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Idool, un coin de paradis au Cameroun 2e partie

Écrit par Christiane Goor
14.04.2011
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  • c'est toujours dans la cour des sarés que se trouve la cuisine(攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Charles Mahaux : charles@mahaux.com)

On peut à juste titre parler d’un modèle d’urbanisation. Comme la zone de pâturage était marécageuse, Yaya Oumarou y dessina des allées bordées d’eucalyptus qui allaient drainer la terre et assurer en même temps fraîcheur et ombrage aux villageois. Chacun s’est vu attribuer une parcelle parfaitement rectangulaire qu’il s’est empressé d’entourer d’une palissade en torchis. «Tous les habitants respectent encore scrupuleusement les normes de construction imposées par mon père, le fondateur d’Idool, décédé en 1978», explique Mohaman Ahman, le jeune chef actuel du village, fils cadet de Yaya Oumarou. «Le terrain ne se vend pas ici. À l’âge de 14 ans, chaque garçon reçoit une parcelle de terrain et il a deux ans pour ériger les murs qui servent de clôture et pour construire sa maison.»

Un simple portail, souvent décoré de peintures naïves, permet d’entrer dans la cour où les habitants convient bien volontiers les hôtes de passage, trop fiers de montrer leur basse-cour caquetante, leurs récoltes de maïs ou encore leurs carrés de légumes. Les cours des sarés sont le royaume des femmes qui évoluent à l’abri des regards. La chefferie a sa propre borne-fontaine, mais il en existe une dizaine qui desservent le village en eau potable. Des arbres fruitiers accueillent les enfants qui jouent à l’ombre des branches chargées de fruits : colatiers, goyaviers, orangers, avocatiers, bananiers, etc. Chaque jour, à l’aube, le muezzin appelle les fidèles à se recueillir dans la petite mosquée, tandis que les femmes s’activent à balayer les cours et les routes, ce qui contribue au charme indicible de ce village net où chacun accueille le voyageur avec un sourire paisible et une parole de bienvenue.

  • dessins symboliques peints par les femmes(攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Charles Mahaux : charles@mahaux.com)

L’organisation de la chefferie

Le chef invite à découvrir sa chefferie. L’entrée est masquée par un portique dont les piliers sont décorés de peintures aux couleurs vives, à motifs géométriques, toutes réalisées par les femmes. Le toit, dont les pans descendent jusqu’au sol, est fabriqué avec du bois de bambou recouvert de chaume et maintenu par des cordes en jonc tressées. Un premier vestibule mène à une petite cour intérieure qui donne accès à la salle de réunion plongée dans la pénombre. De légères cavités sont creusées dans le sol pour y recevoir des petits feux qui permettront d’éclairer la salle lors de la réunion hebdomadaire que le chef tient avec ses notables. C’est ici que se prennent les décisions selon les grandes orientations imposées par le chef.

Bien que les travaux d’électrification du village piétinent comme d’ailleurs partout dans l’arrière-pays – tout devrait toutefois être opérationnel en 2011 – Idool a construit un centre de santé qui abrite une salle d’accouchement bien équipée et les consultations y sont gratuites. L’école primaire est obligatoire et le village s’est même doté d’un lycée qui verra sortir cette année ses premiers bacheliers. «Allons à l’école et respectons nos traditions», explique Mohaman Ahman. C’est pourquoi il a prévu d’amener Internet au cœur du village, persuadé que la modernisation du site maintiendra la jeunesse sur place au lieu de la voir disparaître dans les grandes villes qui sont de véritables miroirs aux alouettes.

Les habitants d’Idool sont, pour la plupart, des Peuls, ou encore des Foulbés comme ils s’appellent eux-mêmes, à savoir ceux qui appartiennent au «peuple éparpillé» selon l’étymologie. Aujourd’hui, c’est une communauté pastorale sédentarisée qui vit essentiellement de l’élevage de grands troupeaux de zébus, des bêtes élancées et musclées, intéressantes pour leur viande. Apprentis en agriculture, ils ont mis sur pied un système coopératif qui force l’admiration. Deux charrues sont mises gratuitement à la disposition de tous et les gros travaux sont toujours effectués en commun, chacun s’occupant de son champ ensuite.

Synthèse heureuse et spontanée entre la modernisation technique, une gestion intelligente et le respect des directives imposées par le chef coutumier et spirituel, Idool apparaît comme un village modèle qui nous laisse rêveurs tant la qualité de vie y est tangible. Havre de paix où il fait bon se ressourcer le temps d’une escapade de deux ou trois jours.

Infos pratiques

Informations : auprès de www.mintour.gov.cm ou encore www.cameroun-infotourisme.com

Formalités : En plus du certificat international de vaccination contre la fièvre jaune, il faut un visa à obtenir auprès de l’ambassade du Cameroun.

Y aller : Plusieurs compagnies aériennes assurent la liaison avec Douala ou Yaoundé. Toutefois, la Cameroon Airlines Corporation est opérationnelle depuis mars 2011 (www.camair-co.net). Par ailleurs, le train affrété par la Camrail (www.camrail.net) est une aventure en soi à vivre pour rallier Ngaoundéré depuis Yaoundé.

Monnaie : Les cartes de crédit sont rarement acceptées en dehors des grandes villes. Prévoyez des francs Cfa (CFA) à acquérir dans les grands hôtels ou tout simplement à la banque à Douala ou à Yaoundé.

Se loger : L’hôtellerie du pays laisse à désirer dans la mesure où les anciens hôtels de qualité n’ont guère été entretenus. Toutefois, le ministère du Tourisme met en place une politique de privatisation des sites qui devrait à terme porter ses fruits. Ne vous attendez pas à un service de luxe et vérifiez votre chambre avant de l’accepter, il est relativement aisé de changer. Généralement, les hôtels proposent une restauration tout à fait correcte qui permet de passer la soirée en toute quiétude en terrasse sur le site, un vrai bonheur!

Idool : L’accueil à Idool passe encore en famille d’accueil, ce qui ajoute au charme de l’escapade, mais ne vous attendez pas à un grand confort! Prévoyez une lampe de poche et emmenez un drap de bain et votre papier toilette! Par contre l’accueil et la table y sont tellement chaleureux qu’ils compensent largement l’inconfort relatif de la nuitée. Contact : babbahamidou@yahoo.fr, originaire de Idool et travaillant à la promotion touristique de son pays au départ de Yaoundé.

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