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Sept habitudes simples qui transformeront votre écriture

Une écriture de qualité naît d’habitudes simples et pratiques, qui construisent précision, structure et intention, une phrase après l’autre.

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Se concentrer sur la clarté est l’une des bonnes habitudes d’écriture que vous pouvez cultiver.

Photo: Aaron Burden/Unsplash

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Durée de lecture: 11 Min.

« Je souhaiterais devenir l’un de vos rédacteurs. Comment puis-je commencer ? »

Ceci est un véritable courriel de candidature envoyé à une publication en ligne. Inutile de préciser que cette personne n’a pas été ajoutée à l’équipe éditoriale. Selon certaines estimations, la mauvaise qualité de l’écriture coûterait aux entreprises américaines près de 400 milliards de dollars chaque année. Elle a certainement coûté à cet aspirant auteur une collaboration potentiellement lucrative.

Les États-Unis font toutefois face à une crise de l’alphabétisation dont les implications vont bien au-delà des questions financières. Les Américains ne lisent ni n’écrivent aussi bien qu’autrefois, et cela nuit au monde de l’entreprise, à la politique, à la philosophie et à la communication interpersonnelle en général. Le déclin ne montre d’ailleurs aucun signe de ralentissement. En 2024, les scores moyens à l’ACT (test standardisé américain utilisé principalement pour l’admission à l’université, ndlr) ont atteint leur niveau le plus bas depuis 1990 (19,4). Cinquante-quatre pour cent des adultes lisent désormais en dessous d’un niveau de sixième, un phénomène qui se reflète également dans leur écriture.

De nombreux facteurs contribuent à cette chute du niveau de littératie — en particulier les technologies de communication numérique, qui encouragent des messages courts et négligés, dépourvus de grammaire, de ponctuation, de syntaxe et de profondeur de pensée adéquates.

Mais une influence essentielle, souvent négligée, réside dans le simple fait des mauvaises habitudes. Bien d’autres facteurs nous ont conduits à développer de mauvaises habitudes d’écriture, mais il est également vrai que ces mauvaises habitudes nourrissent et perpétuent le problème. Comme l’écrivait George Orwell dans son célèbre essai « Politics and the English Language » : « [notre langue] devient laide et imprécise parce que nos pensées sont confuses, mais la négligence de notre langue rend plus facile l’apparition de pensées confuses. »

Le philosophe Josef Pieper insiste lui aussi sur le lien entre langage et pensée. Dans son ouvrage Abuse of Language, Abuse of Power (Abus de langage, abus de pouvoir), il affirme : « Le mot et le langage forment le médium qui soutient l’existence commune de l’esprit humain en tant que tel. […] Si le mot se corrompt, l’existence humaine elle-même ne restera pas intacte ni préservée. »

Bonne nouvelle : les mauvaises habitudes peuvent être remplacées par de bonnes. Orwell a écrit : « Si l’on se débarrasse de ces habitudes, on peut penser plus clairement, et penser clairement est une étape nécessaire vers une renaissance politique. »

Voici donc sept manières de combattre les mauvaises habitudes et d’en cultiver de bonnes dans votre propre écriture. La santé de notre communauté en dépend.

Concentrez-vous sur la clarté

Nous écrivons pour communiquer quelque chose. Point final. Si un texte ne peut pas être compris aisément, il échoue à sa mission première. Un écrit doit servir son lecteur en rendant la compréhension fluide et sans effort. Cela implique d’adopter la perspective du lecteur et de garder en mémoire qu’il ne dispose pas de toutes les informations contextuelles ou idées connectées que vous avez en tête. Vous devez rendre explicites ces éléments, tant au niveau de la phrase qu’à celui du paragraphe.

Une mise en garde toutefois : « clarté » signifie des choses différentes selon les contextes. Si vous rédigez une thèse sur la philosophie postmoderne allemande, destinée à un public universitaire, votre écriture exige naturellement une grande complexité de pensée, une terminologie savante et une diction élaborée — tout en restant suffisamment claire pour ce lectorat. Mais si vous rédigez vos courriels professionnels comme une dissertation de philosophie allemande, vous cessez de communiquer clairement à votre public et dans le registre approprié.

Imaginez recevoir un email professionnel commençant ainsi : « Votre rapport de revenus se dissout dans une compréhension indifférenciée. Lorsqu’une chose est comprise tout en demeurant voilée, elle se dévoile par un acte d’appropriation, lequel s’accomplit toujours sous la guidance d’une perspective qui… »

Supprimez.

Les verbes forts sont un moyen infaillible d’améliorer votre écriture. (PeopleImages/Shutterstock)

Utilisez des verbes forts

Les verbes puissants améliorent un texte plus vite que n’importe quel autre élément. Le verbe porte le poids de la phrase, et un verbe vif crée généralement une impression plus marquante sur le lecteur qu’un adjectif ou un adverbe intéressant. Dans 100 Ways to Improve Your Writing (100 façons d’améliorer votre écriture), Gary Provost écrit : « [Les verbes] sont les dirigeants ; ils doivent être aux commandes. »

Il donne quelques conseils pratiques : « Affûtez le sens d’un verbe en étant précis. Transformez “regarder” en “fixer”, “contempler”, “scruter”, “jeter un coup d’œil” ou “regarder bouche bée”. Transformez “jeter/lancer” en “jeter d’un geste désinvolte”, “envoyer d’un coup sec” ou “projeter violemment”. Examinez attentivement les adverbes et méfiez-vous-en toujours. Tentent-ils de masquer un verbe paresseux ? La plupart des adverbes […] devraient être chargés dans un camion et conduits à la casse. »

Chaque fois que possible, remplacez les verbes faibles du type être par un verbe plus percutant ; par exemple : « L’annonceur est bruyant lorsqu’il est excité » devient « L’annonceur beugle d’excitation. »

Utilisez la voie active — la plupart du temps

J’ai tiré cette règle du livre de Gary Provost. Il y reformule la règle traditionnelle selon laquelle la voie active est préférable à la voie passive. Dans la voie active, le sujet accomplit l’action (« Le garçon lança la balle. »). Dans la voie passive, il la subit (« La balle fut lancée. »). La voie active apporte presque toujours plus de clarté, de vivacité et de force à votre écriture.

J’apprécie toutefois le fait que M. Provost précise « la plupart du temps », car certaines situations justifient la voie passive.

« Essayez d’utiliser la voix active. Mais sachez qu’il existe des moments où vous aurez besoin de la voix passive », conseille M. Provost. « Si l’objet de l’action est l’élément important, vous voudrez le mettre en avant en le mentionnant en premier. »

Suivez la structure MEAL

Comme une maison bien construite, un paragraphe solide a besoin d’une structure fiable. L’une d’elles est la structure MEAL : idée principale (main idea), preuves (evidence), analyse (analysis) et lien avec la thèse (link to thesis). Cette structure fonctionne particulièrement bien dans l’écriture argumentative ou académique, mais elle peut être adaptée à d’autres formes.

Vous commencez par l’idée principale que le paragraphe va démontrer, clairement énoncée d’emblée (souvent appelée « phrase d’accroche »). Ensuite viennent les faits essentiels ou preuves qui soutiennent ou illustrent cette idée. Puis vous fournissez votre analyse de ces éléments, montrant leurs relations et comment ils appuient l’idée principale. Enfin, vous concluez par une phrase qui relie l’ensemble et montre comment le paragraphe s’intègre à la thèse générale du texte.

Limitez-vous à une seule idée maîtresse

Un paragraphe n’est pas un amas arbitraire de mots posés sur une page. C’est une unité de sens.

Un bon écrivain divise ses paragraphes stratégiquement, selon les lignes de fracture naturelles du discours. En résumé, chaque paragraphe doit traiter que d’une seule idée.

Dès que vous vous aventurez sur un terrain nettement différent, il est temps de commencer un nouveau paragraphe (qui s’appuiera sur le précédent tout en demeurant distinct).

Coupez les mots lorsque c’est possible

J’ai adapté l’une des règles d’Orwell concernant la bonne écriture. Dans sa version originale, il recommande de supprimer « toujours » un mot inutile. Je pense toutefois que cela limite excessivement la liberté stylistique et la diction poétique. Et puis, comment définir un mot inutile ? Parfois un terme n’est pas indispensable au sens de la phrase mais nécessaire à son rythme, à sa musicalité ou à son style. Malgré tout, son principe reste valable : nous utilisons souvent huit mots pour dire ce que quatre suffiraient à exprimer. Cela conduit à des phrases confuses et alambiquées. Moins, c’est mieux.

Développer une oreille poétique peut aider à affiner votre sens du rythme. (Ben White/Unsplash)

Lisez de la poésie

Pour ajouter élégance et rythme à vos phrases, lisez de la poésie. Ce sens du lyrisme ne peut s’acquérir que par l’expérience et l’écoute, qui se développent au contact d’un grand nombre de textes poétiques. Vous ne pourrez pas vous tromper avec les classiques parmi lesquels : Pierre de Ronsard, Molière, Jean de La Fontaine, Victor Hugo, Paul Verlaine, Charles Baudelaire ou encore Alfred de Musset.

Walker Larson enseigne la littérature et l'histoire dans une académie privée du Wisconsin, où il réside avec sa femme. Il est titulaire d'une maîtrise en littérature et langue anglaises, et ses écrits sont parus dans The Hemingway Review, Intellectual Takeout, et dans son Substack, "TheHazelnut".

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