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Action, réflexions et religion au cinéma

Écrit par Alain Penso, La Grande Epoque
20.04.2011
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  • The Matchmaker de Avi Nesher (2011).(攝影: / 大紀元)

  CHRONIQUE D’UN OBSERVATEUR DU 7e

Les films entrent dans un genre qui permet dès leur élaboration de trouver des entrepreneurs adaptés - les producteurs spécialisés –, pour les mettre en chantier. Le champ d'inspiration des cinéastes est très étendu, il va de la lenteur et de la réflexion à l'action froide en passant par l'éloge ou la critique du religieux.

Un événement peut déclencher l'écriture d'un film et sa réalisation presque immédiate. C'est ce que fait en général le cinéma américain, souvent cantonné dans les films d'action à gros budget. Robert Redford, cinéaste indépendant ayant sa propre maison de production, lutte pour l’environnement et aime à traiter des gens, ordinaires. Cela donnera Des Gens comme les autres (Ordinary People, 1980), et L'Homme qui murmurait aux oreilles des chevaux (The Horse Whisperer, 1998).

Le cinéma hollywoodien ne s’épuise pas dans l'élaboration de subtils scénarios écrits à la chaîne et sans vraiment d'intérêt. Le dernier film du genre, Morning Glory (2010), est d'une banalité affligeante. Il rend compte de l'énergie dépensée par une productrice pour sauver son émission de télévision-réalité. Au moment où la terre tremble de toutes parts, il est surprenant de constater dans une discipline si médiatique une inconscience chronique comparable à celle décrite dans On achève bien les chevaux de Sydney Pollack (1969). Ce cinéma des années 60 devenu classique savait décrire les événements et les critiquer pour qu'ils puissent traverser le temps et permettre ainsi au nouveau spectateur de se doter d'un sérieux sens critique.

Le spirituel s'incruste dans les films

Le religieux s'incruste dans les productions américaines, ainsi dans L'Agence (The Adjustment Bureau, 2011) de George Nolfi avec Matt Damon. David Norris, promis à une brillante carrière politique, s'aperçoit que sa vie est régie par une société secrète appelée Adjustment Bureau. Des agents du sort exécutent le plan de vie, en interdisant tout détournement. Aux Etats-Unis, nul n'ignore les nombreuses sectes qui fonctionnent comme de grandes entreprises défendues par d'immenses stars comme Tom Cruise, venu à Paris faire la promotion de l'église de scientologie. Dans THX 1138 de George Lucas (1971), les êtres humains, après une guerre atomique, vivent sous terre et sont dirigés par des robots guidés par un gouvernement dictatorial qui invente une religion où chaque homme et femme se révèle dans une confession enregistrée puis écoutée par les autorités qui décident ou pas d'éliminer les opposants au pouvoir en place. Sucker Punch de Zack Snyder (2011) avec Emily Browning est un thriller fantastique où le religieux s'incruste dans le fantastique et l'action permanente qui prend sa source dans l'imaginaire. Il en sort une réflexion profonde sur la vie, bien que les images d'animation et de superposition soient très créatives.

Dans Je n'ai rien oublié de Bruno Chiche (2010), Conrad, orphelin, a été naguère camarade de Thomas. Le film est obscur jusqu'à ce que la mère de Thomas conte l'histoire réelle de sa vie à son chauffeur. Le spectateur est tout d'abord désorienté: les inversions d'identité, les révélations puis la maladie de Thomas qui raconte une contre-histoire à côté de la version officielle. Au-dessus du film glisse un voile léger de spiritualité. Peut-être Thomas aurait-il pu revivre sa vie volée.

Dans le film de Hiner Saleem, Si tu meurs je te tue avec Jonathan Zaccaï, le réalisateur montre l'exagération du religieux qui risque fort, dans une famille kurde, d'empêcher Siba, fiancée à Avdal, de trouver naturellement son émancipation en tant que femme et citoyenne de son pays d'adoption.

Lorsqu'elle n'est pas gratuite, l'action stimule le spectateur

Souvent dans le cinéma, et en particulier dans le genre américain, une violence inouïe domine le film d'action. Dans Le Flingueur de Simon West (2011) avec Jason Statham et Ben Foster, la violence est telle un bonheur pour les acteurs qui ne doivent surtout pas révéler la moindre émotion. La froideur humaine s'est dissoute dans la pauvreté des dialogues. Remake du film Homonyme de Michaël Winner (1972).

La violence affecte tous les pays, y compris les pays scandinaves. Best seller suédois adapté pour le cinéma, Easy Money de Daniel Espinosa (2011), conte l'histoire d'un beau jeune homme arriviste, d'un dealer latino et d'un tueur à gage pour la mafia. C’est filmé de façon dynamique, le montage est nerveux, le scénario est construit dans le sens de la rapidité, il n’y a pas de phrases inutiles. Les images sont bien calibrées et belles. La violence est parallèle à l'action permanente. Le film est pourtant profondément humain.

Sans identité de Jaume Collet Serra (2011) avec Liam Neeson raconte l'histoire d'une mystification où la violence ne peut être évitée. Elle doit servir le scénario. À peine arrivé à Berlin, Martin a un accident, il découvre après quatre jours de coma qu'un homme lui a usurpé son identité. Les situations kafkaïennes et la réflexion alternent avec des heurts inévitables d'une violence dont seuls les Américains ont le secret dans leur histoire.

  • L’Agence de George Nolfi (2011).(攝影: / 大紀元)

Le festival du cinéma israélien

Il s'est tenu du 23 au 29 mars au Cinéma des cinéastes, son port d'origine, un lieu idyllique où l'on peut échanger des idées. Organisé par Charles Zrihen depuis onze ans, le festival a cette année grâce à sa programmation riche et parcourant tous les genres, montré que le cinéma israélien, loin d'être fermé, cherche d'autres voies de création. Les débuts du cinéma israélien sont adossés à son histoire. Oded l’Errant de Nathan Axelrod (1933) d'après un scénario de Tvi Liberman-Livne raconte la recherche d'identité d'un enfant perdu vivant dans le village de Nahal. Oded part à la découverte de «son» pays, le grand Israël de la Bible. Les Bédouins le retrouvent et le ramènent chez lui. L'indépendance du pays est encore loin. Il faudra attendre 1948 pour que Ben Gourion la déclare solennellement.

Le cinéma n'est pas une priorité pour Israël. Il va longtemps encore se réduire à de petits budgets jusqu'à ce que devenant adulte, le cinéma israélien réussit, grâce à sa créativité, à se faire coproduire. Au départ, le pays proposera ses décors, ses acteurs, ses costumes, ses artistes stimulant bien des producteurs. Les films seront montrés dans le monde entier suscitant alors des projets et des productions. Quelques grands producteurs vont voir le jour comme Golan-Globus travaillant à la fois à Hollywood et en Israël. Aujourd'hui plusieurs fondations aident le cinéma israélien comme la fondation David Hadida ou la fondation Rabinovitch. Sans énumérer tous les films du festival, on peut constater que les films dans leur majorité nous permettent de comprendre la société israélienne à un moment donné comme étant avant tout un pays avec des institutions où résident toutes sortes de communautés: juive, catholique, protestante, musulmane. Les films montrent de façon saisissante qu'Israël, comme beaucoup de pays du monde, n'est pas une société idéale et ne prétend pas l'être. Son cinéma n'est pas fait de films de propagande qui seraient une atteinte grave au sens artistique auquel a le droit chaque cinéaste qui s'exprime. Ce festival passionnant était constitué de 40 films plus 21 courts métrages d'animation de la prestigieuse école Bezalel de Jérusalem fondée en 1906. Parmi toutes ces créations originales aux formes variées et complexes permettant de donner des pistes de travail pour l'avenir, on peut retenir une dizaine de longs métrages, des perles cinématographique. C’est un nombre considérable pour une telle manifestation.

La psychanalyste et l'histoire des pistes essentielles

The Matchmaker de Avi Nesher (2011) avec Adir Miller est un beau film sur la recherche du bonheur. Lorsque le bonheur est menacé par un passé lointain et cruel difficile à raconter ou à transmettre, la mémoire choisit ses souvenirs, dans l'opportunité d'une situation. Elle délivre de l'angoisse ou des réminiscences de bonheur. Le scénario amène le sujet de façon subtile: À Haïfa en 1968, Arik cherche un emploi qu'il trouve auprès d'un survivant de la shoah, Yankele, devenu agent matrimonial. Ce travail étrange permet au jeune adolescent passionné par sa nouvelle fonction de rencontrer Clara élégante et fragile que la souffrance a rendue incapable d'aimer et que Yankele aime en secret. Le film montre les écarts entre les êtres qui ne sont pas égaux face aux émotions et à l'histoire. Sylvia a été la victime du nazi Joseph Mengele jamais arrêté. Elle espère se marier. Le bibliothécaire est prêt à tout pour rencontrer l'amour. Une comédie douce amère qui a déjà obtenu des Oscars.

Le Livre de la grammaire intérieure de Nir Bergman (2011) est un film d'une grande profondeur atteignant les zones sensibles de notre être. À Jérusalem au début des soixante, cela fait trois ans qu’Aaron Keinfeld n'a pas grandi d'un centimètre. Il a une âme d'artiste, peut-être est-ce un souhait enfoui dans son inconscient de rester un enfant. Ses parents ne s'entendent pas et font rimer sexualité avec saleté et vulgarité. En dépit de son intelligence et l'attrait qu'il exerce sur les jeunes filles, il ne veut pas les fréquenter ouvertement. Est-ce un problème psychanalytique, ou un souhait littéraire de créateur?

L'armée, sujet incontournable

Balle à Blanc de Haïm Bouzaglo (2011) est un film clé qui fait comprendre le climat difficile que doit affronter Israël pour survivre aux questions qui ankylosent toutes ses actions du côté d'une coexistence pacifique entre ses citoyens et ses voisins arabes.

En 2004, Ariel Sharon, qui prend un étonnant virage à gauche, annonce le retrait de ses troupes de la bande de Gaza. Il reçoit des menaces de mort. Amos Snir, chef de sécurité intérieur israélienne a 60 heures pour éviter le prochain assassinat. Il tente d'annuler toutes les apparitions jusqu'à ce que la situation se calme...

Dans Infiltration de Dover Kosashvili (2011), des jeunes recrues de l'armée âgées de dix-huit ans font leurs classes. Ils présentent tous des problèmes de santé, d'ordre physique ou mental et sont considérés comme inaptes au combat. Ils sont en présence de gradés qui ne considèrent en rien leur fragilité. Ces jeunes sont humiliés, certain résisteront, d’autres non. Le film est l'adaptation fidèle d'un roman de Yehoshua Kenaz. Cela lui a valu des protestations.

Les films documentaires décryptent la réalité israélienne

Le film sur André Chouraqui, L'Écriture des écritures d'Emmanuel Chouraki (2010) est un délice. André Chouraqui a traduit la Bible lui donnant une autre saveur grâce à ses connaissances encyclopédiques. Il a été le maire adjoint de Jérusalem pendant plusieurs années. Il a tenté dans ses écrits de passer un message d'espérance. Il avait la polio, il a su vaincre la maladie. Il a fait de son handicap une force intellectuelle. Il a réuni toutes les communautés religieuses et laïques à Jérusalem. Elles n'avaient jamais été invitées de siéger ensemble. André Chouraki est un homme de paix et ce beau documentaire nous a permis de le rencontrer.

Révolution 101 de Doron Tsabari (2011) est un film documentaire sur le pouvoir des médias, face aux forces politiques dont le dessein permanent est d'empêcher la télévision de critiquer la politique et les actions gouvernementales. Le réalisateur subit la pression de son producteur, de son diffuseur, et même de lui-même. L'autocensure est la plus puissante de toutes les censures, freinant toutes inventions inhérentes au travail de cinéaste. Explorant les voies possibles du documentaire dans un contexte ou sévissent les interdits, dans un style docu-fiction, Révolution 101 est proche de la démarche documentariste de Michaël Moore: filmer et interroger des personnages, témoins et protagonistes en situations périlleuses et non conventionnelles.

Le cinéma israélien semble évoluer, malgré sa faible production, sur un chemin comparable à celui emprunté par les sociétés de production européennes. L'originalité ne fait pas défaut, mais les moyens restent difficiles à trouver pour certaines productions. Mais n'est-ce pas là la particularité du cinéma, un art difficile parce qu'il nécessite beaucoup d'argent?

 

apenso@hotmail.fr

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