COVID-19

Un médecin en réanimation : « Je suis pour laisser vivre les gens qui ne sont pas à risque »

mars 6, 2021 7:14, Last Updated: mars 7, 2021 8:46
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En tant que chef de service en réanimation à la clinique d’Occitanie à Muret (Haute-Garonne), Patrick Lafforgue explique son point de vue sur la politique sanitaire du gouvernement, qu’il n’approuve pas.

Dans une longue entrevue accordée à France 3, le médecin sort du silence alors que cela fait « plus d’un an que nous avons du recul sur cette pandémie » et explique pourquoi il a décidé de ne plus participer aux réunions hebdomadaires des chefs de service de réanimations avec l’Agence régionale de santé d’Occitanie ainsi que les autres services de l’État.

« L’âge médian des personnes qui sont mortes du Covid est de 81 ans. Plus de 50 % des patients qui décèdent du Covid ont plus de 84 ans. Plus de 98 % des patients qui ont une sévérité ont plus de 50 ans. Quand on regarde ces statistiques, les moins de 50 ans sont très peu touchés et sous des formes moins graves », détaille le médecin, qui rappelle que 60 % de la population française a moins de 49 ans.

Pour cette raison, et en vue des conséquences sanitaires, psychologiques, éducatives « catastrophiques » des mesures mises en place par le gouvernement, Patrick Lafforgue propose « d’assouplir les mesures pour les moins de 50 ans et de les intensifier pour les personnes de plus de 50 ans avec comorbidités ou à risques ».

« Aujourd’hui, on pratique la politique de la peur. On sensibilise les gens en disant qu’ils risquent de mourir et surtout de transmettre la mort. On maintient ce climat social délétère », remarque le chef de service, assurant qu’« on ne peut pas vivre comme ça sur le long terme. »

Le médecin remet donc en question les mesures liberticides : « Je ne suis pas favorable à un confinement total, mais pour laisser vivre les gens qui ne sont pas à risques. Ça ne veut pas dire qu’il faut mettre les autres dans des pièces closes et sans lumière ! Si vous avez 84 ans, que vous êtes en maison de retraite et que vous ne voulez pas porter le masque mais embrasser vos petits-enfants, vous avez le droit de le faire. »

En matière sanitaire, les dégâts collatéraux sont nombreux. « On essaie d’éteindre l’incendie dans le jardin alors que la forêt est en train de brûler derrière nous et on ne le voit pas », assure le médecin spécialisé en réanimation. Il invoque par exemple les examens préventifs en matière de cancer ou de maladies cardiovasculaires telles que le syndrome coronarien qui ont été reportés. « Tout ceci aura des conséquences dans un deuxième temps. »

Par ailleurs, les mesures prises par le gouvernement contre le Covid-19, aussi appelé virus du Parti communiste chinois, ont eu pour conséquences que « plus d’un million de personnes sont passées sous le seuil de pauvreté en décembre 2020, jamais le taux de suicide n’a été aussi haut, les étudiants sont livrés à eux-mêmes ». Il est donc important d’« adapter et ajuster » ces mesures, selon le médecin qui estime qu’« il est temps de changer de stratégie ».

Si on supprimait les mesures de restriction pour les moins de 50 ans, le Dr Patrick Lafforgue ne pense pas que les services de réanimation seraient saturés pour autant : « Statistiquement, il y aura sans doute davantage de cas de Covid mais pas nécessairement plus de formes graves. »

Par ailleurs, le médecin réanimateur rappelle que la France ne dispose que de 5 000 lits en réanimation et près de 6 000 lits en soins continus. « C’est beaucoup moins que dans d’autres pays comme l’Allemagne », remarque-t-il. « Il faut se donner des moyens. » Par exemple, il suggère de revaloriser les salaires des infirmières – qui sont payées beaucoup moins que dans bien des pays de l’OCDE – pour éviter d’être aussi limités en ressources humaines. « Ça coûterait moins cher que de paralyser l’économie », estime-t-il.

Le point de vue du chef du service de réanimation, s’il est contraire à celui du gouvernement à bien des égards, ne l’est pas sur tous les aspects. Par exemple, il se dit ouvertement pro-vaccin, même si sa stratégie vaccinale aurait été différente si on l’avait consultée.

« Je ne dis pas que le Covid ce n’est pas grave », explique Patrick Lafforgue. Toutefois, si la stratégie gouvernementale ne change pas, il prédit qu’« il y aura des conséquences lourdes pour nous et surtout pour nos enfants ».

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