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Le Jugement dernier de Giotto

Écrit par Maya Mizrahi, La Grande Époque
19.06.2011
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  • L’ œuvre Giotto di Bondone (1267-1337) décorant l’église de l’Arena, ou chapelle des Scrovegni, de Padoue, est considérée dans la culture occidentale comme l’une des plus importantes(攝影: / 大紀元)

Quand l’artiste Alberto Giacometti (1901-19661) a vu pour la première fois les fresques de Giotto di Bondone (1267-1337) décorant l’église de l’Arena, ou chapelle des Scrovegni, de Padoue, il a ressenti comme «un coup de poing dans le ventre». Cette œuvre, considérée dans la culture occidentale comme l’une des plus importantes, reflète le début du passage de l’art gothique à l’art de la Renaissance. En l’admirant, on comprend qu’elle a été conçue avec une complexité conceptuelle et artistique très élevée.

Les fresques

Quand on entre dans la chapelle des Scrovegni, on se retrouve immédiatement devant une fresque grande et impressionnante illustrant le jour du Jugement dernier. Deux anges ouvrent les portes du ciel et envoient après un jugement les personnes vers le paradis ou l’enfer. Au centre de la peinture, dans une belle et brillante auréole, est assis Jésus et à ses côtés douze messagers. La fresque présente des divinités sur plusieurs rangs, positionnées selon leur niveau de sainteté.

Au bas de la fresque, deux anges pèsent les pêchés à l’aide d’une balance. Sur la gauche, l’enfer avec des scènes de désespoir et de tortures. Sur la droite, se trouve le paradis. Au premier plan, on perçoit des humains. Parmi eux, Enrico Scrovegni, le fondateur de l’église, venant dédier le modèle de l’église à Marie, la mère de Jésus, et à deux autres saints.

Sur les murs des deux côtés sont dessinées 37 scènes sur trois niveaux. Elles commencent avec la description de la vie d’Anne et de Joaquim, les parents de Marie, et racontent la vie de Jésus et de Marie. Chaque scène est encadrée comme une fenêtre. Il semble que Giotto peint dans les fenêtres les relations entre les êtres simples et les êtres illuminés. Il indique ainsi les couches du sacré dans la vie de Jésus et dans la vie quotidienne en général. En même temps, «la fenêtre» est un élément qui crée et souligne le sentiment de séparation entre notre espace et l’espace décrit dans la représentation.

Techniquement, il est possible de voir dans ces scènes le jeu entre ce qui est évident et proche de nous et ce qui est sacré et éloigné. Giotto est considéré comme l’annonciateur de la Renaissance car il rompt avec certaines normes de l’époque byzantine qui aspiraient à représenter des scènes religieuses uniquement dans une dimension surnaturelle. Giotto a pu ainsi renouer avec l’époque hellénique et la représentation du réel et du beau.  

   

La révolution artistique

Giotto a provoqué une révolution spirituelle et intellectuelle à travers sa peinture. En observant les scènes dessinées, on perçoit des espaces plus réalistes créés par les couleurs, la composition et le sujet. La couleur jaune de l’époque byzantine est remplacée par le bleu ciel. Ainsi, il y a plusieurs paliers dans le dessin, des différences de grandeurs entre les personnages de devant et ceux de derrière ainsi que des ombres créant une illusion de profondeur.

  • La descente de la croix. (攝影: / 大紀元)

Par rapport aux personnages familiers de la peinture byzantine, les personnages de Giotto semblent être en mouvement et leurs visages sont expressifs. En même temps, le peintre ne néglige pas l’aspect sacré de ces scènes. Les auréoles sont toujours présentes et il existe des différences entre les êtres illuminés et les êtres ordinaires. Ainsi, les formes architecturales dans les peintures laissent imaginer que Giotto voulait créer des séparations dans les peintures: des endroits sacrés. Mais là aussi, il n’y a pas de murs et de barrières définitives. Ce sont comme des portes avec des dimensions nouvelles.  

Dans «les fenêtres» au premier étage des deux côtés des murs de la chapelle, on trouve, sur le côté droit, les illustrations des sept mesures morales: l’intelligence, la force, la modération, la justice, la croyance, la grâce et l’espoir. Sur le côté gauche se trouvent les sept mesures négatives: le désespoir, la jalousie, la trahison, l’injustice, la colère, l’instabilité et l’ignorance. Les mesures représentées par des personnages symboliques font penser à la sculpture hellénique grâce à l’illusion de profondeur créée dans le dessin.

Entre deux forces

Pour comprendre la pensée de Giotto, dans ces magnifiques fresques de la chapelle, il faut regarder tous les éléments dans leur l’ensemble. Dans l’art contemporain beaucoup d’artistes considèrent très importants et influents l’espace et le contexte où se trouve l’œuvre, ainsi que les autres œuvres partageant le même espace. Cette pensée trouve sa source dans la compréhension que la position de l’observateur et la façon dont il expérimente et perçoit l’espace sont importants.   

Il semble que Giotto ait pensé à cet aspect dès 1303 quand il commence les fresques à la chapelle des Scrovegni. L’artiste positionne le visiteur dans une situation d’opposition, entre deux forces: le bien et le mal. La scène du jugement dernier sur le mur de l’entrée est la plus dominante. Face à elle, le visiteur prend ses décisions - il n’y a rien qui le sépare de cette scène. C’est un peu comme s’il participait au jour du jugement dernier - une expérience que Giotto accentue et pimente avec les quatorze mesures et les différentes scènes.

Ainsi nous sommes comme l’un des personnages de Giotto: entre l’espace sacré et l’espace profane, entre le bien et le mal, face à des fenêtres vers l’inconnu.

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