À propos de Dieu (Deuxième partie) – Les intentions subtiles derrière les questions de Satan

Par James Sale
20 avril 2021 08:14 Mis à jour: 3 février 2023 15:31

Dans la première partie de cet article, nous avons relevé que, dans la Bible, le fait que Dieu pose des questions ne signifie pas que son omniscience soit limitée. Au contraire, nous avons soutenu que le fait que Dieu pose des questions est une façon pour Lui de révéler à celui qu’il interroge la véritable situation, ou, en d’autres mots, la réalité. Cela revient immanquablement à exposer les pensées erronées et les états émotionnels qui manipulent les êtres humains.

Il est intéressant de constater que la première question qui est posée dans la Bible, qui est aussi la première question à être posée « au commencement », n’en est pas une de Dieu. Non, dans le conte populaire d’Adam et Ève, que l’historien britannique Richard Cavendish décrit comme « l’un des mythes clés de la civilisation européenne », cet honneur douteux revient au serpent. Selon Cavendish, l’histoire d’Adam et Ève « allume tout un réseau de réactions et de connexions dans l’esprit ».

Qui est le serpent, quelle est sa question ? Et pourquoi est-elle importante ou, pour reprendre les mots de M. Cavendish, qu’allume-t-elle dans l’esprit ?

Ce serpent qui interroge est généralement interprété comme étant Satan, le plus grand adversaire de Dieu et de l’homme. Examinons sa question. Une grande controverse a entouré le fait que, dans la Genèse, la question que Satan pose s’adresse à Ève, et non à Adam – laissant sous-entendre que la femme est le sexe faible.

Nul doute que le poète John Milton, dans son ouvrage Paradis perdu, a donné libre cours à cette interprétation. Or je pense qu’en réalité, aucun des deux sexes n’était « le plus faible ». Tous deux étaient terriblement coupables, car tous deux désiraient défier l’interdiction [de Dieu], et Adam l’a fait, semble-t-il, sans scrupule.

Ève a peut-être cueilli la pomme de l’arbre de la connaissance, mais Adam ne semblait pas trop opposé à l’idée de la manger. Gravure au trait de Théodore de Bry (1528-1598) d’après Jodocus van Winghe (1544-1603). (Domaine public)

La question trompeuse de Satan

La question de Satan est très simple. Il a demandé : « Dieu a-t-il dit : ‘Tu ne mangeras d’aucun arbre du jardin ?' » Deux éléments sont à relever de cette question. Le premier est que son ton insinue une légère réprobation à l’égard de Dieu, comme si une personne avait délibérément retenu un bien auquel une autre (Ève) avait droit.

Le second élément, et peut-être le plus puissant, est que les propos de Dieu sont délibérément dénaturés – mais sans l’être à un point que cela puisse être facilement remarqué. Au contraire, la question invite l’interrogée – Ève – à entrer dans cet état agréable dont nous avons sans doute tous déjà fait l’expérience : celui de pouvoir corriger quelqu’un avec empressement et, ce faisant, se sentir légèrement supérieur à cette personne parce que nous en savons plus qu’elle.

En réalité, qu’avait dit Dieu à Adam ? Dieu ne lui avait pas dit : « Tu ne mangeras d’aucun arbre du jardin. » Il a bien dit l’inverse : « Tu peux manger librement de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. » La conséquence de manger de cet arbre particulier est la mort.

La nature des propos est très différente : « ne mangez de rien » contre « vous mangerez librement », mais avec une interdiction spécifique. Bien sûr, en déformant les propos de Dieu, Satan se garde bien de rappeler à Ève la nature véritable de l’interdiction. Et dans son empressement à corriger Satan, Ève aussi semble ne pas se souvenir exactement de ce que Dieu avait dit. Dans la pensée d’Ève, les propos de Dieu dérivent vers quelque chose comme « ne pas toucher » plutôt que « ne pas manger » (ce qui exagère l’interdiction), « de peur de mourir » – suggérant que la punition pourrait être conditionnelle. En d’autres termes, cela minimise la punition.

Malgré cette fine analyse linguistique, il semble clair qu’en réalité, Ève voulait de toute façon manger le fruit – tout comme Adam, qui n’a montré aucun scrupule à la seconder – parce qu’elle voulait se rassasier (la pomme était « bonne à manger », elle convoitait ce qu’elle voyait (« plaisir des yeux »), et permettrait de gagner en sagesse à l’image de Dieu (« pour rendre sage »). Son appétit, sa convoitise et sa vanité ou son arrogance ont contribué à la pousser à suivre le conseil de Satan.

Et comme le cardinal Newman l’a écrit dans son Apologia Pro Vita Sua (histoire de mes opinions religieuses) : « Et c’est ainsi que je raisonne du monde ; – s’il y a un Dieu, puisqu’il y a un Dieu, la race humaine est prisonnière d’une terrible fatalité originelle. Elle est en conflit avec les desseins de son Créateur. »

Il y a eu une « terrible fatalité originelle » et cette fatalité demeure encore aujourd’hui. Toutes les religions en témoignent – en fait, les religions n’existeraient pas sans elle – car elles cherchent toutes à aborder (et à rectifier par le biais de culte et de dévotion) les souffrances de l’humanité et le but de son existence. La religion chrétienne a une appellation spéciale pour cette « terrible fatalité originelle ». Elle la nomme La Chute.

La question du serpent conduit à la Chute, la séparation originelle de l’homme de Dieu. Détail de Adam et Ève chassés d’Éden, 1866, par Gustave Doré pour Bible de Tours (US-PD)

Satan est vivant et bien portant

Aujourd’hui, Satan est-il toujours vivant et bien portant ? La réponse est – sans équivoque : oui ! Satan est vivant et bien portant, et cette histoire, cette vérité, nous éclaire explicitement sur la manière dont il agit. Voilà pourquoi il est si important de prêter une attention particulière à toutes les sagesses tirées des mythes, mais surtout celles des textes sacrés, car elles recèlent des niveaux et des couches de vérité encore plus profonds.

Aujourd’hui, en quoi cette histoire est-elle utile pour comprendre Satan et comment il agit ? En examinant le modus operandi de Satan avec Ève, nous constatons que Satan suit trois étapes décisives.

Les trois étapes de Satan :

1. Se lier d’amitié avec la victime et se mettre dans une position où il prétend veiller à ses intérêts. Souvenons-nous que Satan semble aider Ève à grandir en tant que personne : en mangeant la pomme, elle serait plus sage. Bien sûr, tout en faisant cela, il l’encourage à penser qu’elle aurait plus de connaissances que quiconque (nous reviendrons sur ce point à l’étape 3). En prétendant être l’ami d’Ève, Satan imite la vertu.

2. Détourner ou déformer les faits pour créer le plus de confusion possible, tout en offrant une apparence de solution facile. Pour ce faire, Satan amplifie les sentiments d’Ève d’en savoir plus et de savoir mieux par le biais d’interprétations alternatives de la réalité ou de données – des interprétations qui se conforment plus facilement à ses (et à nos) désirs.

3. Favoriser les sentiments de supériorité morale chez la victime, ce qui engendre chez elle (chez nous) un sentiment de supériorité et lui donne l’impression de faire preuve de vertu. Lorsque la victime commence à songer à quel point, effectivement, elle est vraiment géniale, se délecter de sa crédulité.

Une quatrième étape pourrait bien être de s’assurer qu’au moment où la victime se dirige vers le précipice, vous n’êtes pas là pour ramasser les pots cassés !

Comment Satan agit aujourd’hui

Nous pouvons constater cette trame dans toutes les idéologies « woke » qui pullulent aujourd’hui, qui menacent de nous séduire avec leur intention apparemment bienfaisante (étape 1), leur déformation pernicieuse des faits (étape 2), et leur inculcation de sentiments de supériorité morale (étape 3).

Robert Oulds et Niall McCrae, dans leur brillant ouvrage Moralitis : A Cultural Virus (moralité : un virus culturel), offrent un bon éclairage de ce qui se passe au Royaume-Uni (sans, bien sûr, faire un lien avec Satan comme je le fais ici). Ils écrivent : « Aujourd’hui, la mission des partis de la gauche libérale n’est plus socialiste. […] Ils prétendent lutter pour l’égalité, mais il s’agit en réalité d’une campagne intéressée visant à saper la société traditionnelle. » Remarquez que la « lutte pour l’égalité » semble sympathique (étape 1) : ne s’agit-il pas d’aider les autres, la classe défavorisée, afin qu’ils puissent être « égaux » ?

Or, par la suite, Robert Oulds présente quelques faits pour contrer les tromperies du wokisme (étape 2). Au Royaume-Uni, « le féminisme actuel est plus préoccupé par l’écart de rémunération entre les sexes chez les présentateurs surpayés de la BBC que par le revenu de subsistance des nettoyeurs […] Le parti de l’égalité des femmes, issu de la classe moyenne, a été lancé à une époque où les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons et où les jeunes femmes gagnent plus que les hommes du même âge. La notion de privilège masculin est également en contradiction avec [la surreprésentation des hommes] chez les sans-abri, les victimes de violence, les prisonniers, les personnes commettant le suicide et les personnes [n’ayant pas] la garde de leurs enfants. La notion de privilège blanc est absurde pour les classes sociales inférieures vivant dans les villes ‘laissées pour compte’. »

Satan séduit d’abord la victime, puis déforme les faits pour la tromper, et enfin lui inculque des sentiments de supériorité morale. Adam et Ève avec pomme et serpent par Marcantonio Raimondi, d’après Albrecht Dürer. Le Metropolitan Museum of Art de New York. (Domaine public)

Enfin, pour contrer l’étape 3 de l’agenda woke, qui est le sentiment de supériorité morale, Robert Oulds commente que « la classe ouvrière n’est pas intéressée par la politique identitaire et les notions sacro-saintes de ‘privilège blanc’, de ‘masculinité toxique’ et des 99 genres ». Il poursuit en relevant comment les élites métropolitaines et internationales ont assis une suprématie morale sur les simples citoyens ordinaires et travailleurs acharnés qui ont du mal à comprendre – et plus encore, à accepter – pourquoi seuls les blancs seraient de la catégorie des privilégiés, pourquoi seuls les hommes seraient toxiques et pourquoi devrions-nous honorer 99 genres ? Les citoyens ordinaires et terre à terre ont invariablement des préoccupations plus importantes.

En se rappelant notre dissertation de la première partie de cet article ayant portée sur les questions que pose Dieu, nous constatons qu’il existe une profonde différence entre l’intention de Dieu, qui est de construire les êtres humains, et l’intention de Satan, qui est de détruire l’humanité sur la base de fausses déclarations, de demi-vérités et de purs et simples mensonges.

Les histoires anciennes, comme je l’affirme régulièrement dans mes articles, sont les plus profondes et les plus véridiques de toutes. Peut-être que si nous accordions tous plus d’attention à comprendre comment Satan s’y prend pour duper l’humanité, nous serions mieux à même de le chasser des jardins de notre esprit.

La première partie de cet article « À propos de Dieu » explore pourquoi, dans la Bible, Dieu pose des questions.

James Sale est un homme d’affaires anglais dont la société, Motivational Maps Ltd, est présente dans 14 pays. Il est l’auteur de plus de 40 ouvrages sur le management et l’éducation publiés par de grands éditeurs internationaux, dont Macmillan, Pearson et Routledge. En tant que poète, il a remporté le premier prix du concours 2017 de la Society of Classical Poets et s’est exprimé en juin 2019 lors du premier symposium du groupe qui s’est tenu au Princeton Club de New York.

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