ÉDITORIAUX

À la fin des « cent jours » d’Emmanuel Macron, gros dégâts et petit Waterloo

juillet 16, 2023 19:11, Last Updated: juillet 16, 2023 19:11
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Morne plaine… Dans une allocution télévisée du lundi 17 avril, Emmanuel Macron s’était donné cent jours pour agir « au service de la France » et relancer son second quinquennat. Cent jours, c’était une « référence historique, mais aussi politique. Nous avons devant nous cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France,» expliquait-il. Ce 14 juillet, au moment où les troupes de l’armée française ont défilé sur l’avenue des Champs-Élysées, 90 jours avaient déjà passé. Debout dans un véhicule tout-terrain, le président de la République a été un peu applaudi et aussi un peu hué par la foule ; dans un moment d’une telle solennité, le symbole est autrement plus lourd que les agitations normales lors de ses différents déplacements.

Car le président de la République a courageusement commencé la marche des cent jours en allant au contact de la population française, affrontant des concerts de casseroles largement relayés par la presse nationale et internationale. Il fallait une certaine force pour aller avec tant de persistance au-devant des sifflets, des quolibets, des caricatures.

Les mots d’ordre de ces cent jours : travail, ordre républicain, santé et éducation, ont constitué la feuille de route de la Première ministre Elisabeth Borne, et portaient en filigrane la question de son maintien en poste ou de son départ de Matignon. Le 8 juillet, celle-ci a estimé avoir réussi à « délivrer » (oui, c’est un anglicisme), au prix d’un grand écart entre – d’un côté – la reprise du dialogue social abîmé par l’adoption au boutoir du 49.3 de la réforme des retraites et – de l’autre – les efforts pour renforcer l’ordre républicain et la lutte contre la délinquance.

Elisabeth Borne a, pendant cette période, effectivement su ramener les syndicats autour de la table, une prouesse au vu de leurs déclarations publiques au mois d’avril. Elle a également lancé la transformation de Pôle Emploi en France Travail, annoncé le déploiement du plan France Rénov pour l’isolation des logements, annoncé des investissements massifs – 100 milliards d’euros ! – dans le secteur ferroviaire. Emmanuel Macron a, de son côté, mis en scène des investissements étrangers en France à la suite du sommet « Choose France » à Versailles, le 15 mai, annoncé le financement de nouvelles structures de pointe pour l’innovation en santé, puis annoncé encore, fin juin, plus de 500 millions d’euros d’investissement dans les hôpitaux marseillais.

« Annonce/annoncé » : le mot est aussi irritant à lire répété cinq fois dans deux phrases, comme nous venons de le faire, que lorsqu’il sous-tend chaque apparition des membres du gouvernement. Les conseillers en communication politique tentent-ils de sortir leurs patrons du ravin en mitraillant des justifications à leur existence et à leur action ? Les esprits des Français n’entendent probablement plus ces messages qui ressemblent trop à des techniques de feintes politiques, financées par les contribuables ; les citoyens sont peut-être plus directement marqués par l’attaque d’enfants au couteau à Annecy, par les « OQTF » non appliquées de ressortissants étrangers qui continuent crimes et délits sur le territoire, par un gamin perdu, mort parce qu’il croyait pouvoir faire « comme dans les films » à bord d’une Mercedes jaune venant d’un réseau de trafiquants et échapper à la police.

Pendant ces cent jours, le texte sur l’immigration a été reporté, faute de majorité à l’Assemblée, remplacé à l’agenda par la loi « plein-emploi » ; tout s’est fini dans le feu d’artifices d’une semaine d’émeutes qui ont rassemblé plus de 200.000 jeunes des « quartiers sensibles » , unis par la colère, le vol et la destruction – avec le soutien de l’extrême-gauche. Plusieurs pays étrangers ont depuis déconseillé à leurs ressortissants de visiter la France.

Malgré tous les efforts faits par le gouvernement et comme par une succession de coups du sort s’acharnant sur le président Macron, les « cent jours » s’achèvent ainsi dans une situation qui fait penser au chaos du « chemin creux » à Waterloo, que Victor Hugo romance dans Les Misérables : c’est-à-dire un coup du sort inattendu qui marque le tournant d’une bataille et pourrait dans le roman de 2023 conduire à une fin de quinquennat solitaire pour Emmanuel Macron, isolé sur un équivalent quelconque des rochers arides de Sainte-Hélène.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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