TRADITIONS CHINOISES

Pourquoi la musique ancienne procure-t-elle de la sérénité ?

mars 26, 2015 21:40, Last Updated: octobre 28, 2017 21:43
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Depuis la nuit des temps, les mœurs et la musique sont intimement liées. Parmi les récits extraits des livres d’histoire chinoise se trouve celui du marquis Wen de Wei, connu pour avoir initié des réformes gouvernementales de grande envergure.

Dans ce passage, le marquis interroge Zi Xia, un célèbre professeur et disciple de Confucius, qui a vécu entre 507 et 420 av. J.-C., sur les propriétés de la musique.

«Alors que je porte ma robe de magistrat, quand j’écoute de la musique ancienne, cela me procure immédiatement un état de quiétude. Mais quand j’écoute de la musique des royaumes de Zheng ou Wei, je me sens sémillant. Je vous en prie, expliquez-moi pourquoi la musique ancienne est source de quiétude chez les gens, contrairement à la nouvelle», interroge le marquis Wen.

«Quand la musique ancienne est jouée, elle se déplace lentement et majestueusement. Les instruments à cordes et à vent vont suivre le rythme du tambour. La musique commence toujours avec le tambour et se termine par les cymbales. Le Xiang – ou guimbarde, un instrument de musique ancien – a été conçu pour annoncer la fin d’un morceau et le Ya – une forme de structure de chant – est utilisé pour contrôler la vitesse de la musique. Les hommes au caractère noble expriment des choses profondes et font l’éloge des réalisations des anciens empereurs sacrés à travers la musique et la danse. Amener les personnes à se cultiver, organiser le foyer familial et la paix dans le monde, sont les thèmes de la musique ancienne», lui répond Zi Xia.

«La musique des dynasties actuelles paraît chaotique et discordante. Le son de la musique est rempli d’éléments irréguliers amenant à devoir réellement s’y plonger très profondément avant de pouvoir en retirer quoi que ce soit. Elle est parfois associée à des représentations données par des chanteurs ou des comédiens, où l’on voit les hommes et les femmes se mélangeant sans que l’on puisse, dès lors, distinguer le père du fils. Quand la musique se termine, elle n’a ni expliqué toute la vérité, ni fait l’éloge des réalisations des anciens empereurs sacrés. C’est la caractéristique de la musique moderne. On parle de musique, mais ce qui attire est en fait un son. Musique et son sont des notions semblables mais différentes», continue Zi Xia.

Une ancienne gravure chinoise représentant les femmes de la Cour jouant de la musique

Le marquis Wen de Wei demanda alors poliment: «S’il vous plaît, éclairez-moi sur cette différence».

Zi Xia lui répondit: «Dans les temps anciens, le ciel et la terre étaient en harmonie, les quatre saisons étaient bonnes et les gens cultivaient l’autodiscipline, la compassion et la vertu. Par conséquent, ils avaient des récoltes exceptionnelles, année après année. Les maladies ne s’étaient pas manifestées, les démons et les mauvais ne s’élevaient pas et le monde était pacifique. Plus tard, le Sage – cela fait référence à Confucius – a émergé et a établi des règles qui ont présidé à la bonne conduite entre les empereurs et les fonctionnaires de la Cour, et entre les pères et les fils. Une fois les règles fixées, le monde est devenu stable. Ensuite, les rythmes musicaux appropriés ont été mis en place, les cinq sons mélangés aux instruments de musique sont combinés et accompagnent le chant des poèmes. C’est ce que l’on appelle le son de la vertu. Seul le son de la vertu peut être appelé musique. Ce que vous aimez aujourd’hui est peut-être le son de l’indulgence».

Le marquis Wen de Wei demanda immédiatement: «S’il vous plaît, dites-moi d’où proviennent les sons apaisants».

Zi Xia lui répondit: «La musique du royaume de Zheng est frivole et coquette. Elle suscite l’extravagance et l’immoralité. La musique des chansons du royaume des Song est sentimentale et faible, elle refoule la volonté. La musique du royaume de Wei a un rythme rapide qui fatigue l’esprit. La musique du royaume de Qi est arrogante et mauvaise. Elle rend arrogant. Ces quatre genres donnent libre cours aux chants et aux femmes, ils sont nuisibles à l’intégrité morale et ne conviennent donc pas pour les cérémonies rituelles».

«Le livre de poèmes dit: « Nos ancêtres n’étaient disposés à écouter que les morceaux précis et harmonieux. Être précis c’est montrer du respect, être harmonieux rend aimable. Quand on est respectueux et aimable, que ne peut-on faire? Le monarque d’un pays doit faire attention à ses propres goûts. Les fonctionnaires feront tout ce que le roi aime. Les gens du peuple imiteront. » Ce qu’il faut comprendre du livre des poèmes, c’est qu’il est extrêmement facile de mener le peuple dans l’erreur», poursuivit Zi Xia. C’est ainsi que Zi Xia expliqua au marquis Wen de Wei ce qui avait provoqué la dégénérescence de la musique contemporaine à leur époque.

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