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Gerry-Canonisation cinématographique

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
25.06.2011
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  • Gerry (Mario Saint-Amand) dans le film Gerry (攝影: / 大紀元)

Après les regrettés Alys Robi et Dédé Fortin, c’est au tour de Gerry Boulet d'être pérennisé grâce à la magie croissante du cinéma québécois. Gerry est un drame réalisé par Alain Desrochers relatant la vie du célèbre Gerry Boulet, pionnier du rock’n roll québécois. Une vie menée à plein régime et surtout caractérisée par l'amour de la musique.

Quand un acteur affiche ouvertement qu’il aimerait jouer un rôle dans une production quelconque, la performance est généralement résonnante. Ce fut le cas pour Mario Saint-Amand dans Gerry. De ses yeux bleus toujours prêts à larmoyer et à convaincre, un des acteurs signifiants du Québec se devait d’être cet hôte de cet être iconique qu'est Gerry.

En fait, non seulement il s’agit de retrouvailles avec Gerry Boulet, mais aussi avec Mario Saint-Amand absent du grand écran depuis plusieurs années. En 2009, il avait joué dans la perle québécoise Lucidité passagère, qui, fâcheusement, ne fut pas très populaire et reconnue. Force d’avouer que cent trente-deux minutes avec Mario Saint-Amand se prennent bien et que son intensité dramatique ne peut que happer notre attention jusqu'à la fin. Au bout de ces deux heures, avec un jeu aussi saillant, on peut se demander pourquoi on le voit si peu dans le panorama culturel québécois.

Outre Mario Saint-Amand dans le rôle de Gerry, le film met également en vedette les membres du groupe Offenbach, personnifiés par Marc-François Blondin (Johnny Gravel), Eugene Brotto (Breen Leboeuf), Mathieu Lepage (Willie), Louis-David Morasse (Denis Boulet), Roberto Mei (Wezo), le chanteur Jonas (John McGale) ainsi que Éric Bruneau (Pierre Harel), Normand Daneau (Béranger Dufour) et Luc Proulx (le père de Gerry). L'actrice française Capucine Delaby et Madeleine Péloquin campent quant à elles les femmes de Gerry, Françoise Faraldo et Denise Croteau. Cet ensemble équanime dans son talent contribue fortement à l’émancipation de Gerry et anime certes le rôle principal. Ce genre de «vitrine» permet à une foule d'actrices et d'acteurs plus ou moins connus d’être vus et de rafraîchir tout le champ des possibilités de ce que nous verrons dans les prochaines années.

On retrouve Nathalie Petrowski à la chaise de scénariste. Sa participation au monde du cinéma et de la télévision québécoise remonte en 2004 avec l’adaptation de son livre Maman Last Call au grand écran. Elle a aussi écrit le scénario du téléfilm Miss Météo duquel découlera un projet de télésérie.

Le portrait de la vie de Gerry Boulet se rapproche de l’hyperréalisme. L’immodération et la survalorisation de l'idole de plusieurs générations ne trouvent pas pays dans le film. La période de 1946 à 1990 se revit aisément, sans houle d'incohérence ou d'anachronismes. L’esprit québécois et français sort agréablement bien sur pellicule. Les avancées dans le temps ne devancent pas les personnages ni vice-versa, le tout va bon train. Les passages clé de la vie de Gerry ne saturent pas le film par leur nombre. Le film ne tombe pas dans le piège d’une surabondance de pièces musicales connues d’Offenbach. Au contraire, elles viennent rythmer le film ainsi que soutenir la tendresse du personnage et sa vocation pour la musique, deux éléments centraux du film.

Le film Gerry a été très attendu. La publicité qu’on lui a faite est énorme, incluant le passage de Mario Saint-Amand à Tout le monde en parle. Bref, les producteurs ont beaucoup d’espoir. La fresque Gerry n’étonne pas par ce qu'elle est mais, plutôt, par son traitement systématique. Gerry attendrit certainement, nourrit la nostalgie et nous ramène sur les traces de notre propre culture et de notre histoire. De quoi se préparer pour la saison estivale avec un zeste d'idolâtrie, mais surtout avec très grand respect pour le passé.

 

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