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Au cinéma le sujet exclut-il la forme?

Écrit par Alain Penso, apenso@hotmail.fr
17.11.2011
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  • Le Syndrome chinois (1979) de James Bridges(攝影: / 大紀元)

Aujourd’hui, le cinéma n’a pas d’unité dans ses sorties en salles. Les thèmes des films sont disparates. Pour en comprendre les choix récurrents, il faut procéder à un décryptage qui livrera les préoccupations profondes de notre société inscrites dans les arts, dont la cinématographie mondiale fait partie. Dans les contours du Septième Art, il y a des images qui ressortent comme une obsession d’abord commerciale puis humaine. L’homme est inquiet et s’aperçoit naïvement, parfois tardivement, que son existence est fragile et que quelques comédies démagogiques pourront peut-être installer une sécurité psychologique en face de prévisions catastrophiques sur l’économie et sur les déboires individuels.

Comédies et bouffonneries

Intouchables (2011) d’Éric Tolédano et Olivier Nakache est d’un esprit douteux et discutable. Le dispositif est une recette de rire, une sorte de jeu «pré-découpé». À l’inverse, Toutes nos envies (2011) de Philippe Lioret traite du thème de la maladie et de la justice, exploite avec intelligence la source, sans jamais la tarir de contorsions inutiles. Il utilise la tragédie pour faire naître de façon sensitive la justice cachée dans l’impertinence du temps. Elle drape le laisser-aller des sociétés de crédits soucieuses de faire des bénéfices plutôt que des œuvres humanitaires.

 

Dans Mon pire cauchemar d’Anne Fontaine (2011), le cinéma s’intéresse au regard de la bourgeoisie sur les personnes en rupture avec la société. Les sentiments de ces aristocrates restent en sommeil afin de pouvoir froidement trouver une solution économique aux problèmes des pauvres.

La guerre permanente

La société est en guerre réelle et trouve que le spectacle de la violence est beau et cinématographique, en faisant passer celle-ci pour indispensable à la préservation de l’idée de nation et de liberté d’expression. Forces spéciales de Stéphane Rybojad (2011) exalte la tuerie, seule façon selon le réalisateur de faire passer des situations absurdes face aux religieux : les talibans afghans. Le cinéma est pollué par la violence évidente et souvent gratuite de certains films. Dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979) avec Marlon Brando, Martin Sheen et Robert Duvall, le réalisateur réfléchit dans un souci esthétique sur la violence inouïe à la frontière de l’innommable.

Aujourd’hui l’homme ne rit plus, il doit infléchir sa consommation d’énergie sinon sa famille, ses enfants paieront sa dette: une planète ravagée par la pollution, les radiations atomiques, la perte de son oxygène avarié par des oxydes de toutes sortes, les catastrophes des centrales nucléaires telles que Tchernobyl, les bombes atomiques, la pollution des eaux. Le cinéma joue un rôle extrêmement important dans la prise de conscience et l’esprit critique des masses sous informées des questions environnementales et tente de tirer une réflexion sur toutes les actions de prévoyance vis-à-vis des sources énergétiques dangereuses pour l’avenir de la planète et de l’être humain.

L’atome, le danger du siècle

Déjà en 1979 James Bridges, avec son film Le Syndrome chinois avec Jane Fonda, Jack Lemmon, Michael Douglas, démontrait que la sécurité dans une centrale nucléaire n’existait pas de façon absolue et que les instances gouvernementales fermaient les yeux sur toutes sortes de probabilités tragiques afin de continuer à faire d’importants bénéfices. Les trusts ne voulaient plus garantir une sécurité. La centrale de Tchernobyl en Ukraine, qui faisait partie de l’URSS avant sa dissolution, a fait l’objet de trafics financiers qui lui ont été fatals. Le 26 avril 1986, la fusion du cœur du réacteur conduit à des fuites radioactives dans l’environnement. Quatre mille victimes mourront du cancer et 30 personnes décéderont immédiatement. Au Japon, la centrale de Fukushima est endommagée le 11 mars 2011 à cause d’un séisme de force 9. Ce pays a subi un revers technique, le plus important de son histoire. La radioactivité s’est installée et n’est pas prête de se résorber.

Déjà dans Pluie noire de Shohei Imamura (1989), le cinéma japonais mettait en garde l’homme qui ne maîtrisait pas le nucléaire, ni sur le plan technique ni sur celui de l’éthique. Le 6 août 1945, les Américains envoient une bombe sur Hiroshima sans culpabilité aucune. Une catastrophe humaine pour tester la puissance de destruction des armes atomiques en face d’un hypothétique agresseur. Une dissuasion à moindre prix.

La pandémie et la nourriture

Dans Contagion (2011) avec Marion Cotillard et Matt Damon, Soderbergh dénonce les mécanismes de transformation et de détournement de l’information au détriment de la santé. L’homme révèle son avidité financière et son degré de déshumanisation menaçant désormais l’être humain pris aux pièges des lois de la surconsommation. L’argent roi fabrique des individus irresponsables qui ne vivent plus dans leur réalité. Les vaccins laissent libre cours à une spéculation à des fins de profits financiers. L’apparition d’un virus pandémique stimule les convoitises dans une atmosphère de panique générale. Le responsable de ces maladies reste l’homme lui-même. Les enjeux demeurent la fabrication des vaccins que les laboratoires de recherches pharmaceutiques se disputent pour instaurer des campagnes de vaccination.

Les farines animales pour nourrir les bovins ont entraîné la maladie de la vache folle puis celles des ovins. Le commerce international des animaux met la santé du citoyen à rude épreuve s’il n’est pas accompagné de contrôles d’hygiène sanitaire. Le consommateur se doit d’être de plus en plus vigilant et alerte aux diverses corruptions qui faussent les informations sur les produits mis sur le marché.

Le scénario n’est qu’un reflet de la réalité. Le film est efficace, le réalisateur a bénéficié d’un budget énorme, il s’inscrit dans la tradition des films catastrophe. Ce n’est pas sans rappeler dans un autre domaine La Tour infernale de John Guillermin avec Steve McQueen, Paul Newman, Faye Dunaway (1974) dans lequel un promoteur n’hésite pas à réduire la sécurité d’une tour par simple intérêt financier provoquant des victimes.

Les films de répertoires restent des œuvres intéressantes qui rejaillissent sur notre temps. Souvent ces ouvrages ont été réalisés quarante années auparavant, parfois plus. Dans Si Paris l’avait su ! (1950) avec Jean Simmons et Dirk Bogarde, Antony Darnborough et Terence Fisher construisent l’œuvre sur l’étude de la peur et du suspense dans une atmosphère à la photographie recherchée où la lumière tamisée, filtrée, devient un acteur à part entière. Dans cette œuvre débutait la belle actrice Jean Simmons. Venus à l’exposition universelle, une jeune femme et son frère visitent Paris dans une ambiance de fête permanente. Les photos de Paris sont esthétiquement surexposées, créant une atmosphère fantastique. Terence Fisher réalisera également Frankenstein s’est échappé (1957), La Revanche de Frankenstein (1958), Le Chien des Baskerville (1958) et Les Maîtresses de Dracula (1960).

Le mythe domine le cinéma, il a la fonction de structurer les sujets qui n’ont souvent pas de contenu suffisant. Le cinéma arrive à produire des films grâce aux réalisateurs dont le savoir-faire permet de cacher les sujets pauvres. Otto Preminger le prouve avec Bonjour Tristesse (1958). Sur un sujet, assez médiocre dramatiquement, se situant dans un milieu aristocratique, il parvient à réaliser un beau film avec Jean Seberg, David Niven, Deborah Kerr.

Le centre d’un film reste l’histoire qui par maints méandres parvient à une fin, tempérée par des nuances que la forme permet. La carence de l’un de ces deux éléments du film peut déséquilibrer ce que le réalisateur s’était assigné à faire. Les cinéastes de série B sont passés maîtres dans leur façon d’équilibrer leur film. Leur histoire est souvent épurée et le choix de la forme accompli avec soin, conditions de plus en plus impossibles dans les productions actuelles.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.