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La mort soudaine de l’ancien maire de Shanghai attire l’attention sur les dissensions parmi les dirigeants chinois

avril 19, 2021 16:27, Last Updated: avril 19, 2021 16:27
By Jennifer Zeng et Shawn Jiang

À l’approche du XXe congrès du Parti communiste chinois (PCC), la mort de Yang Xiong, l’ancien maire de Shanghai, attire l’attention sur les luttes de pouvoir au sein du PCC, surtout celles entre l’actuel dirigeant Xi Jinping et son prédécesseur Jiang Zemin.

Le XXe congrès du Parti communiste chinois se tiendra à l’automne de l’année prochaine. Il a lieu tous les cinq ans pour désigner le prochain chef de l’État.

Selon la chaine publique du PCC, Yang Xiong est décédé d’une crise cardiaque à l’hôpital Huashan à Shanghai dans la nuit du 11 au 12 avril, à l’âge de 68 ans.

Selon l’ancien président et principal éditeur de Shanghai Eastday Co, Xu Shiping, cité dans le Sing Tao Daily de Hong Kong, Yang Xiong a été envoyé à l’hôpital vers 22 heures le 11 avril. Puis, environ deux heures plus tard, il a été déclaré mort. Enfin l’hôpital a confirmé qu’il s’était éteint des suites d’une crise cardiaque.

Yang Xiong affilié au camps de Jiang Zemin

Yang Xiong est né en novembre 1953 dans la ville de Hangzhou, dans la province du Zhejiang. Selon certains médias de langue chinoise établis à l’étranger, son ascension au poste de maire de Shanghai n’a été rendue possible que grâce aux « deux Jiang » – à savoir l’ancien dirigeant Jiang Zemin et son fils aîné, Jiang Mianheng.

Yang Xiong fut le subalterne de Jiang Zemin à l’époque où ce dernier occupait le poste de secrétaire du comité municipal de Shanghai. Il fut aussi le confident et l’homme de main de Jiang Mianheng. Les habitants de Shanghai soupçonnaient Yang Xiong de n’être, en tant que maire, qu’une marionnette aux ordres de Jiang Mianheng, le vrai chef.

Au début des années 90, Jiang Mianheng créé la Shanghai Alliance Investment Ltd. dont il devient le président du Conseil d’administration. De son côté, Yang Xiong est nommé directeur général.

En 1999, Yang Xiong devient le président du Conseil d’administration de Shanghai Airlines.

Ensuite, en 2001, il commence sa carrière politique. Selon les médias chinois, Jiang Mianheng l’aidera à gravir les échelons. À partir du mois de février 2001, Yang Xiong deviendra secrétaire général adjoint, puis maire adjoint, enfin membre permanent du comité municipal et encore maire adjoint exécutif de Shanghai.

Mais, lors du XVIIIe congrès du Parti communiste chinois en 2012, s’étant hissé jusqu’au siège de maire par intérim de Shanghai, il n’est en aucun cas choisi comme membre du Comité central du PCC, ni permanent, ni suppléant. Le Comité central, la plus haute autorité entre deux sessions du congrès du Parti communiste, l’organe suprême du régime compte actuellement 205 membres permanents et 171 membres suppléants.

C’est le 20 décembre 2012 que Yang Xiong est nommé maire par intérim de Shanghai en succédant à Han Zheng, promu secrétaire par intérim du comité du Parti de Shanghai.

Enfin le 1er février 2013, Yang Xiong devient le maire de Shanghai sans être membre du Comité central – du jamais vu dans l’histoire de l’administration de Shanghai.

À cette époque, les médias chinois à l’étranger rapportent que Xi Jinping souhaite établir une personne de confiance à ce poste mais Jiang Mianheng s’interpose. Du fait de l’influence de Jiang Zemin et de sa famille à Shanghai, Xi Jinping échoue à atteindre son objectif.

Jiang Zemin est devenu le maire de Shanghai en 1985, puis le secrétaire du comité du Parti de Shanghai, avant de bondir au sommet en devenant le secrétaire général du Parti communiste chinois en 1989 à la suite du massacre de Tian’anmen. Son fils aîné, Jiang Mianheng, s’est installé à Shanghai en 1993 après avoir obtenu son doctorat en génie électrique à l’université Drexel de Philadelphie, aux États-Unis.

Rétrogradation et carrière bloquée

Selon la publication du magazine hongkongais Chengming, Yang Xiong « s’est vu blâmé » par le comité central de l’inspection disciplinaire du PCC. En d’autres termes, il a été mis en examen par l’organe de surveillance interne du PCC pour des allégations de corruption.

Le voilà donc obligé à s’autocritiquer, à reconnaître ses fautes devant le comité permanent de la municipalité de Shanghai. Il admet alors avoir commis des abus de pouvoir en approuvant certains projets, accepté des pots-de-vin, eu des relations extraconjugales.

En 2012, à peine parvenu au pouvoir, Xi Jinping lance une campagne anti-corruption via le comité central de l’inspection disciplinaire et purge un bon nombre de fonctionnaires confirmés – généralement ralliés à Jiang Zemin.

Le 17 janvier 2017, Yang Xiong démissionne de son poste de maire de Shanghai. Le 24 février de la même année, il devient le vice-président de la commission des affaires financières et économiques de l’Assemblée populaire nationale (APN).

En d’autres termes, il a été rétrogradé, tous les maires précédents de Shanghai ayant généralement été promus secrétaire du comité du Parti de Shanghai. Il s’agit là du pire traitement réservé à un maire de Shanghai depuis 26 ans.

L’ université de ShanghaiTech

Le jour même du décès de Yang Xiong, le 12 avril, l’université de ShanghaiTech publie un article, intitulé « Hommage douloureux à la mémoire du camarade Yang Xiong, Président du conseil d’établissement de l’université de ShanghaiTech ».

L’article fait l’éloge de ses contributions à l’université et mentionne ses visites réitérées alors qu’il était maire et secrétaire adjoint du PCC de Shanghai.

À noter que l’université de ShanghaiTech a été fondée par Jiang Mianheng.

Le 30 juin 2019, le deuxième conseil d’établissement de l’université de ShanghaiTech est créé et tient sa première réunion. Jiang Mianheng et Yang Xiong en sont tous deux membres. À leurs côtés figurent Ding Zhongli, vice-président du comité permanent de l’APN, et Zhou Xiaochuan, vice-président du XIIComité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Tous deux occupent des postes d’adjoints à des fonctions de niveau national, alors que Yang Xiong n’est qu’un fonctionnaire de niveau provincial.

Une photo de groupe des membres du conseil sur le site internet de ShanghaiTech montre Yang assis entre Ding Zhongli et Zhou Xiaochuan, suscitant les interrogations.

Dans une interview pour Epoch Times, le commentateur spécialisé dans les affaires chinoises Li Yanming a déclaré que la hiérarchie administrative du PCC est extrêmement stricte sur un point : là où chacun s’assied dépend toujours de son rang, et tout est soigneusement calculé. Dans les photos de groupe, c’est donc au membre le plus important que revient la place centrale. Il est donc bizarre que Yang soit entouré de deux fonctionnaires de rang supérieur.

Selon Li Yanming, l’éviction de la famille de Jiang Zemin par Xi Jinping a rendu impossible l’accession de Yang Xiong au Comité central du PCC, et ce malgré son statut de maire de Shanghai. Placer Yang Xiong au centre de cette photographie correspond à une réponse de Jiang Mianheng.

Il ajoute que de nombreux responsables du PCC ont une durée de vie assez longue. Un état de fait qui résulte de leur privilège à recevoir les meilleurs soins médicaux. Beaucoup d’entre eux vivent plus de 90 ans et les haut fonctionnaires actifs à l’age de 68 ans sont fréquents. La mort soudaine de Yang Xiong, un haut fonctionnaire de niveau ministériel bénéficiant de tous les privilèges dus à son rang en matière de santé, alimente d’autant plus les spéculations.

D’autre part Li Yanming n’hésite pas à faire le rapprochement avec Lu Yachen, l’ancien vice-président de Shanghai Electric Group, en lien avec la famille de Jiang Zemin, mis en examen le 7 avril, car la mort de Yang Xiong intervient à peine cinq jours plus tard.

Selon lui, tout le monde s’attend à ce que Xi Jinping brigue un troisième mandat, ce qui est sans précédent dans l’histoire récente de la Chine, et il ne fait aucun doute que la famille de Jiang Zemin et son camp politique sont sous pression. Xi Jinping intensifiera probablement sa campagne de lutte anti-corruption parmi les fonctionnaires avant le XXe congrès national du PCC.

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