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Une collection unique de Louis XIV à la manufacture des Gobelins

Écrit par Laurent Gey. Propos recueillis par Hanna Wang - La Grande Époque
13.02.2010
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  • France, Paris : Tenture du triomphe des Dieux. Reproduction d’après Noël Coypel, à la manufacture des Gobelins de Paris. Cette tenture fait partie de la collection des tapisseries de Louis XIV.(攝影: / 大紀元)

 

Située à Paris, la manufacture des Gobelins se trouve entre l'avenue des Gobelins, la rue Croulebarbe et la rue Bièvre. Cet établissement célèbre en tapisseries et en tentures a accueilli la collection des tapisseries royales de Louis XIV. Rencontre avec le directeur des collections, Arnauld Brejon de Lavergnée, qui nous présente cette collection extraordinaire rassemblée par Louis XIV, dit le Roi Soleil, à la fin du XVIIe siècle. Un plongeon de quatre siècles dans le passé pour faire comprendre la naissance d’une manufacture de tissus à l’époque des rois et le nouvel âge d’or que cela a entraîné.

Quels sont le but et la particularité de cette exposition ?

C’est vraiment une exposition extraordinaire. Ce sont en premier lieu des tapisseries très fragiles. Nous avons rarement l’occasion de les admirer. On connaît Louis XIV, Versailles, ses châteaux et ses jardins, mais on ne connaissait pas sa politique pour les tapisseries. Lorsqu’il meurt en 1715, le roi a réuni trois mille tapisseries, reparties en trois cents tentures. C’est la plus grande collection au monde de tapisseries du XVIe et XVIIe siècle.

Le sujet était alors totalement inconnu et pour l’exposition, on a réuni trente tapisseries. Des tapisseries royales, des tapisseries du XVIe siècle, ou bien au contraire des productions des deux manufactures de Gobelins et de Beauvais, créées respectivement par Colbert en 1662 et en 1664.

A cette époque, Louis XIV est un collectionneur et achète de nombreuses tapisseries comme celle de Raphaël. Louis XIV devient également mécène. Accompagné de Colbert, il créé ces deux manufactures et toute la collection des Gobelins qui deviennent alors la collection du roi.

Est-ce la collection la plus riche en termes de tapisseries ?

C’est probablement la plus grande collection formée au monde. Malheureusement il y a eu beaucoup de destructions. En 1797, les tapisseries à fil d’or et d’argent ont été brûlées dans une sorte de crime culturel. Il y a aussi eu l’incendie pendant la Commune en 1871 qui a créé des dommages. On a eu beaucoup de pertes, et sur les trois mille tapisseries du roi, il ne nous en reste que sept cents ou huit cents pièces. Malgré cela, on a pu conserver un superbe panorama.

Vous allez me demander mais : « Qu’est ce que la tapisserie ? » La tapisserie, c’est un objet de luxe, c’est une image de prestige, et le roi se déplace toujours de château en château avec ses tapisseries. Elles  réchauffent le mur, car il n’y a pas de chauffage central. La tapisserie joue un rôle énorme dans l’ameublement. Lorsque les rois Henri IV, Louis XIII ou Louis XIV, allaient chasser à Fontainebleau ou à Saint-Germain-en-Laye, ils ne se déplaçaient jamais sans leurs tapisseries.

En France nous avons une tradition de quatre siècles, une tradition d’ameublement des lieux de pouvoirs, nos prédécesseurs envoyaient des tapisseries à Fontainebleau quelques jours avant que le roi n’arrive.

Avez-vous d’autres œuvres à nous présenter ?

Bien sûr. Je voudrais dire à nos amis lecteurs, qu’il y a deux trois ensembles absolument remarquables. Par exemple une tapisserie du XVIe siècle qui s’appelle Le Triomphe des Dieux. Tapisserie réalisée d’après un carton d’un élève de Raphaël, Giovanni da Udine. C’est un modèle italien, tissé à Bruxelles en 1520.

Les grandes tapisseries étaient tissées à Bruxelles au XIVe siècle.Le roi de France a acheté dans les années 1660, avant la création des Gobelins, des tapisseries prestigieuses flamandes et bruxelloises du XVIe. La ville de Bruxelles connaît en fait à cette époque un âge d’or artistique. Le second âge d’or de la tapisserie correspond à la création de la manufacture des Gobelins. En d’autres termes, cette exposition est la réunion de ces deux âges d’or. Quand Louis XIV crée la manufacture des Gobelins, il y fait œuvrer alors les meilleurs artistes qui sont Charles Lebrun et Pierre Mignard.

Vous faites partie de l’Institution du Mobilier national de France et nous sommes ici dans la maison des Gobelins, pouvez nous présenter cette maison ?

C’est une maison extraordinaire qui est peut connue et qui existe depuis quatre siècles. Le Mobilier national est la réunion de deux maisons, de deux institutions royales du début du XVIIe siècle. Premièrement il faut savoir que c’est un garde meuble national. Depuis quatre siècles, nous meublons les lieux de pouvoirs, de Henri IV jusqu’à aujourd’hui avec le président de la République. Deuxièmement dans ces manufactures, on crée de l’art vivant, on réalise encore aujourd’hui des tapis et des tapisseries au rythme d’une dizaine par an.

La galerie des Gobelins est un très beau site. Fermée pour travaux, elle est aujourd’hui ré-ouverte. Mon métier est de promouvoir l’art de la tapisserie et de léguer un patrimoine aux générations futures. Nous réalisons des expositions permanentes en faisant en sorte de faire attention à ne pas détériorer ces objets précieux.

Louis XIV était-il aussi un mécène dans ce domaine artistique et culturel des tapisseries ?

Louis XIV a hérité des tapisseries de ses ancêtres, François 1er et Henri IV. Grâce à Colbert, il a acheté des tapisseries extraordinaires, notamment italiennes et anglaises. Quand le roi crée les Gobelins en 1662, il n’a plus besoin d’acheter de tapisseries sur le marché parisien, londonien ou international. Il fait travailler le plus grand peintre français de la seconde moitié du XVIIe, Charles Lebrun. Peintre, artiste, auteur de la galerie des Glaces, il va diriger la manufacture des Gobelins. Lebrun a eu l’idée de faire tisser ses propres cartons, ses propres œuvres. Louis XIV l’a épaulé par ses efforts financiers et a pu construire une des plus grandes manufactures en Europe.

Vous pouvez également découvrir  la Tapisserie des Grotesques. C’est la tapisserie la plus moderne de l’exposition. Elle date de 1710. C’est à partir de cette époque que le vocabulaire de l’Académie royale de peinture est renouvelé. C’est aussi le début du rococo et du rocaille. On peut dire sans exagération, sans chauvinisme et sans abuser de superlatif, que nous avons ici des chefs d’œuvre absolus de la tapisserie occidentale.

Pour en savoir plus :

Prochaine exposition à la Galerie des Gobelins

Trésors de la Couronne d'Espagne : un âge d'or de la tapisserie flamande

Du 15 avril au 4 juillet 2010

Informations pratiques :

Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, Paris 13e

Tel : 01.44.08.52.00

Métro : Gobelins

 

 

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