«Même les anciens disent qu’ils n’ont jamais vu autant de sel aussi tôt!»: de Guérande à Noirmoutier, une année exceptionnelle pour les paludiers

Par Nathalie Dieul
5 août 2022 11:42 Mis à jour: 5 août 2022 11:42

Alors que nous ne sommes qu’au début du mois d’août, la saison 2022 de la récolte de sel s’avère déjà exceptionnelle de Guérande à Noirmoutier, « au‑delà des volumes produits historiquement ». Les producteurs de sel s’en réjouissent bien sûr, mais ils sont aussi épuisés par une récolte qui n’a pas vraiment cessé depuis le mois de mai.

Du soleil, un temps sec sans pluie, et surtout du vent qui permet de déshydrater la couche supérieure de l’œillet et donc de cristalliser la fleur de sel : c’est le combo parfait pour obtenir une saison exceptionnelle.

« On va au‑delà des volumes produits historiquement », remarque sur France 3 Joël Piau, directeur de la coopérative des producteurs de sel (section Noirmoutier).

La saison a commencé « relativement tôt » avec les premières récoltes fin avril, puis « une production assez bonne en mai », résume Joël Piau. Après ce début de saison prometteur, il y a eu une petite pause due à un épisode orageux en juin, suivie d’une période intense qui n’a jamais pris fin depuis.

À Guérande, les marais salants produisent du sel depuis 30 jours sans discontinuer, rapporte L’Écho de la presqu’île de Guérande et de Saint‑Nazaire. Vu que la pluie n’est pas attendue avant au moins deux semaines, les paludiers ne sont pas près de pouvoir se reposer.

« L’équivalent de deux saisons en une »

Alors que la production de sel est en moyenne de 1,35 tonne par œillet pour une saison entière, la coopérative Le Guérandais estime que chaque œillet (bassin pour récolter le sel) en a déjà produit deux tonnes à ce stade de la saison.

« Même les anciens disent qu’ils n’ont jamais vu autant de sel aussi tôt ! J’ai déjà l’équivalent de deux saisons en une et on n’est que le 2 août ! » assure Pascal Donini, producteur de sel à Batz‑sur‑Mer depuis plus de 20 ans.

Épuisement et burn‑out

Ces bonnes nouvelles ne vont pas sans un certaine certaine pression et, surtout, de l’épuisement du côté des paludiers et des sauniers travaillant d’arrache‑pied sept jours sur sept (au sud de la Loire, on dit saunier, au nord de la Loire, on utilise le terme paludier).

« On est tous fatigués et la chaleur n’arrange rien », remarque Christophe Annhamein, paludier à Guérande. Les producteurs de sel, pour la plupart, se lèvent très tôt le matin, font une pause aux heures les plus chaudes, et retournent travailler jusqu’en soirée. Mais en ce moment, la sieste de l’après‑midi ne suffit pas à compenser le manque de sommeil.

Pascal Donini connaît d’ailleurs des paludiers de Guérande en burn‑out.

Des conditions difficiles

Les paludiers et les sauniers sont sous pression à force d’avoir tant de sel à récolter. « Quand il fait chaud trop longtemps, ça cristallise mal et ça fait du sel fin qu’on a du mal à ramasser », explique Gwenaël Rio.

Un ciel voilé ou dégagé changera le moment où le producteur pourra récolter la fleur de sel dans la journée. « S’il y a de la fleur de sel, je suis débordé », explique Pascal Donini, qui ne sait jamais à l’avance à quoi s’attendre.

Les agriculteurs de la mer ont toutefois la chance de pouvoir stocker leur production en prévision d’une moins bonne année, puisque le sel se conserve. Certains, comme Christophe Annhamein, s’inquiètent tout de même des conséquences de telles températures pour leurs confrères, les agriculteurs de la terre.

« Beaucoup ont déjà perdu leurs récoltes », se désole‑t‑il. « Et ça va poser de vrais problèmes alimentaires, on ne se nourrit pas avec une assiette de sel. »

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