ÉDITORIAUX

On a découvert Einstein caché dans des carnets de notes du XVIe siècle

mars 5, 2023 18:32, Last Updated: mars 6, 2023 14:19
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Albert Einstein est souvent considéré celui qui, pour la science, a fait entrer l’humanité dans l’ère moderne, de la maîtrise de l’énergie nucléaire à la capacité d’exploration des mystères lointains de l’Univers, en passant par la base théorique de la conception des lasers qui soutiennent maintenant la conception des puces électroniques. C’est dans son sillage que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des générations successives d’ingénieurs ont conçu les différentes déclinaisons pratiques de ses travaux conceptuels, pour arriver en 2023 à un monde totalement transformé par la technologie. Dans la culture populaire, Albert Einstein est le grand génie du XXe siècle (et peut-être de quelques autres), celui dont l’esprit anti-conformiste a su sortir des ornières de la pensée scientifique de son temps pour révolutionner son domaine.

Mais pour réussir cela, Einstein s’est d’abord appuyé sur Galilée (début XVIIe siècle) et sur Newton (fin XVIIe siècle). De Galilée, on connaissait le principe selon lequel, en absence de résistance, les corps chutent avec la même accélération. Newton avait décrit la gravitation universelle, « tous les objets s’attirent les uns les autres avec une force fonction de leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare. » À cela, Einstein a ajouté en 1907, le « principe d’équivalence » entre gravitation et accélération, fondement de sa théorie de la relativité générale. En 1920, il décrivait d’ailleurs la découverte de ce principe comme « la plus belle idée de sa vie ».

Or, des chercheurs de la prestigieuse université Caltech, en Californie, viennent de découvrir dans des carnets du début du XVIe siècle, ce principe déjà décrit par… Léonard de Vinci. C’est dans le Codex Arundel, une collection de documents écrits par de Vinci qui couvrent la science, l’art et des sujets personnels que les chercheurs ont fait cette découverte, publiée début février 2023. Dans le Codex, de Vinci décrit avec ses habituels dessins une expérience dans laquelle un conteneur est déplacé en accélérant le long d’une trajectoire droite parallèle au sol. Il déverse en cours de route soit de l’eau, soit du sable. Les notes de Leonardo montrent qu’il a pris conscience d’un phénomène en observant ceci, qu’il nomme Equatione di Moti, soit « équivalence des mouvements ». C’est la première conceptualisation du principe d’équivalence d’Einstein, qui est illustré par l’expérience de pensée d’un homme dans un « ascenseur spatial » en accélération et qui, dans cet ascenseur, laisse chuter des objet.

Il y a dans cette découverte, faite dans un des milliers de carnets laissés par de Vinci et que, un demi-millénaire après sa mort, on n’a pas encore fini d’explorer, un autre trésor que la surprise de voir que l’intuition du Maître avait précédé Galilée d’un siècle, Newton de deux et Einstein de quatre. Elle montre qu’à l’âge des objets en verre et en bois, sans outils technologiques avancés, sans super-calculateurs, sans armées d’ingénieurs, des esprits créatifs étaient capables d’immenses percées conceptuelles. Et si Einstein a matérialisé son modèle avec l’image d’un grand tissu d’espace-temps localement courbé par l’énergie de la matière, la façon dont les anciens concevaient les objets du corps céleste comme navigant dans un fluide universel, l’éther, en est bien proche – les astres pénétrant dans cet éther et le déformant en fonction de leur masse, tout comme on modélise aujourd’hui la courbure de l’espace-temps. L’éther qu’on considère comme la poésie désuète d’âges où la science balbutiait et était secondée par l’imagination.

Les outils modernes ont offert à la science les capacités de mesure précise et de prédiction, qui enfantent avec elle la soif inextinguible de maîtrise technique du monde, le poison démiurgique. Les ingénieurs du XXIe siècle mobilisent des outils incomparablement plus puissants que les vases et le sable de Léonard de Vinci. L’esprit, cependant, celui qui permet de dévoiler des concepts pour comprendre les lois du monde, était déjà bien présent et peut-être plus libre alors qu’aujourd’hui. On aurait envie de convaincre nos fières blouses blanches de laisser de côté un moment les accélérateurs de particules pour aller davantage fouiller dans les vieux carnets, ceux d’il y a cinq cents ans, ou même les tablettes et les rouleaux de bambou d’il y a trois mille ans. Tout y a peut-être déjà été découvert.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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