Rendons hommage à ces pères de familles courageux emprisonnés illégalement dans les prisons chinoises

Par Jocelyn Neo
17 juin 2022 21:45 Mis à jour: 18 juin 2022 14:44

La figure paternelle forte et vertueuse, voilà le fondement d’une famille soudée et plus largement d’une société équilibrée. À l’occasion de la fête des pères, n’oublions pas ces pères de familles courageux persécutés actuellement en Chine communiste, certains parce qu’ils défendent leurs croyances, d’autres, les droits de l’homme.

Rendons hommage à quelques-uns de ces héros bouleversants.

« Mon père croit que c’est le message de Dieu, et moi je crois mon père »

L’avocat chinois des droits de l’homme Gao Zhisheng est porté disparu depuis le 13 août 2017. Cela fait presque 1770 jours à présent. M. Gao a été nominé au prix Nobel de la paix à trois reprises.

M. Gao Zhisheng, dont on dit régulièrement qu’il était la « conscience de la Chine » était un chrétien dévoué. Il était initialement en bons termes avec le Parti communiste chinois (PCC) jusqu’à ce qu’il se lève pour défendre les Chinois persécutés pour leurs croyances : les chrétiens des églises chrétiennes ou les pratiquants de Falun Gong. Il a été kidnappé et torturé à plusieurs reprises au fil des ans. En 2006, il a été officiellement arrêté après avoir rédigé plusieurs lettres ouvertes à l’intention des hauts dirigeants chinois en dénonçant les persécutions religieuses.

En prison, M. Gao a été soumis à des tortures brutales : décharges électriques, dents cassées, cure-dents plantés dans les parties génitales. Il a finalement été assigné à résidence pendant des années avant de disparaître soudainement le 13 août 2017. Depuis, sa famille est sans nouvelles de lui.

Gao Zhisheng, avocat des droits de l’homme porté disparu. (Epoch Times)
Grace Geng, la fille de Gao Zhisheng, tient un exemplaire du livre de son père intitulé « Année 2017 : Debout la Chine » à l’occasion de la cérémonie de lancement du livre à Hong Kong, le 16 juin 2016. (Stone Poon/Epoch Times)

La femme de M. Gao, Geng He et ses deux enfants étaient constamment harcelés par la police. Ils se sont enfuis aux États‑Unis en 2009 grâce à l’aide de croyants clandestins. Elle n’a jamais cessé de s’inquiéter pour son mari, et ne se taira en aucun cas.

Sa fille, Grace Geng, estime que le livre de son père, dont le titre chinois se traduit par « Année 2017 : Debout la Chine », contient un message ferme pour le monde : le PCC va bientôt s’effondrer. « Mon père croit que c’est le message de Dieu, et moi je crois mon père », a déclaré Grace lors de la cérémonie de lancement du livre à Hong Kong le 16 juin 2016.

« Ma famille n’est qu’un exemple parmi des milliers »

Jack Zhiyuan Liu, étudiant de 22 ans à l’Université Carleton à Ottawa plaide pour la libération de ses parents. Son père, un « talent rare » travaillait dans le secteur du pétrole jusqu’au jour où il a été accusé d’avoir piraté le réseau Bluetooth du métro à Pékin pour envoyer des messages d’information sur la persécution du Falun Gong.

Les parents de Jack Zhiyuan Liu sont tous deux anciens ingénieurs de la China National Petroleum Corporation. Ils avaient déjà été emprisonnés et persécutés pour leur foi des années auparavant. Cette fois, le 19 novembre 2021, lorsqu’ils ont été arrêtés de nouveau, sa mère, Cao Wenbei, a été libérée un mois plus tard, mais son père, Liu Zhoubo, est toujours enfermé au centre de détention n°3 de Pékin.

« La persécution du Falun Gong par le PCC détruit des vies et des familles », a expliqué Jack à l’édition chinoise d’Epoch Times. « Ce qui était arrivé à ma famille n’est qu’un exemple parmi des milliers. »

Le Falun Gong (également connu sous le nom de Falun Dafa) est une discipline méditative ancestrale basée sur trois principes fondamentaux : l’authenticité, la bienveillance, la tolérance. Depuis juillet 1999, le Parti communiste chinois athée persécute ceux qui suivent cette discipline spirituelle. Cela fait donc 23 ans maintenant qu’ils sont harcelés en grand nombre, détenus ou torturés. Certains sont victimes de prélèvements forcés d’organes. Ces organes alimentent un trafic d’organes très lucratif pour le régime chinois.

Jack Zhiyuan Liu demande la libération de son père, Liu Zhoubo, et d’autres pratiquants de Falun Gong, lors d’un rassemblement tenu à Ottawa le 22 avril 2022. (Ren Qiaosheng/Epoch Times)

Par le passé d’autres proches, la grand‑mère et l’oncle de Jack, pratiquants de Falun Gong également, ont aussi été emprisonnés,  pendant un an et demi. À l’époque son père a quant à lui été condamné à une peine de neuf ans. Il a été libéré en 2010. Selon les termes de Jack, son père a vécu « l’enfer ». Constamment menacé de mort, il était soumis à diverses tortures et à la faim.

« Je fais tout mon possible pour aider mon père »

Le 2 février 2013, à Pékin, Jewher Ilham devait s’envoler avec son père vers l’Université de l’Indiana. Le voyage devait durer un mois. Son père s’y rendait en tant que chercheur invité. Mais Ilham Tohti, professeur d’économie d’origine ouïghoure, n’a jamais pu quitter le pays. Sa fille a donc fini par monter seule dans l’avion.

Depuis ce jour fatidique à l’aéroport, elle n’a jamais plus revu son père. Il a depuis été accusé d’incitation au séparatisme et condamné à perpétuité. Selon elle, tout ceci n’a aucun fondement dans la réalité. « Il n’a jamais parlé de séparer le territoire », a‑t‑elle déclaré pour China Uncensored.

En 2017, sa famille a perdu tout contact avec lui. Depuis, Jewher s’inquiète tous les jours pour son père d’autant que c’est en 2017 que des camps de rééducation et d’internement ont été repérés pour la première fois dans le Xinjiang.

Ilham Tohti, un professeur d’économie ouïghour, donne son cours sous une caméra de surveillance installée au-dessus de l’estrade du professeur dans une salle de classe à Pékin, le 12 juin 2010. (Frederic J. Brown/AFP via Getty Images)
Jewher Ilham, fille d’Ilham Tohti, tient un portrait de son père lors de la cérémonie de remise du prix Sakharov 2019 du Parlement européen pour les droits de l’homme à Strasbourg, le 18 décembre 2019. (Frederick Florin/AFP via Getty Images)

Elle ne cessera jamais de se battre pour le libérer.

« Je fais tout mon possible pour aider mon père et ma communauté. Je ne sais pas si ça aide, je ne sais pas si quelque chose peut aider. Je ne veux simplement pas avoir de regrets. »

Avec d’autres survivants des persécutions religieuses en Chine, Jewher a rencontré Donald Trump alors qu’il était président, à la Maison Blanche en juillet 2019. Elle s’est également exprimée devant l’Assemblée générale des Nations unies. En décembre 2019, elle a accepté le prix Sakharov 2019 du Parlement européen au nom de son père pour la défense des droits de l’homme.

« Je rêve qu’un jour, nous puissions à nouveau être ensemble »

Eric Jia, jeune réfugié chinois est originellement issu d’un foyer heureux, jusqu’au jour où son père a été arrêté. Il n’avait que 3 ans à l’époque. Sa famille a été réduite à néant.

Le père d’Eric, Ye Jia, a été arrêté parce qu’il pratique le Falun Gong. Comme son père, et pour les mêmes raisons, les proches d’Eric, sa grand‑mère, ses tantes, ont aussi été arrêtés plusieurs fois. Ils ont tous été soumis à différentes formes de torture en détention.

Par exemple, en avril 2013, alors que le père d’Eric était en prison pour une peine de huit ans, les gardiens l’ont torturé en lui versant un liquide âcre dans le nez tout en le suspendant la tête en bas. Les gardiens ont refusé qu’il se fasse soigner, il a donc vomit du sang pendant des mois.

« Il a été enfermé dans une petite pièce pendant six ans, avec deux à trois gardiens de prison qui le surveillaient chaque jour », a expliqué le jeune Eric à Epoch Times.

Eric Jia avec sa mère, Li Liu, lors d’un rassemblement sur la Martin Place, à Sydney, en Australie, le 20 juillet 2015. (He Wei/Epoch Times)

En septembre 2017, le père d’Eric a de nouveau été arrêté. Il a été libéré trois mois plus tard, en décembre, après que Janet Rice, sénatrice des Verts australiens de Victoria, a envoyé une lettre au maire de Xi’an, en Chine, en novembre 2017, l’exhortant à le libérer « immédiatement et sans condition ». L’histoire d’Eric reflète celles de nombreux autres pratiquants de Falun Gong chinois d’outre‑mer dont les familles sont toujours persécutées par le PCC en Chine continentale. Eric a fui en Australie avec sa mère en 2012 et informe désormais un maximum de monde sur la persécution.

« Il n’y a rien de mal à croire dans le Falun Dafa. Le PCC a utilisé toutes sortes de moyens pour nous faire renoncer à nos croyances », a déclaré Eric sur la Martin Place à Sydney, en 2018, lors d’une commémoration des victimes du PCC.

« Je rêve qu’un jour, ils puissent être libres et que nous puissions à nouveau être ensemble. »

Aucun espoir de retrouvailles

Alors que de nombreux foyers peuvent encore avoir un peu d’espoir et attendre que revienne l’homme de la famille, beaucoup d’autres ont dû se résoudre au fait que ce jour n’arrivera jamais.

Xu Xinyang, 20 ans, a définitivement perdu son père du fait de la persécution.

« Telle que je m’en souviens, la plus grande partie de mon enfance s’est déroulée dans un climat de peur et d’horreur », a déclaré Xu Xinyang lors d’une rencontre organisée le 4 décembre 2018 au Capitole.

Les parents de Xinyang, tous deux pratiquants de Falun Gong, ont été arrêtés par le régime, car ils imprimaient des documents visant à dénoncer la persécution. Son père a été condamné à huit ans de prison alors que sa mère était enceinte d’elle. Le père de Xinyang est mort 13 jours après avoir été libéré.

Xu Xinyang (à dr.) et sa mère, Chi Lihua, tiennent des photos de son défunt père, Xu Dawei. Xu avait été condamné à huit ans de prison pour sa pratique du Falun Gong. Il est mort 13 jours seulement après avoir été libéré. (Jennifer Zeng/The Epoch Times)

En raison de la brutalité de la persécution, Xinyang n’a jamais vu son père avant l’âge de 8 ans.

« Il voulait me prendre dans ses bras, mais j’avais peur et je me suis cachée derrière ma mère. J’ai refusé qu’il me prenne dans ses bras parce que je n’ai jamais eu la chance de le connaître. C’est devenu le regret de toute ma vie. »

Xinyang et sa mère n’ont pas été épargnées. À l’époque, la police a fait arrêter le directeur de son école et certains de ses professeurs, tous pratiquants de Falun Gong. Xinyang était recherchée par la police. Heureusement, elle a réussi à fuir en Thaïlande avec sa mère à l’âge de 12 ans et est arrivée aux États‑Unis en 2017.

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