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Pourquoi le cinéma utilise-t-il dans ses intrigues les journalistes, les écrivains, les avocats?

Écrit par Alain Penso, La Grande Epoque
29.06.2011
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  • Paul Newman dans Le Verdict de Sidney Lumet (1982)(攝影: / 大紀元)

CHRONIQUE D’UN OBSERVATEUR DU 7e

Un scénario a besoin d’un fil conducteur sur lequel repose toute l’intrigue du film, et d’un personnage principal qui emprunte cette route balisée grâce à une écriture précise où l’action et la réflexion entrent en jeu.

La vérité dans le documentaire?

Dès l’origine du cinéma, les inventeurs du cinématographe, les frères Lumière, comprennent tout l’intérêt de cette merveilleuse petite machine à filmer pour ouvrir le monde à l’information. Ils tournent plusieurs documentaires restés célèbres: L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat (1895, 50 secondes), La Sortie de l’usine Lumière à Lyon (19 mars 1895, 45 secondes) tournés par les frères Lumière eux-mêmes.

Dés le départ, le cinéma se préoccupe de la représentation du monde dont vont s’emparer de grands cinéastes russes, y ajoutant leur vision soit brute avec de nombreuses images prises sur le vif comme par Dziga Vertov (1896-1954) dans L’Homme à la caméra (1928), ou Sergueï Eisenstein (1898-1948) avec ses dramaturgies qui illustrent les bienfaits de la révolution russe de 1917: La Grève (1924), Le Cuirassé Potemkine (1925), Octobre (1928) d’après le livre de John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde.

Naissance de l’histoire

L’ouverture inimaginable qu’a permis le cinéma à sa naissance n’en restera pas là. L’industrie de l’image va inventer ses héros comme à l’époque de la mythologie grecque où le héros Ulysse se fait «le porteur d’histoires» qu’il glane par-delà les multiples contrées qu’il traverse et qu’il raconte aux personnages qu’il croise. Le journalisme date probablement de ces époques difficiles à dater.

Comme la médecine qui soigne le corps pour améliorer la qualité de la vie, le journalisme tente de divulguer des vérités sur des événements pour faire de l’homme un être conscient de son époque et des points forts qui traversent sa vie. David Wark Griffith (1875-1948) s’intéresse à la guerre de sécession avec Naissance d’une nation (1915, 157 minutes). Il y fait l’apologie du Ku Klux Klan, cette société secrète raciste qui place l’homme blanc au-dessus de tous les autres , arguant de prétextes pour s’emparer de leurs biens. Ce film est tourné cinquante ans après la fin de cette guerre civile qui a déchiré l’Amérique. Comme cinéaste, Griffith fait un excellent travail, mais il va subir la foudre de la censure qui l’accusera de racisme. En 1916, il se fait son propre avocat en tournant Intolérance (1916, 163 minutes) pour répondre à l’accusation de racisme proférée contre lui pour son film Naissance d’une nation (1915). Ce film fera travailler 60.000 figurants, ouvriers, et techniciens.

Depuis son invention il y a plus d’un siècle, le cinéma a parcouru un chemin considérable dans le développement de ses sujets et surtout de ses réseaux de distribution planétaires. Le cinéma est devenu l’ambassadeur de la culture de tous les pays. Il défend son mode de vie et renseigne sur ses activités culturelles et industrielles. Journalisme et défense des droits sont des thèmes souvent développés.

Le journal pour s’ouvrir au monde

Citizen Kane d’Orson Welles (1941, 116 minutes) fait un plaidoyer pour l’information ouverte à tous.

Charles Foster Kane meurt seul dans son manoir de Xanadu. Il laisse tomber une boule transparente de Noël et dans son dernier souffle prononce ces mots: «Rose Bud». Un journaliste, Thompson, tente au travers de ce maigre indice de trouver ce que cache ce mystère sur lequel jamais personne ne s’était penché. Il rencontre tous ceux qui l’ont connu sa vie durant, tentant ainsi de lever le voile sur une vie que le commun des mortels ignorait.

Le journalisme permet d’enquêter sur des personnages oubliés et de les faire revivre dans l’esprit du public, de ses lecteurs mais aussi pour aider la justice grâce à des pressions réfléchies sur les institutions que le journalisme d’investigation permet. Dans Le Verdict de Sidney Lumet (1982), l’avocat interprété par Paul Newman missionne ne un détective pour trouver les preuves des erreurs médicales du chirurgien dont la patiente est toujours dans le coma quatre ans après. Le rôle de l’avocat devait être interprété par Robert Redford qui l’abandonna car il se trouvait mal à l’aise dans le rôle d’un avocat alcoolique. Paul Newman l’interprètera. Plaidoyer contre le corporatisme médical qui reconnaît rarement ses erreurs, Le Verdict donne l’espoir qu’il existe une justice pour tous.

Une affaire exemplaire récurrente

Yves Boisset réalise en 1995 L’Affaire Dreyfus sur le scénario de Jorge Semprún d’après le livre L’Affaire de Jean-Denis Bredin. Dans ce téléfilm en deux parties d’une durée de 3h23, Thierry Frémont est le capitaine Dreyfus. Pierre Arditi tient le rôle d’Esterhazy et Schwarztkoppen est interprété par Helmut Berger, Christian Brendel est Picquart. Les acteurs sont d’une telle qualité qu’il est nécessaire de les citer presque tous: Laura Morante (Lucie Dreyfus), Daniel Mesguich (Léon Blum), etc. Dans ce film d’Yves Boisset remarquablement réalisé, se trouvent des événements bruts qui permettent d’affirmer que la justice et la presse se sont constamment répondu et que l’excellence de l’article d’Émile Zola dans L’Aurore a été fondamental dans la révision du procès qui ne s’est pas faite sans heurts. La fiction et la réalité se conjuguent pour se poser le problème de l’erreur judiciaire. L’armée s’est arrogée le droit de juger avant que les pièces du procès aient été consultées par la défense. La presse a joué un rôle considérable dans les deux clans, celui de l’armée et de l’injustice, et le clan des démocrates favorables aux droits de l’homme. Les personnages du film par la voix des scénaristes qui ont traité le sujet fait dire à l’avocat de Dreyfus: «Il faut des arguments contradictoires pour que la justice soit équitable et que les preuves soient vues de façon concertée. Sinon les jeux sont faits d’avance.»

Dans le cas de ce film, le personnage du journaliste et celui de l’avocat se complètent non seulement dans la fiction mais aussi dans la réalité historique.

  • Omar m'a tuer de Roschdy Zem (2011).(攝影: / 大紀元)

Un innocent à la recherche de sa réhabilitation

Omar m’a tuer (2011) de Roschdy Zem, traite d’une une affaire épouvantable dans laquelle sont mis en scène des faits remontant à une vingtaine d’années: Ghislaine Marchal, veuve fortunée âgée de 65 ans, est tuée de plusieurs coups de couteau et de chevron. L’affaire semble tourner un peu comme dans Le Mystère de la chambre jaune d’après l’œuvre de Gaston Leroux. En effet, la porte de la chaufferie est bloquée. Nul ne peut y entrer ou en sortir.

Sur la porte est inscrit avec le sang de la victime «Omar m’a tuer». Signature diabolique qui accuse apparemment le jardinier, Omar Raddad, un Marocain âgé de 28 ans. Cet homme clame son innocence mais le juge instruit le dossier à charge sans imaginer que l’accusé Omar Raddad (Sami Bouajila) puisse être innocent. Plusieurs éléments semblent ne pas avoir été éclaircis  : les dates de travail de Raddad, la présence d’une voiture devant la résidence n’étonne pas les policiers qui semblent avoir mené une enquête bâclée à la défaveur de la famille de la victime.

Jean-Marie Rouard, académicien et écrivain (Denis Podalydès) a mené une enquête à décharge sur l’affaire Omar Raddad dont il tire un livre, Omar: la construction d’un coupable aux éditions De Fallois. Maître Vergès (Maurice Benichou) tente de défendre Omar Raddad dans un tribunal qui ne laisse aucune ouverture vers l’innocence bien que n’ayant aucune preuve absolue de la culpabilité de son client. En février 1994, il est condamné à dix-huit ans de prison. Après sept ans de prison, en 1998, Jacques Chirac signe une grâce présidentielle partielle après l’intervention du roi du Maroc Hassan II. Jacques Vergès s’étonne d’autant d’irrégularité dans la procédure notamment sur la disparition d’éléments fondamentaux: il est impossible de faire une contre-expertise, le corps de la victime a été brûlé.

L’intéressé Omar Raddad trouve le film criant de vérité. «Ce film, c’est moi», dit-il.

Les journalistes à sensation manipulés par les bandits

Blitz est un film du Royaume-Uni d’Elliot Lester (2011) sur les meurtres en série avec Jason Statham. Les journaux servent de relais avec l’assassin qui exige de l’argent. Le meurtrier suit son plan en prévenant auparavant la presse. Ce type de film suit la continuité d’un film d’action dans lequel tout ce qu’il y a d’insensé habille l’histoire devant l’inefficacité de la justice. Le personnage principal invente une autre justice par défaillance de l’officielle. Dans L’inspecteur Harry de Don Siegel (1971) avec Clint Eastwood, un criminel, désaxé, prend en otage une jeune fille qu’il séquestre. Harry le localise, le trouve, l’arrête et tente désespérément de connaître le lieu où le criminel a enterré sa victime afin de la sauver, mais sans succès.

La justice pour les criminels?

Au nom de la loi américaine, le procureur met en garde Harry contre ses agissements et le menace de le condamner s’il continue ses actions punitives. Pendant ce temps les journaux sont intoxiqués par les affirmations de l’assassin sur l’inspecteur Harry. L’assassin continue à tuer, presque protégé par les journalistes de la télévision qui diffusent des images de violence. L’excès de défense pousse la police au crime.

Ainsi dans certain cas, des groupes d’auto-défense se créent lorsque des tueurs en série utilisent les vides juridique pour perpétrer leur crime. Dans Magnum Force de Ted Post (1973), deuxième film de la série de l’inspecteur Harry avec Clint Eastwood, une police parallèle composée de policiers se crée pour régler des crimes impunis. Harry intervient malgré les mauvais rapports qu’il a avec ses supérieurs et remet de l’ordre dans la justice de son pays.

Charles Bronson (1921-2003) incarne le justicier dans Un Justicier dans la ville de Michaël Winner (1974) et Un Justicier dans la ville 2 (1982) du même réalisateur. Le justicier, sorte de héros, règle les comptes d’assassins laissés en liberté et fait baisser à lui tout seul la criminalité du pays. Ses supérieurs apprennent les activités nocturnes du justicier. Il ne font rien, se contentent de le muter ailleurs où il recommencera jusqu’à ce que les autorités fassent leur travail de protection du citoyen.

Les journalistes comme les avocats et les écrivains ne cesseront jamais d’occuper la première place dans les films dits de fiction. Ils content des histoires qui sont celles de nos sociétés d’aujourd’hui et celles de demain dont nous rêvons aujourd’hui.

Disparition d’un grand acteur: Peter Falk (1927-2011)

Peter Falk était un grand acteur connu en France pour son rôle dans Colombo avec ses particularités toujours présentes: son imperméable sale, ses yeux fixes sur ses interlocuteurs, ses propos amoureux sur sa femme. Il est décédé le 23 juin dernier à l’âge de 83 ans. Il avait joué avec les plus grands metteurs en scène, Nicolas Ray dans La Forêt interdite (1958) et Stuart Rosenberg dans Crime, société anonyme (1960). Il tourne un épisode de la célèbre série Hitchcock, puis en 1961 tourne avec Franck Capra qu’il affectionne dans Milliardaire d’un jour.

À partir de 1968, Peter Falk tourne 69 épisodes de l’inspecteur Colombo, il en produira onze et en coproduira treize. Il tournera avec son ami John Cassavetes Husbands (1970) et Une Femme sous influence (1974).

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