Un ancien employé dévoile le véritable pouvoir de Huawei

Quand Huawei sera en déroute, le régime chinois sera proche de l'effondrement total car Huawei est le dernier bastion du régime

Par Olivia Li
18 mars 2020 00:48 Mis à jour: 10 avril 2020 12:57

Le géant chinois des télécommunications Huawei a acquis une mauvaise réputation dans le monde entier après la publication en ligne des informations d’un ancien employé de Huawei. Un autre ancien employé a partagé son expérience avec Epoch Times le 5 décembre.

Jin Chun a obtenu une maîtrise en informatique en Irlande et a travaillé pour Huawei sur la recherche de mégadonnées, ou données massives, pendant trois ans avant de quitter la société en avril de cette année. Il dit que Huawei est en fait un agent du régime communiste chinois, une unité militaire qui combine activités commerciales, espionnage, renseignement et vol de technologie dans ses opérations quotidiennes.

Des dénonciateurs envoyés en prison, torturés

Li Hongyuan, qui a travaillé pour Huawei pendant 13 ans, a été licencié et emprisonné à tort pendant huit mois après avoir tenté de dénoncer la corruption dans l’entreprise. Son histoire est devenue virale sur les médias sociaux chinois.

Selon Jin Chun, il y a beaucoup de victimes également lésées par Huawei. La plupart d’entre elles choisissent de garder le silence parce que s’ils s’expriment, rien ne change et ils en paient le prix.

« En Chine, même la Cour suprême ne punira pas Huawei selon la loi », a dit Jin Chun.

D’anciens collègues de Huawei lui ont dit que certains employés de Huawei ont connaissance de certains secrets de Huawei qu’il leur est absolument interdit de divulguer.

Selon Jin Chun, plusieurs employés ont tenté de révéler qu’ils vendaient du matériel Huawei en Iran. Leurs preuves comprennent des visas d’entrée accordés par l’Iran et des relevés de paiement d’une subvention de 100 $ par jour, qu’ils ont reçue pendant qu’ils travaillaient là-bas. Mais la police et le système judiciaire chinois ne traiteront pas ces affaires ouvertement, car ce sont des secrets.

« Ces employés ont été envoyés en prison pour extorsion et torturés jusqu’à ce qu’ils promettent de ne révéler aucun secret après leur libération. Cela explique pourquoi aucune de ces victimes de Huawei ne porte plainte contre la police, mais continuent d’exprimer leur colère contre Huawei », a-t-il ajouté.

En lien avec la sécurité nationale

Jin Chun a déclaré que le plus gros problème avec Huawei est son lien avec le Département de la sécurité nationale de la Chine. En apparence, Huawei est une entité commerciale, mais ce n’est pas si simple.

« Certains disent que Huawei est contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC). Je dirais que c’est[une partie] du PCC lui-même. C’est tout à fait évident », a-t-il dit.

« Par conséquent, il est impossible que Huawei entre en conflit d’intérêts avec le PCC. Plusieurs des principaux dirigeants de l’entreprise sont issus d’agences gouvernementales du PCC – soit le Département de l’état-major général de l’armée chinoise, soit le Département de la sécurité nationale. C’est précisément l’histoire de Huawei. L’entreprise représente définitivement la volonté du PCC. »

Le 22 novembre, le centre de recherche de Huawei à Pékin, la filiale clé qui contrôle les technologies de base, a annoncé un important changement au sein de son équipe de direction. L’ancien vice-président Ren Zhengfei, l’ancien président et représentant légal Sun Yafang, ainsi que les anciens directeurs Xu Wenwei, Xu Zhijun et Guo Pingping ont tous démissionné. Tian Xingpu, à l’origine directeur du Centre, est devenu le nouveau conseiller juridique et directeur.

Jin Chun a expliqué que Ren Zhengfei et d’autres anciens cadres proviennent manifestement du système de renseignement du PCC et que leur identité a été révélée. Le PCC a donc dû les remplacer par des personnes inconnues.

Selon Jin Chun, il y a trois raisons pour lesquelles Huawei a été extrêmement rentable. Premièrement, le soutien du régime communiste chinois ; deuxièmement, les divers monopoles ; et troisièmement, l’adoption des systèmes de gestion utilisés par les entreprises américaines.

« Elle est donc devenue l’une des plus performantes de toutes les entreprises du PCC », a-t-il déclaré.

En termes de technologie et d’intelligence, la compagnie Huawei est « compétente et très puissante », a déclaré Jin Chun, soulignant que la société a contribué à l’initiative chinoise « Les Nouvelles Routes de soie » (OBOR, également connue sous le nom de « One Belt, One Road ») et aidé le régime chinois à développer des produits de haute technologie comme la reconnaissance faciale, impliquant divers aspects des techniques de cryptage.

De plus, Huawei a adopté certains aspects de la gestion de style occidental, comme ceux d’IBM et du KGB de l’ex-Union soviétique. Les bâtiments de l’entreprise sont divisés en zones de couleur : bleu, vert, jaune et rouge, le rouge étant la meilleure qualité classée. Il est interdit aux employés de communiquer ou de partager des données avec des personnes d’autres zones que la leur. Pour accéder aux données d’une autre zone, un employé doit d’abord obtenir la permission.

Collecte de données personnelles

Jin Chun a révélé que Huawei surveille non seulement les citoyens chinois vivant en Chine, mais qu’il recueille également des informations auprès des ressortissants chinois à l’étranger.

Par exemple, l’IMEI (International Mobile Equipment Identity) est un code à 15 ou 17 chiffres qui identifie de façon unique chaque téléphone mobile. Huawei garde la trace des codes IMEI des Chinois d’outre-mer pour recueillir les informations personnelles du propriétaire, telles que son adresse, sa profession et ses relations sociales.

Jin Chun a déclaré que dans certains pays occidentaux, comme les États-Unis, le Japon et de nombreux pays européens, il est interdit par la loi de recueillir des informations sur l’IMEI, mais Huawei essaie encore dans ces pays.

En outre, Huawei a aidé certains pays d’Afrique et d’Europe de l’Est, dont la Roumanie, dans divers projets de surveillance et aurait également coopéré avec la Deutsche Telekom AG allemande dans le cadre d’un projet d’acquisition de données.

« Les dirigeants de l’entreprise nous ont dit que les projets de surveillance sont tous légalement autorisés. Cela doit simplement être des mensonges », a dit Jin Chun.

La spécialité de Jin Chun est l’analyse de données massives, donc le département dans lequel il a travaillé s’est concentré sur l’analyse des goûts, des préférences, de la personnalité des gens et de leurs futures habitudes de dépenses prévues.

En d’autres termes, Huawei n’utilise pas seulement ses technologies de surveillance et d’analyse de données pour aider le Département de la sécurité nationale de la Chine à surveiller la population chinoise, mais elle réalise également des bénéfices en étudiant les habitudes de consommation.

« Ce n’est pas facile de réaliser tout cela », explique Jin Chun. « Tout d’abord, l’analyse des données doit extraire beaucoup d’informations privées et connaître les habitudes de dépense de la personne. Le système est capable de faire certaines prédictions. Lorsque la personne fait soudainement quelque chose en dehors de ce qui est prévisible, le système va essayer d’analyser : cette personne a-t-elle appris à percer le pare-feu Internet ? Est-elle devenue un espion étranger ? C’est très difficile, mais mon ministère a été en mesure de faire des analyses précises », dit-il.

Peu d’innovation, surtout du plagiat

Peu de temps après avoir rejoint Huawei, Jin Chun a découvert que c’était très différent de ce qu’il considère une entreprise de haute technologie honnête.

« Beaucoup de soi-disant innovations ont été plagiées. En fait, Huawei n’a pas beaucoup d’innovations. Le plus souvent, l’entreprise se contente de reprendre les chemins que d’autres empruntent et pousse ses concurrents dans une impasse. Huawei est en mesure de le faire parce qu’il est fermement soutenu par l’appareil d’État – tout le système judiciaire est toujours du côté de Huawei. En fin de compte, tous les brevets appartiennent à Huawei, même les inventions d’autres sociétés deviennent finalement la propriété intellectuelle de Huawei. C’est ainsi que Huawei est devenue la première société informatique en Chine. »

Selon Jin Chun, l’an dernier, un employé du centre de recherche de Huawei à Nanjing a rapporté aux cadres supérieurs de la succursale qu’une équipe de projet a prétendu avoir développé un nouvel outil qui a en fait été plagié de la communauté chinoise du logiciel libre. Les dirigeants qui ont reçu sa lettre se sont vengés de lui et l’ont presque mis à la porte de l’entreprise. Toute l’entreprise a alors lancé une propagande intensive, utilisant des prétextes pour défendre le nouveau développement comme original.

Horaire éprouvant et milieu de travail hostile

Huawei proclame sans honte que l’entreprise vénère et adopte un environnement de travail agressif et impitoyable connu sous le nom de « culture du loup ».

Jin Chun a dit qu’il préfère l’appeler « la culture du chien-loup » parce que les employés travaillent comme des chiens tous les jours et que l’entreprise les encourage à faire des dénonciations et à s’intimider mutuellement.

Obliger les employés à quitter leur emploi en utilisant des horaires de travail insensés

Selon Jin Chun, la plupart des employés n’ont que 4 jours de congé par mois. Les heures de travail habituelles sont de 9 h à 23 h. Lorsqu’un projet en est à une étape cruciale, les ingénieurs ont un jour de congé par mois. Ceux qui travaillent jusqu’à 3 heures du matin peuvent prendre une demi-journée de congé le lendemain matin.

Pire encore, lorsque l’entreprise doit réduire ses effectifs, au lieu de mettre à pied ses employés avec une indemnité de départ, la direction les oblige à faire des heures supplémentaires selon un horaire insensé, de sorte qu’ils démissionnent tout seuls.

En janvier de cette année, Ren Zhengfei, PDG de Huawei, a annoncé un plan de licenciement visant à « supprimer les employés médiocres ». Après que le président américain Trump a mis Huawei sur liste noire en mai, l’entreprise a ressenti le besoin urgent de réduire ses effectifs.

« Le ‘licenciement’ que j’ai connu a été réalisé de la manière suivante : dans une équipe de projet d’environ 40 personnes, le directeur a obligé les ingénieurs à travailler jusqu’à minuit chaque jour. En fin de compte, 90 % des ingénieurs ont cessé de travailler et il n’en reste plus que quatre dans l’équipe », explique Jin Chun.

En fait, le projet sur lequel ils travaillaient n’a jamais été livré, mais le gestionnaire de projet a reçu une augmentation parce qu’il a aidé à se débarrasser des dizaines d’employés qui n’étaient plus nécessaires.

« Huawei aime simplement intimider les employés comme cela… les forcer à démissionner volontairement. Ainsi, ceux qui démissionnent ne sont pas considérés comme ayant été licenciés. »

Cet incident l’a aidé à réaliser que Huawei est une machine à broyer au service d’une autorité totalitaire, utilisant une couverture de haute technologie et un style de gestion occidental.

« L’entreprise est bâtie et développée sur un mécanisme de succion du sang », dit Jin Chun. « Toutes vos contributions sont attribuées à la direction, et vous n’avez plus rien. Si les dirigeants aiment votre obéissance, ils peuvent vous donner de petites récompenses ; s’ils pensent que vous n’êtes pas obéissant, ils ne vous donneront rien et se vengeront, même. »

Faire des rapports les uns sur les autres

Jin Chun a expliqué pourquoi il a décidé de quitter Huawei.

Au cours des dernières années, l’entreprise a ouvertement encouragé ses employés à faire des rapports les uns sur les autres. Lors d’une réunion du personnel plus tôt cette année, un gestionnaire a lu la déclaration officielle de l’entreprise pour informer tout le monde qu’un compte de courriel désigné avait été créé pour que les gens puissent faire des rapports sur les autres.

« N’est-ce pas la même chose qu’une autre révolution culturelle ? Je n’aime pas du tout ce genre d’environnement de travail », dit Jin Chun. « J’ai appris de l’un des forums internes de Huawei que plusieurs fois, la personne qui a été signalée a été envoyée en prison. Le plus souvent, la personne qui allait en prison était un chef de division, accusé de détournement de fonds, et les peines d’emprisonnement étaient habituellement de 10 à 11 ans. Nous nous sommes tous demandé quelle était la situation réelle dans ces cas. Je suppose que seuls les cadres supérieurs de Huawei le savent. »

En utilisant un logiciel pour contourner le pare-feu de la Chine, Jin Chun a dit qu’il a un jour navigué sur un site Web à l’étranger. Alors qu’il lisait des reportages sur La Voix de l’Amérique, le service de diffusion internationale par radio et télévision du gouvernement américain, un directeur est venu et a vu ce qu’il faisait. Jin Chun avait peur d’être dénoncé et puni, alors il a décidé de remettre immédiatement une lettre de démission.

Huawei est la dernière forteresse du PCC

Selon Jin Chun, Huawei n’est pas seulement une entreprise individuelle, c’est une immense chaîne industrielle. En plus de ses centres de recherche subsidiaires à Pékin, Nanjing, Shanghai, Xi’an et en Inde, Huawei contrôle directement en aval de nombreuses sociétés d’externalisation et de sous-traitance ou dont les droits de propriété intellectuelle sont détenus par Huawei.

Huawei compte environ 200 000 employés et ses centres de recherche de Pékin et de Nanjing en comptent chacun plus de 10 000. Au total, il y a plusieurs millions d’employés dans la famille Huawei, a révélé Jin Chun.

Jin Chun a spécifiquement mentionné que le Centre de recherche de Huawei à Pékin est engagé dans le développement technologique de Core Network, et leurs données et technologies sont les plus sensibles. Par exemple, un pays d’Europe a acheté l’équipement de Huawei et Huawei pourrait, grâce aux interactions de son réseau avec d’autres pays, voler des technologies dans toute l’Europe.

Huawei et son centre de recherche de Pékin entretiennent des relations particulièrement bonnes avec Deutsche Telekom et Belgian Telecom, et ils entretiennent de nombreuses relations commerciales.

« Huawei est en effet l’entreprise la plus puissante du PCC. Tout comme elle a appris à utiliser la philosophie et la technologie de style occidental pour servir un régime totalitaire. C’est donc la composante la plus dangereuse du PCC et celle qui cause le plus grand tort au monde », a dit Jin Chun.

« Ma conscience m’oblige à m’exprimer », continua-t-il. « Je pense que si Huawei pouvait être vaincu, le PCC serait sur le point de s’effondrer complètement parce que Huawei est sa dernière et plus forte forteresse. Cependant, si Huawei ne peut être vaincu, c’est littéralement un cauchemar pour l’humanité entière. »

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