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Rusalka-Tout simplement humain

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
14.11.2011
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  • Rusalka (Kelly Kaduce, soprano) (攝影: /

L’opéra créé en 1901, rappelant l’histoire de la petite sirène, joue la carte du romantisme et mise tout sur l’atmosphère bucolique de la nature. Présenté pour la première fois au Québec, Rusalka est joué admirablement par l’orchestre, dirigé par John Keenan, à la fois en légèreté et en densité aux moments charnières de la partition musicale, dont l’opulence des mélodies donne envie de bouger. Accessible à tous, le spectacle est tout aussi jouissif pour l’oreille que pour le regard… si ce n’est le déplacement peu habile des corps dans certains passages dédiés au mouvement.

Les chorégraphies, fort présentes tout au long des trois actes, manquent de lien, bien que les mélodies soient envoutantes à souhait. Devenir un humain ne semble pas de tout repos pour Rusalka, nymphe aquatique qui choisit de revêtir le statut de simple mortelle pour répondre à son amour pour le prince. Il semble tout aussi ardu pour la soprano américaine Kelly Kaduce, qui incarne ce rôle, de s’élever au rang de nymphe. La voix est volumineuse et mélodieuse, mais le corps semble bien encombré et peine est d’imaginer celui-ci onduler dans les eaux profondes.

Difficile aussi de croire à l’amour porté entre le prince et sa nymphe devenue humaine, les rapprochements rares et les entretiens courts ne rendant pas palpable le charme des rencontres entre les deux tourtereaux. La voix du prince, incarnée par le ténor russe Khachatur Badalyan était étouffée par l’orchestre lors de la première représentation du 12 novembre.

Ce qui retient néanmoins l’attention, dans cette production, est le décor. Le metteur en scène Éric Simonson est aussi cinéaste. Les images diffusées sur écran géant rappellent la nature et évoquent le rêve, juxtaposées par de longues bandes plastiques transparentes donnant un effet d’algues et de profondeur aquatique. Cet onirique tableau crée un réel contraste quand le monde des humains fait son apparition au deuxième acte. Le palais du prince est dominé par les tons de gris et laisse peu de place à l’imaginaire, rendant bien le propos de l’œuvre de Dvorák, opposant le monde des nymphes à celui des humains.  

La présence de silences amenés par l’intrigue, laissant Rusalka sans voix en échange de sa forme humaine n’est malheureusement pas compensée par une véritable présence scénique de la part de l’héroïne qui semble coincée dans les costumes de Kärin Kopischke, bien que somptueux lors des scènes de palais et légers pour les scènes ayant lieu dans la nature. Un opéra à découvrir pour ses couleurs sonores et visuelles, mais avec indulgence envers le défi corporel et vocal que représente Rusalka pour ses interprètes.

Rusalka d’Antonín Dvorák présenté par l’Opéra de Montréal jusqu’au 19 novembre 2011.

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