Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Les Femmes du 6e étage

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
10.06.2011
| A-/A+

  • Les Espagnoles du haut de leur 6e étage(攝影: / JEAN MARIE LEROY)

Fronts chauds et courants froids


Dans un rôle où il a l'ouverture de devenir aimable, contrairement au personnage immoral qu'il incarne dans Potiche, Fabrice Luchini se paie sa propre tête dans une autre comédie signée Philippe Le Guay, Les Femmes du 6 e étage, qui ne tourne pas autant autour de son personnage. Dans une entrevue accordée à AlloCiné, Fabrice Luchini dénote qu'il n'est pas le nombril de l'histoire, ni même l'actrice Sandrine Kiberlain qui joue sa femme. «Le centre, ce sont ces femmes espagnoles, [...] c'est l'Espagne.»

Paris, dans les années 1960. Jean-Louis Joubert (Fabrice Luchini), agent de change rigoureux et père de famille «coincé», découvre qu’une joyeuse cohorte de bonnes espagnoles vit... au sixième étage de son immeuble bourgeois. Maria, la jeune femme qui travaille sous son toit, lui fait découvrir un univers exubérant et folklorique à l’opposé des manières et de l’austérité de son milieu. Touché par ces femmes pleines de vie, il se laisse aller et goûte avec émotion aux plaisirs simples pour la première fois.

Aux yeux de certains, Luchini vagabonde à travers des rôles similaires depuis déjà quelques années, on n’a qu'à se souvenir de La Fille de Monaco avec la pittoresque Louise Bourgoin, de Paris de Cédric Klapisch ou encore de Confidences trop intimes avec Sandrine Bonnaire. La répétition du quinquagénaire en complète restructuration de sa vie après l'apparition d'une jeune et jolie femme en décourage plus d'un d’aller en salle. Pour une autre catégorie de gens, c'est un autre moment savoureux de voir Luchini être déstabilisé sous différents angles. Son non-verbal est impayable et le cinéphile attend avec hâte les pétrins dans lesquels il s’embourbera, souhaitant que l'humour de Luchini puisse encore nous surprendre. Avec Les Femmes du 6 e étage, le cinéphile entrant dans la deuxième catégorie sera servi.

Sandrine Kiberlain (Romaine par moins trente), avec qui Luchini avait déjà joué quelques fois, rend convenablement la femme qui se fait vivre et qui cherche des raisons à justifier son existence. Les variations du personnage lui permettent une palette de jeux qui peut laisser présager que la carrière de l'actrice risque d’être longue.

Si on revient au noyau du film, les actrices incarnant les Espagnoles ont un jeu juste et le rapport entre elles est si crédible qu’elles nous font douter à savoir si le film est une fiction ou la réalité. La chaleur humaine et la complicité des Espagnoles mettent sur le tapis tout l’aspect rigide de la culture relationnelle française et celle vécue en Espagne. Autrement dit : gros plan sur nos carences affectives et émotionnelles. Cette brochette de femmes sincères bouleverse, mais c'est par le sourire que l'on reste le plus marqué.

Les Femmes du 6 e étage rappelle les excellents films de Coline Serreau dont Romuald et Juliette (1988) et La Crise (1992), autant par l'inclusion de rôles de jeunes provocants et véraces, que par sa critique de la bourgeoisie, que par les relations dominant-dominé avec les bonnes, que par les personnages ascendant vers l'équilibre. Les Femmes du 6 e étage s'inscrit dans la lignée de qualité comique du film précédent du réalisateur Philippe Le Guay, intitulé Le Coût de la vie (2002), qu’il a été possible de voir au Québec.

Luchini, à droite et à gauche dans diverses entrevues, ne se gêne pas pour vanter sa qualité. «Une comédie mais pas bas de gamme.» «Un chef-d’œuvre!» Il va jusqu'à empaqueter sa dernière expérience cinématographique avec le charme, la puissance émotionnelle et le talent de Philippe Le Guay.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.