025. (Adek Berry‑Pool/Getty Images)

Ukraine

M. Macron a également cherché à convaincre le PCC de soutenir un cessez‑le‑feu en Ukraine.
S’exprimant aux côtés de M. Xi après leur entretien bilatéral, le président français a réitéré son appel, disant espérer que la Chine pourrait se joindre aux efforts de l’UE pour obtenir « dans les meilleurs délais, au minimum un cessez‑le‑feu prenant la forme d’un moratoire sur les frappes visant les infrastructures critiques ».
M. Xi n’a donné aucune assurance concrète, se bornant à affirmer que Pékin soutenait la recherche d’un accord juste et contraignant accepté par toutes les parties au conflit ukrainien.
En référence implicite aux critiques occidentales sur le soutien du PCC à l’effort de guerre russe, M. Xi a déclaré que la Chine s’opposait à toute « tentative de rejeter la faute sur autrui ou de salir d’autres pays ».
Bien que les responsables chinois assurent vouloir la paix, les États‑Unis et leurs alliés au sein de l’OTAN affirment que Pékin fournit à Moscou des machines‑outils, des puces et d’autres biens à double usage, civil et militaire, destinés à reconstituer le complexe militaro‑industriel russe. L’Ukraine accuse à plusieurs reprises le PCC de fournir des armes et de la poudre à canon à la Russie en pleine invasion.
M. Macron doit retrouver M. Xi le 5 décembre à Chengdu, grande métropole du Sud‑Ouest chinois connue pour son centre d’élevage de pandas géants. Le PCC est coutumier de la diplomatie du panda – dons ou prêts de ces animaux à des zoos en France, aux États‑Unis et dans d’autres pays – afin de soigner son image internationale.
Avec Reuters