EUROPE

Ukraine : l’UE prévient Pékin qu’un soutien à Moscou nuira à leurs liens économiques

avril 1, 2022 16:21, Last Updated: avril 2, 2022 17:20
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L’UE a averti vendredi 1er mars Pékin que tout soutien à Moscou pour contourner les sanctions occidentales nuira à ses relations économiques avec l’Europe, son premier partenaire commercial, l’appelant à faire pression sur la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine.

« Nous avons indiqué clairement que la Chine ne devait pas interférer dans les sanctions (contre Moscou) à défaut de les soutenir », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après un entretien en visioconférence avec le président chinois Xi Jinping.

Tout soutien de la Chine à la Russie aurait de lourdes conséquences

Alors que Pékin refuse de condamner l’invasion de l’Ukraine, défendant son amitié « solide comme un roc » avec Moscou, l’UE veut dissuader la Chine de soutenir activement la Russie, en augmentant ses achats d’hydrocarbures ou par une aide financière.

Un tel soutien « ternirait gravement la réputation de la Chine en Europe », où les entreprises « regardent comment les pays se positionnent », a observé Mme von der Leyen, estimant que l’attitude de Pékin influera sur des « décisions d’investissements à long terme ».

Européens et Chinois sont interdépendants : l’UE absorbe 15% des exportations du géant asiatique, qui lui fournit des biens manufacturés et des composants cruciaux. La Chine représente 10% des exportations des Vingt-Sept, un marché-clé pour les industriels européens, notamment allemands.

« Une prolongation du conflit, avec les perturbations pour l’économie mondiale, n’est dans l’intérêt de personne, certainement pas de la Chine », a martelé Ursula von der Leyen, jugeant que Pékin « doit prendre ses responsabilités pour amener la Russie à négocier la paix ».

Une amitié « sans limite » de la Chine à Moscou réaffirmée

« L’idée de détacher la Chine de la Russie est illusoire : quand la guerre en Ukraine sera terminée, l’attention des Etats-Unis se tournera prioritairement, et pas dans un esprit amical, vers la Chine, qui a donc intérêt à maintenir sa coopération » avec son voisin, tempère Sylvie Bermann, ex-ambassadrice française à Moscou et à Pékin.

Et de rappeler que de nombreux pays (Inde, Pakistan, Afrique du Sud, Brésil…) refusent également de critiquer Moscou.

Mercredi, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, en visite à Pékin, avait obtenu une réaffirmation de l’amitié « sans limite » des deux pays face aux Etats-Unis, au nom d’un nouvel « ordre mondial multipolaire » : une vision qui avive l’inquiétude sur l’émergence d’un bloc « autoritaire » contre l’Occident.

Une neutralité de la Chine en contrepartie du dégel des investissements sanctionnés par l’UE

Dans ce contexte, « le danger est que la Chine survende sa neutralité (sur l’Ukraine) pour obtenir des concessions, comme la reprise des négociations sur l’accord d’investissements » signé par Bruxelles et Pékin fin 2020 à l’initiative de Berlin, avertit Valérie Niquet de la Fondation pour la recherche stratégique.

La ratification de cet accord est aujourd’hui gelée par les sanctions de l’UE pour punir le recours au travail forcé dans la région chinoise du Xinjiang et les contre-sanctions de Pékin contre des parlementaires et chercheurs européens. S’y ajoute le conflit dû au blocage par la Chine des importations de Lituanie après l’ouverture d’une représentation taïwanaise dans ce pays.

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