Vous êtes engagé dans l’accompagnement des levées de fonds pour les TPE. Comment procédez-vous ?
Les petites entreprises ont besoin d’être soutenues dans leur développement. En général, elles souffrent d’un manque de fonds propres et leur accès aux financements n’est pas forcément chose aisée. La FTPE, à travers son comité financement, a mis en place une plate-forme d’accompagnement, confiance-tpe.com, pour aider les TPE à trouver les meilleures solutions de financement : par les banques, les réseaux de financement à la création, les plateformes de financement participatif, la BPI, le Conseil Régional…
Nous croyons que sur chaque territoire, une épargne citoyenne peut de plus en plus être orientée vers les petites entreprises. En ce sens, nous avons initié un mouvement : les Cafés-Prêteurs (cafés-prêteurs.fr). Nos équipes de bénévoles (experts-comptables, cadres en gestion à la retraite) montent les dossiers et aident les chefs d’entreprises à obtenir leurs financements.
En ce moment, différentes initiatives sont prises pour améliorer la situation. La Banque de France vient de mettre en place un réseau d’une centaine de correspondants TPE BDF sur tout le territoire. Elle oriente des petites entreprises vers la FTPE quand elle estime que notre accompagnement peut leur être utile afin de résoudre des difficultés de gestion et de financement.
Vous suivez l’évolution des micro-entreprises dans le 92. Ce marché est-il dynamique ?
Incontestablement, le marché de la micro-entreprise est dynamique. Dans les Hauts-de-Seine, sur une population de l’ordre de 165 000 entreprises, on décomptait 18 700 créations d’entreprises en 2014 dont 57% de micro-entreprises. En 2015, cette tendance est confirmée. C’est un véritable changement dans notre structure sociétale. Mais allons au-delà des chiffres, que voyons-nous ?
D’abord, beaucoup de ces petites entreprises meurent au cours des premières années. Sans doute par un manque d’accompagnement et aussi par une incapacité de la puissance publique à définir un cadre légal encourageant pour les petites structures. Au lieu de remettre en question le statut de l’auto-entrepreneur, il semble préférable de l’aider à se structurer sans attitude suspicieuse. Nous croyons qu’il faut encore plus soutenir l’esprit d’entreprise, car décourager celui qui a foi en lui, en son projet, est une mauvaise chose pour la personne et pour la communauté.
« Beaucoup de petites entreprises meurent au cours des premières années. Sans doute par un manque d’accompagnement et aussi par une incapacité de la puissance publique à définir un cadre légal encourageant pour les petites structures. »
Quand on voit le nombre de chômeurs et qu’on nous parle de salaire universel, intéressons-nous à ces entrepreneurs qui iraient plus vite plus loin si on les dotait d’emplois en quasi-gratuité sur une durée déterminée. 500 000 nouveaux entrepreneurs, c’est un gisement potentiel de deux millions d’emplois. En cette période d’élections présidentielles, c’est une question que nous poserons aux candidats : quelle est votre politique de soutien aux micro-entreprises ?
L’autre question est celle du « Small Business Act » à la française. Nous devons par voie légale réserver un certain pourcentage des marchés publics aux petites entreprises.
Quelles sont les clés du succès lors de la création d’une micro-entreprise ? Quelles difficultés identifiez-vous ?
Les petites entreprises ne peuvent réussir que si elles ont un manager bien accompagné. Les statistiques sont connues : deux tiers des entreprises accompagnées sont encore en vie après cinq ans. Qu’on l’appelle « tutorat » ou « mentorat », nous sommes convaincus à la FTPE que le combat majeur qui doit être livré est celui de l’accompagnement. Si les mesures ne sont pas prises rapidement, nous aurons une hécatombe de toutes ces nouvelles créations. Rendez-vous compte : 550 700 en 2014, 525 100 en 2015, soit plus d’un million en deux ans, c’est considérable. L’enjeu est national et l’impact social est de première importance.
Or, l’accompagnement est dispersé, multiforme et trop éloigné du quotidien de ces petits patrons. Il faut massivement soutenir ces jeunes pousses pour que le maximum d’entre elles atteignent le cap des cinq premières années d’existence. Mobilisons toutes les forces disponibles de la nation, en particulier les seniors, les dirigeants d’entreprises et les cadres de gestion en retraite pour constituer ces forces d’encadrement. Au sein de la FTPE, nous venons de mettre en place une formation sur les fondamentaux financiers de la TPE pour donner à chacun de disposer de son tableau de bord afin de piloter convenablement son petit véhicule.
Pour se faire connaître, la micro-entreprise a des moyens limités. Elle ne peut jouer dans la cour des grands et doit donc s’adapter et jouer la carte de l’Internet. Mais avant cela, disons le simplement, pour être entrepreneur, au-delà de la compétence et de la maîtrise de la gestion, il faut avoir une capacité naturelle à communiquer. C’est plus facile si on a un bon carnet d’adresses. En venant dans les réunions de la FTPE, on arrive à augmenter le nombre de ses contacts. Une nouvelle approche est celle des réseaux sociaux. Il faut avoir une page facebook, ou un blog ou une boutique en ligne. Bref aujourd’hui on ne fait rien sans « application ». Le digital est une priorité pour la micro-entreprise. L’accompagnement aide à développer le réseau et donc le business.
Quel regard portez-vous sur l’explosion récente du nombre d’auto-entrepreuneurs sur le marché ?
À la FTPE, nous sommes optimistes. Nous pensons que cette tendance profonde de créations d’entreprises va représenter dans les prochaines années une modification majeure de notre société. Le numérique, l’Internet et la robotisation vont profondément modifier les relations économiques.
« Il faut encore plus soutenir l’esprit d’entreprise, car décourager celui qui a foi en lui, en son projet, est une mauvaise chose pour la personne et pour la communauté. »
Dans cinq ou dix ans, une petite entreprise aura les performances d’une PME, les motivations des chefs d’entreprises seront différentes. Un peu comme pour la voiture qui n’est plus objet de promotion sociale, l’entreprise ne sera pas un moyen de s’enrichir plus et encore plus mais un objet d’épanouissement des individus, créateur d’une richesse partagée dans la communauté. Mais là nous ne donnons pas un scoop, c’est ce qu’annoncent les prévisions pour 2050.
En tant que FTPE, nous comptons bien jouer notre rôle dans cette fantastique mutation de notre économie.
Notre société éprouve des difficultés à se projeter dans un avenir proche, elle se trouve bouleversée par des mutations qui font disparaître des pans entiers de notre économie. La robotisation signifie la relocalisation de nos productions, l’apparition de nouveaux métiers. Les ventes par le digital peuvent être l’apanage de grands groupes ; mais les petits, en se mutualisant, peuvent aussi tirer leur épingle du jeu et faire leurs ventes par Internet.
Tout cela représente une formidable opportunité pour les gens à faible qualification. Cela se remarque à travers les nouvelles activités de transport mais aussi de service à la personne, qui vont connaître un formidable développement de par l’intégration des approches d’automatisation ou de robotisation.
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