François Bayrou sous le feu des critiques : un jet privé pour 27 minutes de discours sur les énergies renouvelables

Le Premier ministre François Bayrou sort d'un jet d'affaires Falcon 10X alors qu'il visite le stand de l'avionneur français Dassault Aviation lors de la 55e édition du Salon international de l'aéronautique et de l'espace à l'aéroport de Paris-Le Bourget, le 16 juin 2025.
Photo: Crédit photo JEANNE ACCORSINI/POOL/AFP via Getty Images
Dans le cadre de la promotion des énergies renouvelables, le Premier ministre François Bayrou a effectué ce jeudi 19 juin un aller-retour express entre Villacoublay (Yvelines) et Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) en avion d’affaires. Un déplacement qui a suscité l’indignation de plusieurs internautes, dont certaines figures politiques, qui ont dénoncé l’hypocrisie de la situation.
Ce jeudi, alors que se tenait la 6e édition du congrès national de la géothermie à Biarritz, François Bayrou a fait une apparition d’une petite demi-heure pour promouvoir cette énergie renouvelable qui capte la chaleur interne de la Terre pour produire chaleur et électricité. Cependant, bien qu’il promeuve cette source d’énergie propre, il s’est rendu à cet événement à bord d’un Falcon gouvernemental, un avion particulièrement gourmand en carburant et à forte empreinte carbone.
Un sujet qui lui tient à cœur
Durant les 27 minutes de son allocution, le locataire de Matignon a vanté les qualités de la géothermie, une « ressource abondante et gratuite qui se trouve sous nos pieds », mais trop peu exploitée selon lui, comme le rapporte Sud-Ouest. La France n’utilise que « 1 % » de ses capacités géothermiques. « On est debout sur une mine d’or », a-t-il affirmé, sachant que ce précieux gisement équivaudrait à un quart de la production nucléaire française, « pour un coût d’exploitation bien inférieur ».
Mettant en avant les études du groupe interministériel « commando géothermie » – chargé d’accélérer le déploiement de cette technologie – il a donc exprimé son souhait de la voir se développer, visant une multiplication par dix, voire par vingt du nombre de spécialistes du secteur. Pour atteindre cet objectif, il a indiqué que des unités de formation initiale allaient ouvrir, précisant : « Il en existe une à Lescar, deux autres arrivent à Beauvais et Marseille. »
François Bayrou a également annoncé une simplification des procédures d’autorisation pour la géothermie de surface, ainsi que pour l’accès aux puits déjà forés. Il a en outre évoqué, de manière encore floue, l’arrivée de « nouvelles dispositions » prévues pour septembre afin de renforcer la filière géothermique.
« Deux heures de jet pour moins de 30 minutes de discours »
Sur X, de nombreux internautes se sont agacés, soulignant l’incohérence entre le discours du Premier ministre et son recours à un moyen de transport peu respectueux de l’environnement. La vice-présidente du RN Hélène Laporte n’a pas caché son irritation, dénonçant cet aller-retour en jet privé, qui aurait coûté « des milliers d’euros aux frais du contribuable » et entraîné l’émission d’une tonne de CO₂, le tout « pour une heure sur place ». « Pour la cohérence écologique et budgétaire, on repassera », a-t-elle ironisé.
Sud-Ouest relève également qu’à titre de comparaison, le temps passé par le chef du gouvernement à Biarritz ce jeudi – environ une heure – était nettement inférieur à celui de son trajet en Falcon 900 : l’aller-retour entre Villacoublay et Biarritz ayant duré plus de deux heures. Un point qui n’a pas échappé à Manuel Bompard. « L’écologie selon Bayrou : deux heures de jet pour moins de 30 minutes de discours », s’est désolé sur X le coordinateur de La France insoumise.
« Très vigilants aux solutions les moins onéreuses pour les déplacements »
Et ce n’est pas la première fois que François Bayrou est critiqué pour son usage du jet lors de ses déplacements. À peine venait-il d’être nommé à Matignon qu’il avait été pointé du doigt pour avoir emprunté un Dassault Falcon 7X afin de se rendre à Pau pour présider le conseil municipal de sa ville. Ce vol de 52 minutes avait nécessité la consommation de près de 800 kilos de carburant.
Selon une estimation de la fédération d’ONG Transport & Environnement relayée par Libération, un vol en jet privé peut, à l’échelle d’un passager, générer jusqu’à 14 fois plus d’émissions de CO₂ qu’un vol commercial, et jusqu’à 50 fois plus qu’un trajet équivalent en train sur une ligne européenne.
Du côté de l’entourage du Premier ministre, on indique auprès de BFMTV que ce dernier « effectuait un déplacement professionnel » et devait « rentrer vite à Paris car il était attendu pour le Conseil des ministres en début d’après-midi ». « Il tenait à honorer cet engagement sur un sujet qui l’intéresse », a-t-on ajouté, tout en certifiant qu’il a « l’habitude d’utiliser les lignes régulières pour rentrer chez lui à Pau ». « Nous sommes toujours très vigilants aux solutions les moins onéreuses pour les déplacements en délégations », a encore affirmé l’entourage du chef du gouvernement.

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