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Les affrontements politiques au cinéma

Écrit par Alain Penso, La Grande Époque
30.03.2011
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  • Les affrontements politiques au cinéma(攝影: / 大紀元)

Le thème de la lutte politique occupe une place prépondérante au cinéma. Les scénaristes sont influencés par les événements graves qui se produisent dans les pays réclamant leur indépendance économique et sociale.

Antagonismes politiques de l’histoire

Les Etats-Unis sont intervenus dans le destin de nombreux pays d’Amérique du Sud dont le Chili. Patricio Guzmán, après le magnifique documentaire Salvador Allende (2004), est l’auteur de la très belle réflexion sur l’avenir de l’homme confronté à l’univers, La nostalgie de la lumière (2010). Il reste de nombreux films à faire traitant des affrontements politiques. Les Anglais restent les maîtres en ce domaine devançant les machines américaines comme Invictus de Clint Eastwood (2010) véritable hommage à Nelson Mandela, Family LifeLook and Smiles (1971) et (1981) de Ken Loach.

L’environnement social prend souvent le pas sur tout changement si aucune volonté politique n’intervient. Les producteurs français sont très frileux, veillant de trop près sur leurs productions. Contrairement aux Américains, le cinéma français ne veut prendre aucun risque et ne donne ainsi aucune chance à l’innovation. Seul Bertrand Tavernier, cinéaste et historien du cinéma, auteur de l’ouvrage Cinquante ans de cinéma américain, donne une brillante réflexion sur le pouvoir avec son film La princesse Montpensier (2010).

Le monde a changé depuis la destruction du mur de Berlin le 9 novembre 1989. La nostalgie s’est installée en Allemagne et les regrets des pro-communistes persistent dans Good Bye Lenin ! de Wolfgang Becker (2003). Ce film renvoie à l’origine de la construction de ce mur illustrée dans un film presque mythique Le Troisième homme de Carol Reed où s’affrontent deux blocs, l’empire soviétique et les alliés autour de l’Amérique. Holly Martins, écrivain auteur de romans de western, est invité à faire une conférence sur ses livres dans un cercle littéraire. Il est sollicité par l’armée anglaise pour retrouver son ami Harry Lime, trafiquant de pénicilline et responsable de la mort de plusieurs malades. Dans une atmosphère de délabrement, les camps politiques s’affrontent et se montrent sous leur vraie nature.

L’argent et la bourse, deux instruments politiques indépassables

La mondialisation à outrance et les injustices ne sont pas présentes que dans les pays au régime totalitaire. Dans les pays communistes, l’État prend en charge les besoins des citoyens, échange des restrictions de libertés. Les régimes policiers ne lésinent pas avec la répression. La Libye de Khadafi et le Chili de Pinochet n’ont jamais eu d’état d’âme pour assassiner les opposants à leur régime, pas plus que la Chine aujourd’hui, emblème de l’injustice sociale et juridique.

Les besoins sociaux et économiques restent les mêmes et pourtant depuis Le Sucre de Jacques Rouffio (1978) avec Gérard Depardieu, Claude Piéplu, Jean Carmet, la moralisation de l’argent ne s’est pas faite. Un inspecteur des impôts, tentant d’améliorer sa retraite, place son argent dans des actions sur le sucre. Méconnaissant toutes les ficelles de la bourse, il se fait escroquer.

Le refus des autorités de tutelle de réformer et de contrôler la bourse est clairement explicité dans Ma part du gâteau de Cédric Klapisch (2011). Un agent de change fait des millions de bénéfice en misant sur l’anéantissement d’une entreprise déjà en difficulté, ignorant les salariés jetés à la rue. Il s’agit de cinéma mais ces idées sont transportées par un cerveau de scénariste qui s’est imbibé des idées du temps.

Le cinéma social et politique est passionnant. Il fait appel à l’histoire sans négliger les détails de la vie qui surgissent dans les comédies. Il permet une vision pointue de notre environnement, comme dans Un fauteuil pour deux de John Landis (1983).

Les contradictions de l’immigration

L’immigration est un des sujets que le cinéma traite régulièrement. Dans Eden à l’Ouest (2010), Costa-Gavras décrit le périple d’un jeune émigré clandestin, Riccardo Scarmacio, qui, au départ de la Grèce, traverse la Méditerranée et rêve d’une nouvelle vie. En 1955, Elia Kazan tourne À l’Est d’Eden avec James Dean. Il est en révolte contre son père qui tente de lui inculquer des principes moraux de façon autoritaire.

Costa-Gavras, grand admirateur d’Elia Kazan, inverse le titre et lui donne une autre direction, un autre sens avec Eden à l’ouest (2010). Il témoigne ainsi avec sa nouvelle œuvre de l’absence définitive de tous principes philosophiques de la vie. Les concepts élémentaires se sont écroulés à cause de l’égoïsme et de la toute puissance de l’argent inhérente aux régimes totalitaires. Dans America America (1963), Elia Kazan, Grec d’origine, avait mis en scène le départ désiré et rêvé d’un Arménien soumis à la domination autoritaire des Turcs. Il avait décidé de quitter son pays pour aller vers un pays de liberté, pensait-il. Sa langue, sa vie, son approche doivent être changés pour survivre dans un pays qui n’a rien à voir avec le sien, l’Amérique.

La même année, Otto Preminger tourne Exodus (1963) d’après le roman de Leon Uris, avec Paul Newman et Eva Marie Saint. L’histoire débute à Chypre dans un camp de juifs en partance pour la Palestine. Une partie d’entre eux sont rescapés des camps de la mort. Dans la réalité, aucune autorisation n’a été délivrée pour se rendre en Palestine, alors sous mandat britannique. Le 11 juillet 1947, le bateau battant pavillon panaméen President Warfield quitte Sète pour la Colombie avec à son bord 4.500 passagers munis de passeports en règle. Au matin du 18 juillet 1947, un croiseur et cinq lance-torpilles barrent le chemin au bateau qui a changé de nom au cours du voyage et s’appelle désormais Exodus. Il est renvoyé en France à son point de départ. 75 de ses passagers malades accepteront l’offre d’accueil qui leur est faite de descendre à Sète et d’y demeurer en toute liberté. Les autres passagers seront envoyés dans des camps près de Hambourg, mais presque tous rejoindront Israël après la proclamation de son indépendance en 1948.

En 1961, alors que l’on reconstruit des quartiers du West Side à New York, Robert Wise envisage de monter une comédie musicale sur une chorégraphie de Jerome Robbins et sur une musique de Leonard Bernstein. West Side Story est un film sur la rivalité de deux bandes de jeunes, les Jets – Américains d’origine polonaise – et les Sharks – immigrés d’origine portoricaine – dans un quartier sauvé provisoirement pour le film de la démolition. Le film analyse de façon exemplaire les antagonismes entre deux communautés d’origine différente confrontées à une cohabitation quotidienne.

Dans Si tu meurs, je te tue de Hiner Saleem (2010), deux jeunes se rencontrent : l’un, Philippe, sort de prison et l’autre, Avdal, Kurde, s’apprête à recevoir sa fiancée, Siba. Une tragédie emporte Avdal. Les mœurs de Philippe ne sont pas conformes à celles des Kurdes qui se réunissent pour des discussions interminables pour ne pas laisser les codes parisiens envahir le mode de vie traditionnel kurde.

Les institutions politiques

Dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri (1970) avec Gian Maria Volonte, le cinéaste met en scène un commissaire de police paranoïaque qui abuse de sa situation et de son pouvoir pour assassiner sa maîtresse. L’homme occupant un poste important, quelles que soient les preuves contre lui, l’institution policière ferme les yeux. Dans la pure tradition du cinéma politique italien, le film étaye ses thèses avec des images de personnages importants.

Dans Il Divo de Paolo Sorrentino (2008), le réalisateur dépeint l’activité politique de Giulio Andreotti, un personnage très influent, démocrate chrétien ayant servi les intérêts de la mafia. Il a été découvert en 1992, grâce aux investigations de Mani Pulite, l’opération judiciaire « Mains propres ». Une œuvre qui s’inspire du cinéma traditionnel comme celui de Francesco Rosi dont la vision analytique permettra de tourner Main basse sur la ville (1963). À l’occasion de la construction d’un gigantesque programme immobilier, Rosi met en lumière les pratiques d’un gouvernement corrompu qui détourne des sommes phénoménales grâce à des lois compliquées. Un jour ou l’autre tout s’écroule, les immeubles, le système politique… Comme dans La Forêt d’émeraude de John Boorman (1985), faudra-t-il l’intervention du surnaturel pour faire cesser les trafics ?

La lutte syndicale

Elia Kazan, dès ses premiers films, a pris conscience du merveilleux instrument de communication que peut être le cinéma. Il l’a utilisé de façon magistrale traitant de l’immigration, du syndicalisme et de la psychologie du couple dans un contexte social.

Dans Sur les quais (1954) d’Elia Kazan, les dockers de New-York affiliés à la puissance syndicale AFL-CIO sont contrôlés par un gang mafieux. Terry Malloy, ancien boxeur est manipulé par son frère, avocat du syndicat des dockers. Eddie Malloy est témoin du crime d’un opposant qui menaçait de les dénoncer pour leurs activités illégales. La sœur de l’homme assassiné demande l’aide d’Eddy. C’est un véritable cas de conscience. Elia Kazan multiplie les possibilités d’analyse d’une situation intenable où seule la lutte ouvrière et fraternelle permettra une solution plus juste pour l’avenir.

Dans F.I.S.T. de Norman Jewison (1978), Sylvester Stallone est nommé président du puissant syndicat des camionneurs. Il est forcé de rendre service à la mafia qui l’avait aidé pour la poursuite de son syndicat menacé par le patronat doté de milice à la limite de la légalité. Jewison utilise là le spectacle pour montrer que parfois, pour de bonnes causes, il faut supporter des situations contre nature. Réalisé avec soin, F.I.S.T. nous ramène à Cleverland en 1937 dans une atmosphère ouvrière où le patronat industriel détient tous les pouvoirs sur les citoyens. Jewinson le montre remarquablement.

Avec We Want Sex Equality de Nigel Cool (2010), le cinéma britannique montre sa finesse dans l’élaboration de ses films et de son traitement. Il n’y a rien d’étonnant à cela, les Britanniques ont dans leur fond de dramaturges, des écrivains indépassables qui ont installé durablement la tragédie dont les documentaristes et cinéastes se sont inspirés encore jusqu’à aujourd’hui. En 1968, des couturières anglaises de l’usine Ford à Dagenham se révoltent contre la différence de traitement entre les hommes et les femmes. Le film conte l’histoire vraie de 183 ouvrières dans l’usine Ford décidées, coûte que coûte, d’obtenir satisfaction. Nigel Cool s’est approché de la région de Dagenham et a réalisé une approche psychologique fine sur ces militantes syndicales dont le but était la réussite de leur revendication.

Le pouvoir des politiques

Precious Life de Shlomi Eldar (2010) est un documentaire non préparé à l’avance. Il est le résultat d’un appel du docteur Raz Somech de Tel Aviv à l’adresse du journaliste israélien Shlomi Eldar lui demandant de faire un reportage sur le cas d’un bébé palestinien né sans système immunitaire.

Le passage du film à la télévision israélienne suffit pour trouver les sommes nécessaires, pour effectuer une greffe et permettre ainsi à l’enfant de survivre. Le reportage ne se terminera pas là puisque le journaliste ajoutera les propos de la mère du petit Mohamed, Raïda. Le réalisateur affirme que ce documentaire a été capté sur le vif. Le film est passé encore une fois à la télévision terminé et a déclenché un mouvement d’émotion dont les responsable du canal national se souviennent encore.

Les films sur les affrontements politiques sont nombreux et occupent toujours plus de place dans la filmographie mondiale. Il est incontestable qu’ils permettent de mieux saisir la politique et ses enjeux de l’intérieur entraînant une vision fine de notre univers social.

apenso@hotmail.fr

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