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Dessins animés au Moyen Âge

Écrit par Michal Bleibtreu-Neeman, La Grande Époque
19.11.2011
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  • Le Rouleau du Grand Conseiller Ban représenté par une peinture narrative du XIIe siècle raconte un fait réel, la tentative du Grand Conseiller Ban, secrétaire d'Etat, visant à discréditer le ministre.(攝影: / 大紀元)

Grâce à une exposition inédite qui rapproche les précurseurs de la bande dessinée en Occident à ceux du Japon, le musée de Bayeux nous dévoile le rôle important que cet art narratif a occupé au Moyen Âge. L'exposition est placée sous le haut patronage du ministère de la Culture et de la Communication, qui lui a attribué le label d'intérêt national. Pour la première fois un dialogue est établi entre la Tapisserie de Bayeux (XIe siècle) considérée comme patrimoine du monde et le Rouleau Grand Conseiller Ban - Ban Dainagon emaki (XIIe siècle), classé trésor national du Japon. La première qualité de l'exposition réside essentiellement dans le fait qu’elle nous offre la possibilité d’admirer et de comparer les trésors de deux cultures majeures du Moyen Âge.

La découverte de prémisses de la bande dessinée et des dessins animés.

L'exposition Préhistoire de la bande dessinée et du dessin animé, qui a eu lieu au Musée régional de Préhistoire d’Orgnac (Ardèche) en 2008 nous a déjà prouvé que ce type de narration existait depuis la nuit des temps ou au moins depuis quelques dizaines de milliers d'années et qu'il s'agit d'un medium universel. Le film de Werner Herzog La grotte des rêves perdus, sorti en août 2011 nous démontre également non seulement la qualité artistique des dessins rupestres de la grotte des Chauvet, âgés de 36.000 ans, mais aussi leur aptitude à désigner le mouvement, de la même façon que nous le faisons aujourd'hui.

L'exposition a été réalisée d'après l'idée de M. Takahata co-fondateur du Studio Ghibli, présentée grâce à la collaboration du Studio Ghibli (Le château dans le ciel (1986), Princesse Mononoké (1997), Ponyo sur la falaise (2008) sont parmi ses productions de qualité) et du musée Idemitsu (Tokyo) propriétaire du Ban Dainagon emaki.

La Tapisserie de Bayeux a été certainement commandée par l'évêque de Bayeux Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume le Conquérant vers 1082, une quinzaine d'années après la victoire de Guillaume le Conquérant sur Harold et la conquête de l'Angleterre. La tapisserie a été présentée régulièrement jusqu'à la Révolution à l'intérieur de la cathédrale lors de la fête des reliques dont elle illustrait l'importance. Le but de sa présentation a été donc plutôt religieux que politique. Harold a trahi après un serment prêté sur des reliques, le but de la tapisserie était donc de montrer sa punition et celle des siens. Outre l’histoire qu’elle raconte, la tapisserie recèle d'innombrables détails sur la vie au Moyen Âge. Le dessin principal tient à la fois du dessin animé et de la bande dessinée. Cependant plusieurs symboles indiquent que l'on passe d’un épisode à l'autre. La juxtaposition répétitive de motifs presque similaires exprime le mouvement et des légendes écrites en haut du dessin commentent l'action et nomment les personnages principaux et ainsi constituent les sources les plus solides de l'histoire de la conquête.

Sur le mur d'en face, le Rouleau du Grand Conseiller Ban représenté par une peinture narrative du XIIe siècle raconte un fait réel, la tentative du Grand Conseiller Ban, secrétaire d'État, visant à discréditer le ministre. Là aussi il s'agit d'un événement politique et du passage du pouvoir de la famille Tomo à la famille Fujiwara, dont la puissance fut sans égale pendant l’ère de Heian (794-1185).

Une décomposition des actions et la question de l’origine de la bande dessinée.

Là aussi le spectateur pourra constater les effets cinématographiques de l'emaki, comme la décomposition des actions au sein d'un même plan qui évoquent le ralenti des films d’aujourd’hui, ainsi que les procédés de la représentation des personnages. Ceci a été effectué grâce aux agrandissements, d'une qualité inédite fruit d’une recherche d’une dizaine d'années, qui permettent au visiteur de suivre de près les moindres détails. Deux collotypes (photographie rehaussée par des couleurs) ont été déployés face à face sur 35 mètres de long, celui de la tapisserie et celui du rouleau du Grand conseil de Ban. Ainsi le visiteur peut comparer les détails: animaux, personnages, végétation, création de mouvements et de sentiments, révélant les similarités et les différences mais surtout la quête commune de ce qui transmettra l'intensité des événements : que ce soit par l'imitation du mouvement ou par les légendes et les attitudes des personnages.

Que l’on considère ou non la bande dessinée comme un art à part entière, le musée de Bayeux nous révèle que son origine remonte bien au-delà des deux derniers siècles, tout comme celle du dessin animé.

Le terme Emakimono qui signifie rouleau imagé, souvent appelé Emaki a été importé de Chine par les moines bouddhistes dès le VIe siècle. Il est porté à un très haut degré de raffinement au Japon à partir de l’ère de Heian (Xe-XIIe siècle).

L'Emaki raconte des légendes, récits épiques, événements historiques et histoires religieuses ou profanes, en alternant textes et illustrations faits de matériaux précieux: papiers, tissus, pigments.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.