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Taïwan et le Japon alertent sur l’intensification de l’activité militaire chinoise dans les eaux d’Asie de l’Est
Taïpei a annoncé 40 milliards de dollars supplémentaires de crédits de défense afin de contrer l’accélération des préparatifs chinois en vue d’une possible unification forcée.

Des avions de combat J15 sur le porte-avions chinois Liaoning, lors d'un exercice en mer, le 24 avril 2018.
Photo: /AFP via Getty Images
Taïwan et le Japon ont exprimé, le 5 décembre, leurs inquiétudes face à ce qu’ils décrivent comme une forte hausse des opérations militaires et de garde‑côtes chinoises dans les eaux d’Asie de l’Est.
La porte‑parole de la présidence taïwanaise, Karen Kuo, a indiqué à des journalistes à Taïpei que le président Lai Ching‑te avait demandé aux services de sécurité de l’île de maintenir une vigilance constante, face à ce qu’elle a décrit comme une activité chinoise étendue, qui ne se limite pas au détroit de Taïwan.
Selon Mme Kuo, les déploiements s’étendent « de la mer Jaune jusqu’aux eaux proches des îles Senkaku disputées, en mer de Chine orientale, puis en mer de Chine méridionale et dans le Pacifique occidental ».
Mme Kuo a déclaré que de tels mouvements « représentent effectivement une menace et ont un impact sur l’Indo‑Pacifique et l’ensemble de la région ». Elle a ajouté que Taïwan appelait la Chine « à assumer ses responsabilités de grande puissance et à faire preuve de retenue dans ses actions ».
Elle a précisé que M. Lai avait chargé les organes de sécurité nationale de fournir des informations en temps réel et de travailler en étroite coopération avec des « partenaires amis » non précisés afin de préserver la stabilité régionale.
Le 4 décembre, M. Lai a de nouveau affirmé, dans un message publié sur X, que Taïwan était prête à renforcer sa défense. « Tout en aspirant à la paix, nous ne nous berçons d’aucune illusion », a‑t‑il écrit, en indiquant que Taïwan renforcerait ses capacités « grâce à un nouveau budget spécial de défense et à une coopération plus étroite » avec des partenaires tels que les États‑Unis afin de « renforcer la dissuasion et préserver la paix régionale ».
Le mois dernier, M. Lai a annoncé 40 milliards de dollars supplémentaires de dépenses de défense pour contrer l’accélération des préparatifs chinois en vue d’une possible unification forcée d’ici 2027, que Taïpei rejette.
Le président américain Donald Trump a promulgué, le 2 décembre, une nouvelle législation bipartite sur Taïwan.
Le Taiwan Assurance Implementation Act oblige le département d’État américain à réexaminer et à actualiser au moins tous les cinq ans les lignes directrices encadrant les relations américaines avec Taïwan, afin de renforcer les liens entre Washington et l’île.
M. Lai a salué cette décision, tandis que le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré qu’il « s’oppose fermement à toute forme d’échanges officiels » entre Washington et ce qu’il désigne comme la « région de Taïwan de la Chine », selon un compte rendu du porte‑parole Lin Jian.
Le Japon suit la situation de près
À Tokyo, le ministre japonais de la Défense, Shinjiro Koizumi, a indiqué le 5 décembre que le Japon avait connaissance de rapports faisant état de déploiements chinois d’envergure en mer de Chine orientale.
S’adressant à la presse, il a refusé de commenter les détails, mais a précisé que les Forces d’autodéfense observaient les mouvements chinois « avec la plus grande attention ».
« La Chine étend et intensifie ses activités militaires dans les zones entourant le Japon », a‑t‑il déclaré, ajoutant que le Japon s’efforce « en permanence de recueillir et d’analyser avec une grande attention les informations relatives aux mouvements militaires chinois ».
M. Koizumi a indiqué que le gouvernement continuerait de suivre la situation « avec une profonde inquiétude » et de garantir des opérations de reconnaissance et de surveillance approfondies.
Les relations entre la Chine et le Japon sont soumises à de nouvelles tensions à la suite de déclarations faites le mois dernier par la Première ministre japonaise, Sanae Takaichi.
Le 7 novembre, elle a déclaré qu’un blocus ou une attaque hypothétique de Taïwan par la Chine, située à un peu plus 100 kilomètres du territoire japonais, pourrait constituer une « situation menaçant la survie », un terme juridique susceptible de permettre au Japon de mobiliser ses Forces d’autodéfense.
Dans une lettre datée du 21 novembre et adressée au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, l’ambassadeur Fu Cong, représentant permanent de la Chine auprès des Nations unies, a qualifié ces propos de « première menace de recours à la force contre la Chine » émise par le Japon depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Japon a répondu, dans ce même courrier, en réaffirmant que sa politique de défense était « strictement défensive », rejetant les accusations de Pékin.
L’armée chinoise n’a pas commenté les déploiements signalés. Mais le porte‑parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a affirmé lors d’un point de presse quotidien, le 5 décembre à Pékin, que les opérations de la marine et des garde‑côtes chinois dans les « zones maritimes concernées » respectaient le droit national et le droit international.
Frank Fang a contribué à la rédaction de cet article.
Avec Reuters

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