AFRIQUE

Afrique du Sud: les coupures de courant s’aggravent avant l’hiver

avril 21, 2023 9:15, Last Updated: avril 21, 2023 9:38
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L’Afrique du Sud est confrontée à des coupures de courant record, laissant peu d’espoir d’amélioration à l’approche de l’hiver austral. Le pays le plus industrialisé d’Afrique s’enfonce ainsi dans une crise énergétique qui pourrait être plus profonde que ne le reconnaissent les autorités.

Ce que l’on sait :

Les Sud-Africains ne découvrent pas les coupures de courant, par tranches de deux à quatre heures d’affilée. Mais depuis des mois, c’est quasiment tous les jours, sans relâche. Depuis le début de l’année, une seule journée a connu zéro coupure.

Ces absences de courant programmées, jusqu’à douze heures par jour, obligent à organiser la production dans les usines et le quotidien : prévoir de faire tourner une machine, des courses pour qu’elles tiennent dans un frigo intermittent… Les Sud-Africains scrutent ainsi un calendrier accessible via une application mobile.

Les centrales à charbon, qui produisent 80% de l’électricité du pays, sont défaillantes car mal entretenues, victimes de sabotages et de corruption. Eskom, la compagnie publique surendettée, n’arrive plus à produire au niveau des besoins du pays. Ces dernières semaines, même les week-ends, a priori peu énergivores puisque la plupart des entreprises sont fermées ou au ralenti, n’apportent plus de répit.

Colère et frustration

Sous pression, le président Cyril Ramaphosa, qui hérite en partie de cette situation dégradée, a décrété en février l’état de catastrophe nationale, levé depuis sans amélioration notable. Il a nommé un ministre de l’Électricité, un vieux routier de l’ANC au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, sur lequel peu de Sud-Africains misent pour renverser la vapeur.

Ces derniers jours, le niveau réel d’alimentation a plongé en-dessous des niveaux déclarés, soulignent des analystes qui dénoncent une tentative des autorités d’apaiser l’opinion publique. « Ils contiennent la colère et la frustration », confie à l’AFP l’expert en énergie Adil Tchabeleng. Les hivers sud-africains, surtout juin et juillet, peuvent être froids avec des températures négatives la nuit, notamment à Johannesburg, poumon économique du pays situé à 1700 mètres d’altitude.

Le nouveau ministre de l’Electricité, Kgosientsho Ramokgopa, a prévenu qu’il fallait s’attendre au pire, Eskom manquant de fonds pour réparer ses centrales. Le Trésor a affirmé que l’entreprise publique ne pourrait pas emprunter pendant les trois prochaines années, devant autofinancer réparations et rénovations. « Je vais être brutalement honnête. Ça va être un hiver exceptionnellement difficile », a annoncé le ministre la semaine dernière, précisant que la capacité maximale de production des centrales électriques est actuellement à peine au-dessus de 50%.

« Pas de lumière au bout de ce tunnel »

La situation est si grave que nombre d’experts mettent en garde contre un effondrement possible du réseau, surtout à l’approche de l’hiver. « Nous sommes assis sur une catastrophe. La lumière reste éteinte déjà la moitié du temps, c’est monstrueux », relève Adil Tchabeleng. « L’hiver va être désastreux si aucune mesure n’est prise tout de suite pour remettre en service les unités actuellement en panne », dit-il car Eskom « risque maintenant d’étirer le réseau jusqu’à l’effondrement ».

Selon le ministre de l’Électricité, Eskom peut seulement garantir un approvisionnement de 27.000 MW actuellement, contre des besoins moyens de 32.000 en été qui peuvent monter à 37.000 l’hiver. « Pour le moment, il n’y a vraiment pas de lumière au bout de ce tunnel », dit l’économiste spécialisé Lungile Mashele, estimant que le pays se trouve en « position précaire ». Le président d’Eskom, Mpho Makwana, a affirmé le mois dernier qu’il faudrait entre 18 mois et deux ans pour mettre fin aux coupures. « Il n’y a pas de raccourci » possible, a-t-il mis en garde.

Les pannes continuent de freiner l’économie et la croissance pourrait se contracter significativement, s’inquiète-t-il encore.

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