ANALYSE : Des personnalités politiques haut placées ayant défendu une politique agressive à l’égard du Covid-19 tentent aujourd’hui de recadrer leurs positions

Par Petr Svab
5 mai 2023 08:44 Mis à jour: 5 mai 2023 08:46

Analyse de l’actualité

Certaines personnalités parmi les plus fortement associées à la promotion des mesures de confinement lors de la pandémie de COVID-19 ont récemment cherché à donner une meilleure image de leur positionnement passé. C’est le cas d’Anthony Fauci, l’ancien responsable de la réponse fédérale à la pandémie de COVID-19, de Randi Weingarten, la présidente du syndicat des enseignants, et de Justin Trudeau, le Premier ministre canadien.

Lors d’un entretien avec le New York Times la semaine dernière, M. Fauci a semblé vouloir nier toute responsabilité dans les fermetures d’écoles.

« Montrez-moi une école que j’ai fermée ou une usine que j’ai fermée. Jamais. Je ne l’ai jamais fait », a-t-il déclaré.

Selon lui, ce sont les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) qui ont formulé les recommandations en matière de confinement.

« J’ai formulé une recommandation de santé publique qui faisait écho à celle des CDC, et les gens ont pris une décision sur cette base », a-t-il déclaré, précisant qu’il était « perçu comme la personnification de ces recommandations ».

Cette perception n’est cependant pas arrivée toute seule. M. Fauci n’a pas manqué une occasion de se faire remarquer par les médias, et il a accepté les éloges de tous ceux qui voyaient en lui celui qui guidait le pays en temps de crise.

En octobre 2020, Fauci s’est vanté d’avoir recommandé au président Donald Trump de « fermer le pays » au début de la pandémie.

« C’était bien avant l’épidémie majeure qui s’est déclarée dans la région de New York au début de la pandémie », a-t-il déclaré.

En outre, M. Fauci affirme aujourd’hui qu’il était sensible à ceux qui avaient leurs raisons de ne pas suivre les conseils des agences fédérales de santé publique.

« Je n’ai jamais critiqué les personnes qui ont dû prendre des décisions dans un sens ou dans l’autre », a-t-il déclaré.

Cela ne semble pas tout à fait exact.

Les médias ont à plusieurs reprises cité Fauci comme ayant critiqué ceux des états qui s’écartaient des directives fédérales.

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Une conductrice brandit une pancarte alors que des centaines de personnes se rassemblent pour protester contre le confinement malgré les règles d’hébergement sur place toujours en vigueur au capitole de l’état de Californie à Sacramento (Californie), le 20 avril 2020. (Josh Edelson/AFP via Getty Images)

À un moment donné, il a qualifié cette mesure de « risquée » et, à un autre, il a mis en garde contre « des souffrances et des morts inutiles » si les états venaient à lever les restrictions plus tôt que ce que les directives fédérales préconisaient.

L’ancien conseiller en matière de pandémie reconnaît aujourd’hui que les vaccins COVID-19 ont été présentés au public d’une manière qui n’est pas idéale.

« Nous aurions probablement dû mieux communiquer sur le fait que les essais cliniques n’avaient de valeur que pour l’effet que le virus a sur les maladies cliniquement reconnaissables, les maladies symptomatiques », a-t-il déclaré au New York Times.

Au contraire, plusieurs responsables se sont exprimés et ont prétendu que les vaccins avaient stoppé la transmission du virus – ce qui est faux – alors que ceux qui pointaient du doigt les limites des essais cliniques sur les vaccins étaient qualifiés d' »anti-vax » et étaient censurés sur les réseaux sociaux.

« Il est facile de prouver, documents à l’appui, que Fauci a bel et bien pris des décisions ayant entraîné des souffrances considérables pour quantités d’Américains en bonne santé et productifs », a déclaré Michael Chamberlain, directeur de Protect the Public’s Trust, un groupe qui milite en faveur de la transparence et de l’impartialité des pouvoirs publics.

Réouverture des écoles

Mme Weingarten, présidente de la Fédération américaine des enseignants (AFT), a récemment déclaré au Congrès que son syndicat avait plaidé en faveur de la réouverture des écoles dès le début de la pandémie.

« Nous avons passé chaque jour de février [2020] à essayer de faire rouvrir les écoles », a-t-elle déclaré.

Cela ne semble être que partiellement vrai.

En avril 2020, le syndicat a en effet publié un document proposant que les écoles réouvrent après avoir été en grande partie fermées le mois précédent en raison de la propagation du virus SARS-CoV-2, à l’origine de la maladie COVID-19.

Dans la pratique, toutefois, Mme Weingarten a toujours semblé exiger toujours plus de mesures pour permettre que les écoles soient autorisées à réouvrir « en toute sécurité ».

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La présidente de l’American Federation of Teachers, Randi Weingarten, parle à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 13 juillet 2018. (Jeff Swensen/Getty Images)

Parmi leurss revendications principales figuraient le masquage universel des enseignants et des élèves, l’amélioration de la ventilation des bâtiments scolaires et le maintien à tout moment d’une distance physique de 2 mètres entre les personnes. De plus ces exigences, selon le syndicat, nécessitaient des investissements importants ou des sacrifices en termes de temps de classe. Les classes devaient être beaucoup plus petites, par exemple, pour garantir la distanciation.

« Si la distance physique doit être de deux mètres, cela revient à dire que dans une école, il n’y aura jamais plus de 50 ou 60 % des élèves, et non plus 100 % », avait-elle déclaré à NBC News en février 2021.

Et les revendications ont continué.

Le rapport de réouverture de la Fédération unie des enseignants (UFT) de février 2021 demandait que 20 % des élèves et du personnel soient testés chaque semaine. Si un élève est testé positif, toute la classe doit être renvoyée chez elle pendant 14 jours ; si deux élèves dans des classes différentes sont testés positifs, toute l’école doit interrompre l’apprentissage en présentiel pendant 14 jours, recommandait le document.

Les écoles de la ville de New York ont tenté de mettre en œuvre des règles similaires, quoique moins strictes, mais se sont heurtées aux protestations des parents.

« Deuxième jour d’école. Un cas positif a été trouvé dans la classe de ma fille. 25 enfants doivent maintenant quitter l’école pendant 10 jours », a écrit sur Twitter Jill Goldstein, dont l’un des enfants est scolarisé dans l’une des écoles de la ville.

« C’est inacceptable. »

Il semble également qu’il y ait eu une tendance à vouloir retarder la réouverture des écoles tant que les enseignants n’avaient pas eu l’occasion de se faire vacciner.

D’une part, l’AFT a déclaré que les vaccinations n’étaient pas nécessaires pour la réouverture des écoles, mais d’autre part, elle affirmait que les enseignants devaient être vaccinés de façon prioritaire et que la progression de la vaccination devait être « alignée » sur la réouverture.

« Les enseignants et le personnel scolaire ont besoin du niveau de protection offert par les vaccins. C’est le strict minimum dont ils ont besoin pour retourner en classe », a déclaré Mme Weingarten dans un tweet daté du 24 février 2021.

Selon un rapport de l’Institut de défense de la liberté, dans certains districts où les syndicats locaux sont importants et où les demandes de réouverture sont fortes, ce n’est qu’après la généralisation des vaccins que les autorités locales ont été en mesure de conclure des accords de réouverture.

Certaines, parmi les principales organisations locales affiliées à l’AFT, sont allées encore plus loin.

United Teachers of Los Angeles (UTLA), l’un des plus grands et des plus puissants groupes affiliés à l’AFT, a expliqué qu’une réouverture nécessiterait « une préparation plus large de la communauté et un financement plus important ». Selon un document publié par le syndicat en juillet 2020, cela devait inclure non seulement des tests systématiques, le masquage et la distanciation sociale, mais aussi des congés de maladie plus longs, un impôt sur la fortune, un impôt sur les millionnaires, un « Medicare pour tous » et un moratoire sur les « charter schools » (ces écoles qui sont libres de s’organiser elles-mêmes). Ce document a depuis été retiré du site web de l’UTLA.

Face à la résistance du public, l’UTLA a finalement accepté un plan de réouverture sans ces exigences supplémentaires.

Ressources, zones rouges et politique

Mme Weingarten a donné l’impression d’être plutôt intransigeante.

Lorsque le CDC a cessé de recommander le port du masque pour les personnes vaccinées en mai 2021, Mme Weingarten a critiqué la décision du Texas de ne plus exiger le port du masque dans les écoles, soulignant que les enfants n’étaient pas encore éligibles au vaccin. Deux mois plus tard, le CDC a recommandé le retour du masque, et ce quel que soit votre statut vaccinal, les personnes vaccinées propageant le variant Delta du virus au même titre que les personnes non vaccinées.

Les experts ont prévenu que le port du masque chez les enfants, en particulier les plus jeunes, présentait le risque de ralentir leur développement personnel. Certaines personnes ont également critiqué ce qu’elles considéraient être des règles de masquage arbitraires. Si les cours avaient lieu dans des restaurants, par exemple, les élèves auraient vraisemblablement été autorisés à retirer leur masque une fois assis, conformément aux règles en vigueur dans de nombreuses juridictions.

Lorsque le CDC a ramené la distanciation à un mètre dans les écoles, Mme Weingarten était vent debout : « Le problème de ces changements de distance dans les écoles, c’est que les écoles surpeuplées et manquant de ressources ont déjà du mal à respecter les directives de sécurité de base. Nous devons d’abord nous concentrer sur la mise en place de toutes les stratégies d’atténuation ».

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Le Premier ministre Justin Trudeau se lève pendant la période de questions à la Chambre des communes sur la Colline du Parlement à Ottawa le 28 mars 2023. (Sean Kilpatrick/Presse canadienne)

L’UFT a également fait pression pour que le CDC publie des directives universelles comme condition préalable à toute réouverture des écoles. La CDC s’est exécutée en février 2021, mais seulement après des négociations avec l’UFT et l’inclusion de plusieurs de leurs revendications syndicales.

Comme le souhaitait Mme Weingarten, les lignes directrices prévoyaient la réouverture des écoles en fonction du nombre de cas de COVID-19 détectés dans la communauté. Les écoles situées dans les « zones rouges » – celles qui ne pouvaient pas proposer des tests COVID-19 à tous les enseignants et élèves au moins une fois par semaine – avaient pour consigne de faire les cours à distance, à moins qu’elles ne puissent « mettre en œuvre strictement toutes les stratégies d’atténuation des risques ».

Les seuils étaient si bas à l’époque, que presque toutes les écoles se trouvaient dans des « zones rouges ».

Selon Mme Weingarten, les lignes directrices ne pouvaient être appliquées universellement qu’à condition que le Congrès débloque beaucoup plus d’argent en faveur des écoles publiques.

« Les éducateurs, les élèves et les parents, tout le monde veut que nos écoles rouvrent en toute sécurité. Mais nous avons besoin des ressources de l’#AmericanRescuePlan pour y parvenir », a-t-elle écrit dans un tweet daté du 17 février 2021. Elle faisait référence au programme de dépenses de 1.900 milliards de dollars mis en place par l’administration Biden, dans lequel les écoles publiques se sont vu promettre 130 milliards de dollars en plus des 110 milliards de dollars déjà accordés par le Congrès aux écoles et aux universités.

Dans les faits, ce financement fédéral massif n’a pas grand-chose à voir avec la réouverture des écoles. Le Bureau du budget du Congrès a déclaré en février 2021 que la très grande majorité des 110 milliards de dollars qui avaient été alloués n’avait pas été dépensée et que moins de 5 % des 130 milliards de dollars additionnels allaient être dépensés d’ici septembre 2021.

Ils nient avoir fait ce qu’ils ont fait

« Les efforts déployés pour réécrire l’histoire par ceux qui ont plaidé en faveur de restrictions sévères et de fermetures d’écoles sont choquants, surtout si l’on considère le rôle qu’ils ont joué dans l’élaboration de ces mêmes politiques dont ils cherchent à se distancer aujourd’hui », a déclaré M. Chamberlain à Epoch Times.

« Ils ont exigé la mise en place de confinements qui ont détruit des vies et des moyens de subsistance entiers, ils ont fait pression pour que les élèves ne soient pas scolarisés, pendant ce temps les parents voyaient leurs enfants dépérir sur les plans scolaire, physique, social et émotionnel, certains au point de se suicider ».

Les tests nationaux ont montré une chute spectaculaire des résultats une fois les confinements levés et les enfants de retour en classe.

Pendant ce temps, les appels aux lignes d’urgence provenant d’enfants victimes de violences domestiques ont augmenté de plus de 50 % au cours des premiers mois de confinement, et les signalements de prédateurs attirant des mineurs en ligne ont presque doublé en 2020. Les suicides présumés par auto-empoisonnement ont augmenté de 30 % en 2021 par rapport à 2019, selon un document publié en avril.

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Un élève porte un masque dans une école de Provo, dans l’Utah, le 10 février 2021. (George Frey/Getty Images)

Malgré cela, Mme Weingarten a parfois semblé réticente à reconnaître à quel point l’absence d’enseignement en personne avait pu être préjudiciable à l’éducation des enfants.

« Il est clair que l’éducation a été perturbée, mais nos membres s’opposent à l’idée qu’il y a eu une perte d’éducation », a-t-elle déclaré, selon un tweet de l’AFT daté du 18 mai 2021. 

M. Chamberlain accuse M. Fauci et Mme Weingarten d’embobiner les gens : « essayer de convaincre le public américain qu’ils ont fait et dit quelque chose alors qu’en réalité ils ont fait exactement le contraire ».

De son côté, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a affirmé la semaine dernière qu’il n’avait jamais forcé personne à se faire vacciner, bien qu’il ait « choisi de s’assurer que toutes les incitations et toutes les protections étaient là pour encourager les Canadiens à se faire vacciner ».

« C’est précisément la raison pour laquelle la confiance du public dans le gouvernement s’est effondrée pendant la pandémie », a déclaré M. Chamberlain.

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